The National Times - Jeux paralympiques: Arnaud Assoumani, prendre l'art par le bras

Jeux paralympiques: Arnaud Assoumani, prendre l'art par le bras


Jeux paralympiques: Arnaud Assoumani, prendre l'art par le bras
Jeux paralympiques: Arnaud Assoumani, prendre l'art par le bras / Photo: © AFP

Une prothèse noire, à l'allure futuriste, reprenant la forme des os du bras. Le spécialiste de la longueur Arnaud Assoumani, né avec une agénésie, allie l'art et le sport pour "faire passer des messages", lui qui se prépare à ses sixièmes Jeux paralympiques.

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Sur le terrain d’entraînement du Stade Charléty en juillet, où les Mondiaux de para-athlétisme venaient de se terminer pour lui avec une 4e place, synonyme de qualification pour les Jeux paralympiques à Paris (28 août - 8 septembre 2024), Arnaud Assoumani, 37 ans, a expliqué à l'AFP le concept de cette prothèse artistique qu'il ne porte pas en compétition.

Imprimée en 3D, elle prend la forme "du radius et du cubitus, qui eux-mêmes partent un peu en spirale", comme un symbole d’ADN, "elle est très architecturale". Elle détonne, même, loin de ressembler à un appareil médical traditionnel.

Le champion paralympique en 2008 à Pékin - il a par ailleurs remporté quatre autres médailles en cinq participations aux Jeux - a l'habitude de surprendre. Il s'était notamment fait remarquer grâce à sa prothèse de compétition aux airs de frelon, réalisée en 2012 par un designer à l'occasion d'un concours organisé par l'athlète.

"L'idée est simple, j'utilise ce que je suis pour justement renverser un peu le regard", explique Assoumani, né avec une agénésie (absence totale ou partielle d'un organe) de l'avant-bras gauche.

Outre le sport, "l'éducation, la culture, et donc l'art" sont des "moyens de faire passer des messages à la place des mots", souligne-t-il.

Sa prothèse artistique s'inscrit dans le cadre d'un projet intitulé "Bras d'or, bras d'art", mené aux côtés du photographe Théo Saffroy et du designer Dimitry Hlinka qui s'est inspiré de "l'anatomie".

- "C'est presque politique" -

Assoumani, qui possède plusieurs types de prothèses, des plus discrètes aux plus élaborées, pour le sport ou la vie de tous les jours, a voulu "questionner le rapport au corps et la représentation de soi et de l'autre. Il questionne son propre ressenti".

"C'est intéressant car volontairement, je vais provoquer une réaction".

Mais "il n'y a aucune injonction à dire aux personnes qui ont une agénésie, portez une prothèse", souligne-t-il. "Pour moi c’est le fait de dire, comme un vêtement ou des chaussures, comme le maquillage, si j'ai envie de la porter, je le fais. C'est presque politique."

Habitué depuis plusieurs années à faire de son handicap un moyen d'expression, Arnaud Assoumani aime développer des projets artistiques, mais aussi intervenir dans les écoles.

Ainsi, "on passe d’un objet médicalisé qui remplace un bras vers un objet original et coloré, qu'on aime ou pas mais on ne juge plus directement la prothèse", détaille le para-athlète, qui ne s'était "pas rendu compte de la puissance que cela pouvait générer" chez les plus jeunes.

"C'est un outil d’ouverture au dialogue et c’est tout l'enjeu", ajoute t-il.

Avec Dimitry Hlinka, il souhaite désormais créer une autre prothèse, "plus organique, autour du bois et de la laque japonaise pour l'an prochain", année de Jeux paralympiques et d'une exposition retraçant leur projet commun.

En attendant, Arnaud Assoumani continue de porter sa prothèse artistique, "assez régulièrement, en conférences, en soirée" et est heureux de voir "la réaction des gens".

Parfois "ils vont être mal à l'aise, mais je suis content de provoquer cela". Et "je me suis fait payer des cafés avec!".

S.Collins--TNT