XV de France: la polémique Chalureau ne faiblit pas, le joueur va s'exprimer
La polémique née de la sélection vendredi de Bastien Chalureau en équipe de France pour le Mondial de rugby ne faiblit pas, à tel point que le deuxième ligne de Montpellier, condamné en 2020 pour des violences à caractère raciste, prendra la parole lundi en fin de journée.
Le deuxième ligne de 31 ans, appelé vendredi dans le groupe France pour pallier l'absence sur blessure de Paul Willemse, a été condamné en 2020 par le tribunal correctionnel de Toulouse à six mois de prison avec sursis pour des "faits de violence avec la circonstance que ces derniers ont été commis en raison de la race ou de l'ethnie de la victime". Il a fait appel de ce jugement.
Face au tollé depuis l'annonce de sa sélection vendredi, la Fédération française (FFR) a annoncé que le joueur allait prendre la parole avant la fin de journée.
Car World Rugby, l'instance suprême du rugby mondial, a également pris position lundi. "Le racisme n'a pas sa place dans le rugby", a réagi le directeur général de World Rugby, Alan Gilpin, tout en rappelant qu'il existait en France un principe judiciaire, celui de la présomption d'innocence.
A ce titre, contacté par l'AFP, Me Mendel, l'avocat de Chalureau, a précisé lundi que l'audience en appel aurait lieu en novembre à Toulouse, se refusant à tout autre commentaire.
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait estimé dimanche que "dans l’attente de la décision de justice définitive, chacun doit laisser la justice faire sereinement son travail, dans le respect de la présomption d'innocence".
- "Exemplaire" avec le XV de France -
"La ministre a pu s'entretenir avec Florian Grill, président de la Fédération française de rugby, et avec Raphaël Ibanez, manager général des Bleus, qui lui a confirmé qu'un échange avait pu avoir lieu sur le sujet entre Bastien Chalureau et le staff du XV de France", ajoutait un communiqué du ministère transmis à l'AFP.
"La ministre a pu s'assurer à cette occasion que le joueur, qui a fait appel de sa condamnation en première instance, maintient sa version des faits et nie toujours formellement avoir tenu des propos racistes, raison pour laquelle il a procédé à cet appel".
Interrogé en conférence de presse dimanche, le capitaine des Bleus Antoine Dupont a affirmé que le "groupe n'était pas affecté" par la polémique et que Bastien Chalureau avait "toujours eu une attitude exemplaire, sur et en dehors du terrain".
Les faits remontent à fin janvier 2020. Chalureau est accusé par deux anciens joueurs de rugby de les avoir agressés après une soirée à Toulouse.
"On allait descendre dans le parking Jean-Jaurès. J'ai entendu une personne qui criait +ça va les bougnoules ?+ Je me suis retourné et j'ai aperçu un gars costaud (...) Il continuait sans cesse ses insultes racistes. J'ai voulu me retourner et il m'a décroché un coup de poing de toutes ses forces dans la mâchoire", avait raconté l'un d'eux, Yannick Larguet, dans les colonnes du quotidien régional La Dépêche du Midi.
- Trois Bleus victimes de racisme -
Depuis sa sélection pour le Mondial, le passé judiciaire du deuxième ligne a été remis sur le devant de la scène par plusieurs personnalités de gauche.
Dans un courrier à Amélie Oudéa-Castéra, deux députés insoumis (LFI) François Piquemal et Thomas Portes, estiment "qu'à ce stade de l'instruction judiciaire, convoquer le joueur n'était pas pertinent pour l'équipe de France et sa cohésion".
"Rappelons que trois autres internationaux français (Romain Taofifenua, Sékou Macalou et Sipili Falatea) ont été en mars dernier victimes de commentaires racistes sur leur présence en équipe de France de la part d'internautes", ajoutent les deux parlementaires.
La ministre des Sports a affirmé pour sa part "qu'être sélectionné en équipe de France, c'est représenter les valeurs républicaines d'égalité et de fraternité, donc se comporter en conséquence et notamment combattre toutes les formes de violences et de discriminations et la ministre sait l'attachement du sélectionneur, des joueurs et de la Fédération à ces principes".
Né près de Cazères-sur-Garonne (Haute-Garonne) où il a débuté le rugby, Chalureau jouait au moment de l'agression au Stade toulousain.
A la suite de cette rixe, il avait été mis à pied par le Stade toulousain et recruté par Montpellier, où il a confirmé les espoirs placés en lui en conquérant son premier titre, le Challenge européen, en juin 2021, puis celui de champion de France en 2022.
Des performances qui lui ont ouvert les portes du XV de France, où il compte six sélections depuis novembre 2022.
P.Barry--TNT