Colombie: des clubs soupçonnés de torpiller le championnat de football féminin
Les autorités colombiennes ont annoncé vendredi enquêter sur des clubs soupçonnés d'avoir tenté de torpiller la ligue féminine de football, dans un pays où les joueuses sont confrontées au machisme et au manque de soutien.
L'Inspection générale de l'industrie et du commerce (SIC) enquête sur des pratiques présumées au sein la Dimayor - qui gère, sous l'autorité de la Fédération colombienne de football, les clubs professionnels - et de 29 équipes, qui auraient offert de bas salaires aux joueuses et refusé de toucher des subventions destinées au championnat féminin.
Ces clubs et Dimayor n'"auraient pas accepté de percevoir l'argent public que le gouvernement offrait pour promouvoir le football féminin dans notre pays", a déclaré Francisco Melo, en charge de la libre concurrence au sein de la SIC, lors d'une conférence de presse.
Selon lui, ce refus de toucher ces subventions serait motivé par le fait que les clubs ne souhaitaient pas voir l'usage de ces fonds audité et contrôlé par les autorités.
Toujours selon M. Melo, les clubs auraient systématisé une pratique visant à empêcher les joueuses d'exploiter leurs droits à l'image, et n'auraient rien fait pour promouvoir la diffusion de la ligue féminine à la télévision.
"Ces faits pourraient entraver le développement du football féminin en Colombie", a-t-il ajouté.
Le président de Dimayor, Fernando Jaramillo, a assuré que son organisation respecte le bon déroulement de l'enquête, bien qu'il ait nié les accusations.
"Nous allons utiliser toutes les mesures légales et les moyens à notre disposition pour leur donner tort", a-t-il assuré aux médias.
Depuis la création de la ligue féminine colombienne en 2017, les joueuses affirment que leurs contrats ne sont pas vraiment professionnels en raison de la courte durée du tournoi et des conditions contractuelles.
La compétition ne dure que cinq mois, et beaucoup de footballeuses doivent trouver un autre emploi pour survivre le reste de l'année.
Le football féminin compte malgré tout de plus en plus d'adeptes en Colombie. En 2023, l'équipe nationale, avec des stars comme Leicy Santos et Linda Caicedo, s'est qualifiée pour la première fois pour les quarts de finale d'une Coupe du monde.
Après cette performance, le président de gauche Gustavo Petro a offert environ 1,9 million de dollars pour soutenir le championnat de l'année prochaine, mais les dirigeants du football colombien affirment que l'argent n'est pas suffisant pour couvrir toutes les dépenses.
F.Lim--TNT