Escale à Hambourg pour Macron et Scholz, le Moyen-Orient à l'agenda
La guerre entre Israël et le Hamas s'est invitée lundi au menu des discussions entre Olaf Scholz et Emmanuel Macron, réunis à Hambourg avec leurs ministres pour tenter de relancer le couple franco-allemand.
L'agenda de ce séminaire, consacré aux transformations industrielles et technologiques, est inévitablement bousculé par l'offensive massive du Hamas en Israël et ses conséquences.
Après leur arrivée sur le tarmac de l'aéroport d'Airbus et une visite du site de ce symbole de la coopération entre les deux pays, les deux dirigeants ont annoncé qu'ils s'entretiendraient dans la soirée avec le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Rishi Sunak au sujet du Proche-Orient.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni se joindra aux discussions, a précisé l'Elysée.
"L'Allemagne et la France se tiennent en effet ensemble aux côtés du peuple israélien dans ce moment tragique", a dit Emmanuel Macron, Olaf Scholz insistant sur la nécessité d'empêcher une "déflagration dans la région".
Signe des tensions géopolitiques: le trafic aérien à l'aéroport principal de Hambourg a été brièvement interrompu juste avant le vol présidentiel en raison de menaces visant un avion en provenance d'Iran.
Autour du chancelier et du président, une vingtaine de ministres côté français et l'équipe gouvernementale allemande vont séjourner jusqu'à mardi après-midi dans la métropole portuaire du nord de l'Allemagne, deuxième ville du pays dirigée de 2011 à 2018 par Olaf Scholz.
C'est la première fois que l'exécutif allemand, rompu à la pratique de "retraites" censées faire germer bonnes idées et consensus, invite un partenaire étranger.
- Coalition affaiblie -
La guerre en Ukraine a révélé plusieurs divergences de fond sur cette alliance historique, motrice de la construction européenne et mis à la peine la coopération entre Paris et Berlin.
"Plus encore que naguère", l'Allemagne et la France doivent être une "force de proposition" et un "moteur de décision" pour l'Europe, a exhorté Emmanuel Macron à son arrivée à Hambourg.
Les deux dirigeants ont pris place dans le cockpit d'un Airbus A321, le président français à la place du pilote, son homologue allemand à celle du copilote.
L'enjeu est de faire "de nos deux pays et de notre Europe une puissance géopolitique, militaire, technologique et économique pleine et entière dans un monde de plus en plus déréglé", a ajouté Emmanuel Macron, appelant à bâtir des "propositions audacieuses".
Les rendez-vous manqués ont été nombreux ces derniers mois entre les deux dirigeants: les deux premières puissances européennes avaient reporté de quelques mois, en 2022, le dernier Conseil des ministres franco-allemand.
A cause des émeutes en France, Emmanuel Macron avait aussi dû annuler, début juillet, une visite d'Etat en Allemagne, la première d'un président français depuis plus de 20 ans.
Or, "le temps presse pour les Allemands et les Français" dont "la machine à compromis" est tombée "à son plus bas niveau en terme d'efficacité", estime Jacob Ross, politologue au centre Alfred von Oppenheim pour les questions sur l'avenir de l'Europe.
De l'énergie à la défense en passant par l'immigration, "de plus en plus de grandes questions sont sur la table et attendent des réponses", juge-t-il.
Les dissensions qui minent la coalition du chancelier social-démocrate avec ses alliés écologistes et libéraux ne facilitent pas les avancées.
Les trois partis du gouvernement ont subi une sévère défaite dimanche lors d'élections dans deux grandes régions allemandes, illustration de leur impopularité croissante.
- Alchimie -
Olaf Scholz ne semble pas non plus avoir trouvé avec Emmanuel Macron l'alchimie qui avait fait le succès de tandems précédents.
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2021, la liste des contentieux s'est allongée: le projet de char du futur (MGCS) franco-allemand, enlisé dans les rivalités entre industriels, ou celui de bouclier antimissile européen voulu par Olaf Scholz, objet d'un désaccord stratégique avec Paris.
Quant à la réforme du marché européen de l'électricité, elle donne lieu à une bataille exposant le différend sur le nucléaire entre Paris et Berlin.
La fermeture de trois sites de l'Institut Goethe en France, vitrines culturelles de l'Allemagne, devrait aussi être évoquée.
Les responsables français portent de leur côté à Hambourg l'ambition de mettre sur pied un investissement commun pour faire émerger des champions européens de l'intelligence artificielle.
P.Jones--TNT