Le syndicat UAW et les constructeurs autos progressent, la grève garde son périmètre
Le bras de fer entre le syndicat United Auto Workers (UAW) et les grands constructeurs automobiles américains se poursuit malgré des "progrès importants", ayant permis à la liste des usines en grève, pour certaines, depuis trois semaines de ne pas être allongée vendredi.
"Les choses évoluent rapidement", a déclaré Shawn Fain, président de ce puissant syndicat lors de son point hebdomadaire sur les discussions avec Ford, Stellantis et General Motors, diffusé en direct sur Facebook et YouTube.
"J'aimerais pouvoir vous annoncer un accord préliminaire avec un ou plusieurs de ces groupes, mais je veux dire clairement que nous effectuons des progrès importants", a relevé le syndicaliste.
Environ 25.000 employés des trois constructeurs ont été appelés en plusieurs vagues par le syndicat à cesser le travail, dans le cadre d'un mouvement débuté après l'échec des négociations sur les nouvelles conventions collectives avant l'échéance du 14 septembre.
Les trois constructeurs comptent environ 146.000 encartés à l'UAW dans leurs effectifs aux Etats-Unis.
"Notre grève fonctionne mais nous n'en avons pas encore terminé", a lancé M. Fain, vêtu d'un T-shirt blanc portant le slogan en grandes lettres capitales noires "Eat the rich" (Mangeons les riches). "Nous allons dans la bonne direction", a-t-il encouragé.
En préambule, il a fait part d'une "percée majeure" avec General Motors --concernant les usines de batteries pour véhicules électriques-- qui a changé "de manière drastique les négociations (...) et qui va changer l'avenir de notre syndicat et l'avenir de notre secteur".
"GM était à la traîne", a justifié M. Fain, affirmant que le constructeur avait fait cette concession par écrit à la toute dernière minute car le syndicat s'apprêtait à appeler à un arrêt de travail dans une usine d'Arlington au Texas --qualifiée de site le plus "lucratif" de GM--.
- Transition litigieuse -
Les contours restent flous mais il s'agit de placer les employés de cette filière en développement sous la protection du syndicat, a avancé une source proche des négociations.
Sur ce sujet litigieux lié à la transition électrique, Ford a relevé que trois de ses quatre usines de batteries se feraient dans le cadre d'une société commune avec le sud-coréen SK On.
Leurs employés "ne seront pas recrutés avant longtemps" et il leur appartiendra de choisir de se syndiquer ou non, a relevé le groupe.
Le syndicat s'inquiète que des emplois bien rémunérés de l'automobile traditionnelle ne soient remplacés par des salaires plus bas dans les véhicules électriques.
Concernant les tractations sur les conventions collectives, M. Fain a détaillé rubrique par rubrique (salaire, retraite, adaptation au coût de la vie, travail temporaire, partage des bénéfices, droit de grève, etc) la position des "Big Three" et leurs évolutions respectives.
"Il y a des signes positifs laissant entrevoir une entente dans un avenir pas trop lointain", a commenté à l'AFP Harry Katz, professeur à l'Ecole des relations industrielles et du travail de l'université Cornell, considérant que le maintien du périmètre de la grève illustrait les progrès réalisés.
En matière de salaire par exemple, la première offre de Ford portait sur une hausse de 9% sur quatre ans et la dernière atteignait 23%. C'est encore insuffisant pour le syndicat mais GM et Stellantis freinent à 20%.
Il semble que la résistance la plus importante soit du côté des retraites, a indiqué la source proche des négociations.
General Motors a assuré dans un communiqué continuer à oeuvrer pour "trouver des solutions sur les problèmes persistants", affirmant que son objectif restait "de parvenir à un accord récompensant nos employés et permettant à GM de réussir dans le futur".
Stellantis a réagi via un email adressé aux employés par Mark Stewart, directeur des opérations du groupe pour l'Amérique du Nord, dans lequel il évoque "une bonne dynamique".
"Nous faisons des progrès mais il reste encore des divergences", a-t-il relevé, dressant la liste des engagements pris à ce stade pour tenter de décrocher un "accord équilibré".
Pour maintenir la pression, une "grande manifestation" est prévue samedi après-midi devant une usine Ford de Chicago (nord) en présence notamment de M. Fain et du maire de la ville Brandon Johnson.
O.Nicholson--TNT