Wall Street termine en baisse, alarmée par la posture offensive de la Fed
La Bourse de New York a terminé en baisse jeudi, préoccupée par la posture offensive de la banque centrale américaine (Fed) et ses conséquences possibles sur l'économie des Etats-Unis.
Le Dow Jones a reculé de 1,08%, l'indice Nasdaq a perdu 1,82% et l'indice élargi S&P 500 a rétrogradé de 1,64%.
"Les investisseurs continuent clairement à digérer la communication de la Fed, et plus particulièrement les prévisions" de l'institution en matière de croissance, d'inflation et de trajectoire monétaire, a expliqué Angelo Kourkafas, d'Edward Jones.
Une majorité des membres de la Réserve fédérale attendent un dernier resserrement cette année et ne tablent plus que sur deux baisses de taux en 2024, soit deux de moins qu'anticipé en juin.
Ce durcissement a créé une onde de choc sur le marché obligataire, qui a vu le rendement des emprunts d'Etat américains à 2 ans, le plus représentatif des anticipations de la situation politique, s'envoler à 5,19%, au plus haut depuis 17 ans.
Quant à son équivalent à 10 ans, il est allé, lui, jusqu'à 4,49%, une première depuis novembre 2007.
"Cela met sous pression les secteurs de croissance et le Nasdaq, à forte composante technologique", a relevé Angelo Kourkafas.
Avec le décrochage des capitalisations géantes de la tech, en particulier Amazon (-4,41%), Nvidia (-2,89%) et Alphabet (-2,40%), des centaines de milliards de dollars de valorisation se sont envolés à Wall Street jeudi.
Mais à la différence des dernières semaines, "la baisse a été plus générale" sur la séance, seuls 2 des 30 membres du Dow Jones finissant dans le vert.
Pour Patrick O'Hare, de Briefing.com, il n'en fallait pas beaucoup plus pour faire basculer un marché "qui était déjà en phase de consolidation".
Déjà d'humeur sombre, la place new-yorkaise a mal accueilli la baisse des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis, au plus bas depuis huit mois.
"Même si le marché du travail se calme, on observe toujours très peu de licenciements", a commenté Nancy Vanden Houten, d'Oxford Economics, ce qui est de nature à inciter la Fed à davantage de fermeté.
"Ils pourraient faire chuter l'économie et nous entraîner dans une récession", a fait valoir Phil Flynn, de Price Futures Group.
A cela s'ajoute, selon Patrick O'Hare, l'impasse budgétaire au Congrès, qui menace de paralyser le fonctionnement de l'Etat fédéral si un accord politique n'est pas trouvé d'ici dix jours, une partie des élus républicains réclamant des coupes drastiques.
A la cote, le groupe de messagerie FedEx a été l'un des rares à progresser (+4,52%), soutenu par un bénéfice net trimestriel nettement supérieur aux attentes, grâce notamment aux effets d'un vaste plan de réductions de coûts, même si son chiffre d'affaires a légèrement déçu.
L'entreprise de Memphis a relevé sa fourchette de prévision de bénéfice pour l'ensemble de son exercice 2024 (de juin à mai).
Autre miraculé de la séance, Disney (+0,21%), qui a profité d'une information de la chaîne CNBC, selon laquelle, à Hollywood, scénaristes et studios seraient proches d'un accord qui mettrait fin à la grève démarrée voici près de cinq mois.
Le spécialiste des réseaux de communication en entreprise Cisco (-3,89%) a payé l'annonce du rachat de l'éditeur de logiciels d'analyse de données Splunk (+20,77%) pour 28 milliards de dollars.
Fox Corp a gagné 2,99%, les investisseurs réagissant favorablement à l'annonce du retrait de Rupert Murdoch, qui va céder les rênes de son empire à son fils aîné, Lachlan.
Cinquième séance négative d'affilée pour le concepteur de microprocesseurs Arm (-1,42%), après une première journée de Bourse en fanfare pour introduction à Wall Street. Le groupe britannique a perdu quelque 12 milliards de dollars de valorisation boursière.
T.Cunningham--TNT