Punaises de lit: les Français gagnés par une inquiétude virale
Des classes vides, des usagers qui ne s’assoient plus dans les transports en commun, des meubles potentiellement infestés déposés dans les rues: le gouvernement tente d'endiguer l'inquiétude face aux punaises de lit.
Certains pensent en avoir vu une rampant sur un siège de train ou tapie dans un fauteuil de cinéma... Les signalements de ces insectes suceurs de sang se multiplient, sans lien avec l'ampleur du phénomène, selon les autorités, décuplée par la viralité des réseaux sociaux, à l'approche des jeux Olympiques.
Le gouvernement veut notamment rassurer à l'étranger, alors que l'Algérie vient d'annoncer des "mesures préventives" contre la propagation de ces nuisibles.
En soulignant qu'il n'y a "pas de recrudescence" des punaises, selon le ministre des Transports Clément Beaune.
Au lycée Elisa-Lemonnier, dans le 12e arrondissement de Paris, elles sont bien réelles: 14 classes ont été "infectées", d'après un message du directeur transmis vendredi matin aux enseignants et consulté par l'AFP.
Résultat, les professeurs, qui avaient fait valoir leur droit de retrait jeudi, n'ont toujours pas repris les cours et envisagent une grève. Sur les 1.200 élèves, "à peine quelques dizaines" s'étaient présentés devant l'établissement vendredi, selon une enseignante qui a requis l'anonymat.
"Chez les parents et les élèves, il y a une psychose absolue. Je ne cesse de recevoir des messages de parents qui disent qu'ils n'enverront pas leur enfant tant qu'il y aura des punaises", raconte-t-elle.
Au total, cinq établissements scolaires ont été fermés en France - dont l'un a rouvert - et plusieurs autres ont été concernés sans fermeture, selon le ministère de l’Éducation.
- "Ça me démange" -
Le grand retour des nuisibles a pris des dimensions d'affaire d’État, à quelques mois des Jeux olympiques de Paris. "Tous les ministères sont au travail et mobilisés sur ce sujet", a soufflé une source gouvernementale à l'issue d'une réunion interministérielle à Matignon.
Mme Gesta s'était débarrassée de ces insectes depuis peu. Les voir ressurgir a donc "réveillé de mauvais souvenirs". "Ça me démange déjà rien que d'y penser", déplore celle qui vit près de Vannes.
"Je n'ai qu'une hantise, en ramener à la maison", dit-elle, "angoissant" à l'idée d'un week-end à Paris lors duquel elle prévoit de ne pas s'assoir dans le métro.
Une peur qui se diffuse. Les meubles que l'on croit infestés sont désormais déposés aux encombrants et tagués "Punaises de lit", comme sur une photo de canapé, matelas et autres table à repasser postée sur X (ex-Twitter) par l'internaute @masfargay.
"Il y a des matelas alignés dans ma rue avec des petites affiches demandant de ne pas toucher. On a peur de +la puce+", a même raconté au Guardian l'auteur américain Alfredo Mineo, qui vit à Paris.
- "Stress post-traumatique" -
"Il y a un petit effet de panique collective, ou même des gens qui n'ont pas de punaises de lit s'inquiètent d'en avoir, avec parfois un côté un peu obsessionnel", analyse le psychiatre Antoine Pelissolo, du CHU Henri-Mondor, à Créteil.
Ceux qui en ont eu vivent "presque un syndrome de stress post-traumatique", observe Marie Effroy, directrice de la société de dépistage Eco-Flair, également présidente de l'Institut national d'étude et de lutte contre la punaise de lit (Inelp).
Les personnes concernées sont tellement marquées par l'expérience qu'Eco-Flair a dû former ses employés à "la gestion du stress des clients", poursuit-elle.
Ces demandes de désinfections explosent. Chez les particuliers, mais aussi dans les transports publics, qui veulent montrer patte blanche. Le réseau de transports en commun de Montpellier, le TAM, a par exemple diffusé vendredi des photos d'une "opération de détection", mettant en avant un agent accompagné d'un chien renifleur.
Avant les JO-2024, avait d'ailleurs promis Clément Beaune, il faudra passer par un "grand nettoyage de printemps".
Certains internautes le regretteraient presque. Ainsi de "mr_xcelo" sur Instagram, qui apprécie ces jours-ci le nombre de "places assises" dans le RER A.
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G.Morris--TNT