Livraison de courses à domicile: Flink France échappe à la liquidation, les salariés "inquiets"
Faisant figure de rescapé après les liquidations de Gorillas et Getir qui laissent 1.300 employés sur le carreau, le spécialiste de la livraison de courses express à domicile Flink France vient d'être repris, permettant à 270 salariés de conserver leur travail, alors qu'environ 200 postes vont être supprimés.
"Nous, les salariés, sommes inquiets car nous ne savons pas qui va rester dans la boîte et qui ne va pas rester", a témoigné auprès de l'AFP Sorike Kamassokho, représentant des salariés et de la section syndicale CGT.
Le syndicaliste estime que "la trentaine de travailleurs sans-papiers" de Flink sont les "grands perdants" dans ce dossier.
En redressement judiciaire depuis juin, Flink France est repris par Guillaume Luscan, l'actuel directeur général, la maison mère allemande et la start-up algérienne Yassir, avec 56% des effectifs maintenus, a annoncé mardi la direction à l'AFP, l'offre ayant été acceptée par le tribunal de commerce de Paris.
L'activité se poursuivra sous la marque Flink, notamment grâce à un investissement de plus de 5 millions d'euros de Yassir.
Cette start-up est "spécialisée dans les services à la demande et de paiement, l'une des plus valorisées de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique", avait expliqué vendredi à l'AFP M. Luscan.
Le besoin de financement nécessaire au projet pour que l'entreprise atteigne son seuil de rentabilité est de l'ordre de 5,4 millions d'euros, comprenant le prix d'acquisition de Flink France d'environ 500.000 euros, selon l'offre que l'AFP a consultée.
Les repreneurs souhaitent recentrer l'activité "sur les sites les plus opérationnels", "massifier les volumes" et réduire significativement les coûts fixes.
Ils conservent ainsi 14 des 19 sites qui permettent cette livraison express de courses à domicile, dans les villes de Paris, Lyon, Lille, Marseille, Montpellier, Nice, Bordeaux, Toulouse et Nantes, choisissant de fermer "en priorité" ceux visés par les remontrances des riverains et des élus en raison des allers-retours incessants des livreurs, selon M. Luscan. C'est-à-dire quatre magasins à Paris et un en région parisienne.
- "Se mettre en conformité" -
En mars dernier, une réglementation très contraignante avait porté un coup d'arrêt aux acteurs survivants spécialisés dans le "quick commerce".
Le gouvernement avait décrété que les "dark stores" - ces locaux où sont stockés les produits à livrer - étaient des entrepôts et non des commerces, ouvrant la voie à une régulation par les mairies de cette activité, et même à la fermeture de certains sites.
Le turc Getir qui opérait les marques Getir, Frichti et Gorillas avait alors annoncé se retirer du marché français. Getir et Gorillas ont été liquidées, le sort de Frichti se jouera fin septembre.
Flink France avait été placé en redressement judiciaire, pour des motifs "essentiellement réglementaires", avait dit M. Luscan à l'AFP en juin.
Avec cette reprise, "nous souhaitons développer une activité qui s'intègre au mieux dans son environnement", notamment réglementaire, a-t-il souligné vendredi.
"Parmi les 14 (sites qui seront conservés), tous ne sont pas encore en entrepôt mais nous avons un plan d’action avec différentes options pour se mettre en conformité", a mis en exergue celui qui est également le cofondateur de Cajoo (aujourd’hui absorbé par Flink SE) et qui dirige Flink France depuis mars 2023.
"Je crois énormément au modèle de la livraison express, parce que nos clients adorent notre service, on le voit dans les chiffres de satisfaction clients", s'est-il encore réjoui.
"Nous avons un plan de reprise et de restructuration qui nous permet de parvenir à la rentabilité, mettant l'accent sur l'amélioration de l'expérience client au travers de l'élargissement de l'offre et l'ajout de nouvelles fonctionnalités de l'application", a-t-il expliqué.
Implanté en France depuis deux ans, Flink a été créé en 2020 en Allemagne par des experts de la logistique et de la distribution.
S.Cooper--TNT