Bronchiolite: la campagne de protection des bébés grippée par une forte demande
Les parents vont devoir s'armer de patience: la livraison du traitement préventif contre la bronchiolite des nourrissons a été interrompue vendredi dans les officines de l'Hexagone en raison d'un engouement mal anticipé, et la prochaine distribution est prévue pour début novembre.
"C'est la première fois qu'on est de pris de court comme ça", déclare à l'AFP Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Les autorités sanitaires ont annoncé vendredi interrompre la livraison dans les pharmacies de ville du Beyfortus, un anticorps monoclonal qui protège les bébés contre le virus respiratoire syncytial (VRS), principal responsable de la bronchiolite.
Parallèlement, elles recommandent aux médecins de "suspendre les prescriptions".
La première campagne d'immunisation contre la bronchiolite a démarré mi-septembre et rencontre "une forte demande des parents et une adhésion au traitement supérieure à ce qui avait été anticipé en début d’année", explique la direction générale de la santé (DGS) dans un message adressé aux professionnels.
Concrètement, les commandes passées par les officines jusqu’au lundi 25 septembre inclus pourront être honorées et livrées dans les prochains jours.
- "Rappeler les parents" -
Depuis son lancement, le Beyfortus ne peut être détenu en stock par les pharmaciens. Ils sont tenus de le commander au vu d’une ordonnance.
Ce traitement est fabriqué aux Etats-Unis et est disponible dans ce pays, ainsi qu'en Espagne et Allemagne.
Par conséquent, les pharmaciens se voient "obligés de rappeler les parents qui ont des ordonnances postérieures à lundi pour leur dire qu'ils n'auront pas le produit", souligne M. Besset.
"Collectivement, c'est une bonne nouvelle de pouvoir protéger pour la première fois 200.000 bébés contre la bronchiolite, mais il y a des frustrations individuelles à gérer", glisse-t-il. "Il faut désormais dire aux parents +quand on a le produit on vous appelle+".
Au total, 200.000 doses ont été prévues par les autorités: les pharmacies en ont déjà commandé "plus de 40.000 doses de 100 mg" (dédiés aux bébés de plus de 5 kg), selon la DGS. Les 160.000 doses restantes sont destinées aux maternités
Face à l'engouement des parents pour cette injection qui protège toute la saison, le ministère a dû revoir cette semaine l'organisation de la campagne, en réservant le plus faible dosage (50 mg) aux nouveaux nés en maternité avant leur sortie et aux nourrissons de moins d’un mois hospitalisés.
"Les plus jeunes sont en effet les plus à risque de présenter une forme sévère de la bronchiolite nécessitant une hospitalisation", justifie la DGS.
- Début novembre -
"Le prochain réapprovisionnement de la France est avancé à la semaine du 2 octobre avec 69.000 doses pour une livraison" aux seuls établissements de santé, de 4 à 6 jours plus tard, indique à l'AFP la DGS. Quant aux officines de ville, il faudra patienter puisque la livraison de doses complémentaires est prévue seulement début novembre.
Les responsables de santé publique avaient anticipé un taux d'adhésion d'environ un tiers chez les parents mais le ministre a fait état cette semaine d'un taux d’utilisation de 60 à 80% en maternité depuis le début de la campagne.
Un élan attribué, selon le responsable des pharmaciens, "à la peur de la terrible épidémie de bronchiolite de l'année dernière", qui a causé "73.000 passages aux urgences et plus de 26.000 hospitalisations".
Côté fabrication, le groupe Sanofi dit "travailler" avec son partenaire britannique AstraZeneca, détenteur de l'autorisation de mise sur le marché du Beyfortus et responsable de la production, à "identifier des solutions permettant de répondre à cette demande exceptionnelle".
"Environ 50% des pharmacies en France ont commandé une ou plusieurs doses de Beyfortus 100 mg depuis le 15 septembre", détaille à l'AFP le géant pharmaceutique français. Au total, "11.220 pharmacies auront été livrées sur la période", ce qui correspond au calendrier d'approvisionnement prévu au départ, selon Sanofi.
T.Bailey--TNT