The National Times - L'avortement, un droit toujours fragile dans le monde

L'avortement, un droit toujours fragile dans le monde


L'avortement, un droit toujours fragile dans le monde

Strictement interdit dans quelques pays, fortement restreint dans d'autres, l'accès à l'avortement, dont c'est la journée mondiale ce jeudi, reste un droit fragile dans le monde.

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Selon l'ONG Center for Reproductive Rights (CRR), seulement 35% des femmes en âge de procréer vivent dans des pays où l'avortement est autorisé sur simple demande. Selon la même source, les avortements clandestins causent 39.000 décès par an.

Voici un tour d'horizon du droit aux interruptions volontaires de grossesse (IVG) dans le monde:

- Un droit parfois très récent -

Ces 30 dernières années, plus de 60 pays ont modifié leur législation pour faciliter l’accès à l’avortement, selon le CRR.

Dernière décision en date : début septembre, la Cour suprême mexicaine a déclaré "inconstitutionnel" le délit d'avortement qui figurait dans le Code pénal fédéral.

En Irlande, l'avortement n'est légal que depuis 2018, après un référendum historique. Il a également été libéralisé en 2019 en Irlande du Nord, seule partie du Royaume-Uni où il était encore interdit.

La Nouvelle-Zélande n'a dépénalisé l'avortement qu'en 2020. En Australie, la Nouvelle-Galles-du-Sud est devenue en septembre 2019 l'ultime État à dépénaliser l'IVG.

En Thaïlande, l’avortement a été décriminalisé début 2021 et les IVG ont été pleinement légalisées en 2022 jusqu'à 20 semaines.

Toujours en Asie, la plus haute juridiction en Corée du Sud a ordonné en 2019 la levée de l'interdiction.

En Afrique, le Bénin a autorisé les IVG en 2021 tandis qu'en 2022, le président de la Sierra Leone a donné son feu vert à une dépénalisation.

Sur le continent sud-américain, le droit à l'avortement a connu une avancée en Colombie où, début 2022, l'IVG est légalisée, quelle qu'en soit la raison, avant 24 semaines de grossesse.

- Interdit ou très limité -

L'IVG demeure interdite dans une quinzaine de pays, notamment en Afrique et en Amérique latine, selon le CRR.

Le Salvador a adopté en 1998 une législation draconienne qui interdit tout avortement, même en cas de danger pour la santé de la mère ou de l'enfant, et prévoit des peines pouvant aller jusqu'à huit ans de prison.

En Europe, l'interdiction totale reste une exception (Andorre et Vatican).

A Malte où les IVG étaient jusqu'alors interdites, une autorisation a minima a été votée en juin, en cas de danger pour la vie de la mère et lorsque le foetus n'est pas viable.

Comme à Malte, dans plusieurs pays l'avortement n'est autorisé que pour sauver la mère: c'est le cas au Nigeria, Libye, Ouganda, Soudan du Sud, Tanzanie, Iran, Afghanistan, Yémen, Bangladesh, Birmanie, Sri Lanka, Guatemala, Paraguay ou Venezuela, selon le CRR.

Au Brésil et au Chili, l'accès à l'IVG est limité aux cas de viol, risques pour la mère ou malformations graves du fœtus.

Mais dans ces deux pays, la législation pourrait évoluer. Au Brésil, la Cour suprême se penche actuellement sur une demande de dépénalisation, tandis qu'au Chili, le projet de nouvelle constitution pourrait aboutir à l'interdiction totale.

- Le cas américain -

Les Etats-Unis offrent un droit très mitigé sur l'avortement depuis que la Cour suprême a révoqué, en juin 2022, le célèbre arrêt Roe v. Wade qui, depuis 1973, garantissait le droit des Américaines à avorter.

Cette décision a laissé chaque Etat libre de les autoriser ou non.

Résultat: une vingtaine d'Etats, principalement situés dans le sud et le centre du pays, ont décrété des interdits ou de fortes restrictions. Au contraire, des Etats sur les côtes est et ouest du pays ont adopté de nouvelles garanties pour protéger le droit à l'IVG.

- Durcissement des interdictions ou restrictions -

Dans quelques pays, les interdictions ou restrictions d'accès à l'IVG ont été durcies ces dernières années: le Honduras, qui interdit l'avortement y compris en cas de viol ou d'inceste, de malformation grave du fœtus ou quand la vie ou la santé de la mère sont menacées, a approuvé en janvier 2021 une réforme constitutionnelle rendant plus difficile tout changement de législation.

En Pologne, le Tribunal constitutionnel a proscrit en octobre 2020 l'IVG en cas de malformation grave du foetus. Celui-ci est seulement autorisé en cas de viol ou d'inceste, ou lorsque la vie de la mère est en danger.

Les règles pour les IVG ont été durcies en Hongrie: depuis septembre 2022 une femme souhaitant avorter doit être confrontée aux "fonctions vitales" du foetus, comme écouter son rythme cardiaque.

C.Bell--TNT