USA: l'inflation de nouveau à la hausse en août, tirée par les prix de l'essence
L'inflation s'est accélérée en août aux Etats-Unis, pour le deuxième mois d'affilée, tirée notamment par la hausse des prix de l'essence à la pompe, une mauvaise nouvelle pour Joe Biden qui brigue un second mandat à la Maison Blanche.
L'indice des prix à la consommation s'est élevé à 3,7% sur un an, contre 3,2% en juillet, selon l'indice CPI publié mercredi par le département du Travail. Et à 0,6% sur un mois, contre 0,2% en juillet.
Les prix n'avaient cessé de ralentir depuis un an, après avoir culminé à 9,1%. Mais ils sont repartis à la hausse, pour le deuxième mois d'affilée, tirés par les prix de l'essence, qui représentent "plus de la moitié de l'augmentation" de l'indice mensuel, détaille le département du Travail.
Joe Biden, qui espère se faire réélire en 2024, tente de convaincre que c'est sa politique économique qui a permis de faire ralentir la hausse des prix depuis un an, et que ce rebond ne peut lui être incombé.
"L'inflation a considérablement diminué au cours de l'année dernière, mais je sais que l'augmentation du prix de l'essence le mois dernier a mis à rude épreuve les budgets des familles", a-t-il commenté dans un communiqué.
"C'est pourquoi je reste concentré sur la réduction des coûts énergétiques, notamment en investissant dans l'énergie propre pour renforcer notre sécurité énergétique", a ajouté le président démocrate.
- Oeufs: -18,2% -
Mais derrière cette nouvelle hausse de l'inflation, se cache un chiffre plus encourageant: celui de l'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix de l'énergie et de l'alimentation. Certes, elle accélère légèrement sur un mois, à 0,3% contre 0,2%, mais elle ralentit sur un an, à 4,3% contre 4,7% en juillet.
Car malgré la hausse du prix de l'essence en août, les prix de l'énergie ont baissé depuis août 2022, reculant de 3,6%.
Les prix des oeufs, dont la flambée avait été l'un des symboles de ces années d'inflation, ont reculé de 18,2% sur un an. Ceux des voitures d'occasion, de 6,6%, et ceux des smartphones, de 17,2%. Les tarifs des billets d'avion, eux, sont en baisse de 13,3%
Et l'inflation devrait reprendre sa trajectoire à la baisse dans les mois à venir, anticipe Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.
"Un ralentissement de l'économie, des conditions plus souples sur le marché du travail et une croissance modérée des salaires favoriseront une nouvelle décélération de l'inflation", estime-t-elle dans une note.
D'autant plus que des millions de ménages américains verront leur budget resserré encore à partir d'octobre, puisqu'ils devront recommencer à rembourser leurs prêts étudiants, après plus de trois ans de pause en raison de la crise du Covid-19.
- "Maintien des taux" -
Ces chiffres seront regardés de très près par les responsables de la banque centrale américaine (Fed), qui se réunissent mardi et mercredi prochains. Il leur faudra trancher entre relever de nouveau ses taux, dans l'espoir de faire ralentir durablement l'inflation, ou les maintenir à leur niveau actuel, afin de ne pas faire ralentir trop fort l'activité économique.
Et "ces données soutiennent (...) un maintien des taux", selon Rubeela Farooqi, économiste pour High Frequency Economics.
Le principal taux directeur est aujourd'hui compris dans une fourchette de 5,25 à 5,50%, son plus haut niveau depuis 22 ans, après avoir été relevé à 11 reprises depuis mars 2022.
La Fed privilégie cependant une autre mesure de l'inflation, l'indice PCE, qui a lui aussi grimpé en juillet, à 3,3% sur un an, et qu'elle veut ramener à environ 2,00%.
Les consommateurs, eux, ont vu leur pouvoir d'achat diminuer l'an dernier. L'inflation a fait chuter les revenus réels de 2,3% aux États-Unis en 2022, bien que les salaires aient très fortement augmenté, avait annoncé mardi le bureau du recensement (Census).
Les Etats-Unis connaissent en effet une forte pénurie de main d'oeuvre, qui a fait grimper les salaires, contribuant à alimenter l'inflation.
Un afflux de nouveaux travailleurs en août a cependant fait grimper le taux de chômage à 3,8%, signal que la situation se rééquilibre après deux années de pénurie de main d'oeuvre, une évolution de nature à calmer l'inflation.
M.A.Walters--TNT