Les cours du pétrole et du gaz s'envolent après l'offensive du Hamas contre Israël
Les cours du pétrole s'envolaient lundi après l'offensive surprise ce week-end du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, le marché redoutant une escalade géopolitique et des perturbations de l'approvisionnement, tandis que les prix du gaz bondissaient notamment après l'annonce de la fermeture d'un champ gazier en Israël.
Vers 16H20 GMT (18H20 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, prenait 4,04% à 88,00 dollars. Celui de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en novembre était en hausse de 4,18% à 86,25 dollars.
Cet élan d'achat a été motivé "par les investisseurs qui ont ajouté une prime de risque géopolitique dans le prix et une nouvelle demande après la forte correction de la semaine dernière", explique Ole Hansen, analyste chez Saxobank.
De son côté, le prix du gaz bondissait lui aussi. Le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, grimpait d'environ 12,49% à 43,00 euros le mégawattheure (MWh), retrouvant ses hauts niveaux de fin septembre.
Les craintes de perturbations de l'approvisionnement sont également à l'origine de la flambée des cours du gaz, explique Michael Hewson, de CMC Markets.
Une raison avancée par l'analyste est la suspension par le géant des hydrocarbures américain Chevron des activités de sa plateforme gazière Tamar, située au large des côtes israéliennes, sur instructions du gouvernement israélien après l'offensive du Hamas, comme l'a indiqué le groupe américain à l'AFP lundi.
La guerre a déjà fait près de 1.300 morts, selon les bilans officiels de part et d'autre.
"Je pense que ce que nous pouvons tous souhaiter aujourd'hui, c'est (...) éviter un embrasement régional qui aurait des conséquences politiques importantes et également des conséquences économiques", a déclaré lundi le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.
"Même si l'équilibre (...) entre l'offre et la demande n'est pas affecté pour le moment, l'attention se porte désormais résolument sur l'Iran, principal soutien" du mouvement islamiste palestinien Hamas, explique Tamas Varga, de PVM Energy.
- Représailles -
L'offensive surprise du Hamas suscite en effet "des inquiétudes quant à la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en ce qui concerne l'Iran", poursuit M. Hansen, notamment à la suite de la publication d'un article du Wall Street Journal dimanche selon lequel Téhéran aurait aidé à planifier l'attaque pendant plusieurs semaines. Des informations rejetées lundi par le porte-parole de la diplomatie iranienne.
Selon Tamas Varga, "toute mesure de représailles sur les infrastructures" iraniennes, ou "la menace de fermer le détroit d'Ormuz, par lequel transitent quotidiennement 17 millions de barils de pétrole par jour", pourraient faire "flamber les prix".
Des tensions au Moyen-Orient et l'affermissement des sanctions économiques contre l'Iran ont déjà fait bondir les prix par le passé. De 2011 jusqu'à 2014, les cours du Brent avaient fluctué autour de 100 dollars le baril, soutenus à la fois par le durcissement des sanctions internationales contre Téhéran et le conflit syrien.
La crise survient alors que les prix du pétrole avaient dévissé depuis fin septembre à cause des craintes sur la demande au regard des difficultés macroéconomiques (taux élevés, inflation, etc.) après des semaines de hausses entraînées par une prolongation des coupes des exportations de la Russie et de la production de l'Arabie saoudite.
La semaine dernière, un panel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés (Opep+) a recommandé de maintenir la stratégie actuelle de baisse de production, renforcée par les coupes saoudiennes et russes, dans le but de soutenir les cours.
A.Parker--TNT