Baiser forcé: la pression croît sur Rubiales, dans le viseur de la Fifa
La pression s'est intensifiée jeudi sur le président de la fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, désormais visé par une procédure disciplinaire de la Fifa pour le baiser imposé à la joueuse Jennifer Hermoso après la victoire de l'Espagne dimanche en finale du Mondial.
L'instance du football, organisatrice du tournoi disputé en Australie et Nouvelle-Zélande, avait jusqu'alors gardé le silence pendant que les critiques et appels à la démission pleuvaient contre Rubiales, depuis le Premier ministre espagnol en exercice jusqu'à l'Association des footballeurs espagnols, la Ligue professionnelle de football féminin et le syndicat international des joueurs FIFPro.
Jeudi, la Fifa a fini par annoncer l'ouverture d'une procédure disciplinaire contre le patron de la RFEF "pour les faits qui se sont déroulés le 20 août au terme de la finale de la Coupe du monde féminine", non détaillés par son communiqué mais filmés en direct lors de la reprise des prix.
Sur les images tournées sur le podium du stade de Sydney dimanche soir, juste après le sacre de l'Espagne face à l'Angleterre, on voit Rubiales prendre la tête de l'attaquante Hermoso entre ses deux mains, avant de l'embrasser par surprise sur la bouche.
- Matches de suspension ? -
"Ces faits pourraient constituer une violation des alinéas 1 et 2 de l'article 13 du Code disciplinaire de la Fifa", précise l'instance mondiale, qui ne "fournira aucune information supplémentaire concernant cette procédure avant d'avoir rendu une décision finale".
Consacré à la "discrimination", le texte visé par la Fifa punit notamment le fait de "porter atteinte à la dignité ou l'intégrité" d'une personne "en raison de son sexe" par une suspension "courant sur au moins dix matches, ou toute autre mesure disciplinaire appropriée".
Quoi que décide la commission disciplinaire de l'organisation basée à Zurich, elle ne tranchera donc pas le maintien en fonctions de Rubiales, qui sera au menu d'une assemblée générale extraordinaire de la RFEF vendredi.
Mais l'entrée en lice de la Fifa alourdit un peu plus le contexte de cette rencontre, surtout en pleine candidature conjointe de l'Espagne, du Portugal et du Maroc pour l'organisation du Mondial masculin de 2030, qui sera attribuée à la fin de l'année prochaine.
Depuis le début de l'affaire, Jennifer Hermoso ne s'est de son côté exprimée qu'à deux reprises: une première fois lors d'un direct diffusé sur Instagram où elle avait spontanément dit en souriant "Ça ne m'a pas plu, hein!" à propos de ce baiser.
- "Pas digne", pour Ancelotti -
Un peu plus tard, dans des déclarations transmises à la presse par la RFEF, elle expliquait qu'il s'agissait d'"un geste mutuel totalement spontané en raison de l'immense joie que procure la victoire en Coupe du monde".
Mais mercredi soir, elle a annoncé dans un communiqué qu'elle laissait son syndicat, Futpro, assurer sa défense, lequel a réclamé "des mesures exemplaires" à l'encontre de Luis Rubiales.
Cible de nombreuses critiques depuis ce baiser, Luis Rubiales avait initialement balayé ces réprobations mais devant l'ampleur de "l'agitation" que son geste a provoqué, il s'était excusé lundi, expliquant qu'il n'y avait "rien d'autre à faire" selon ses termes.
Mais ses excuses n'ont pas convaincu, au point que le gouvernement espagnol a exigé mercredi une enquête "transparente et urgente". Victor Francos, secrétaire d'Etat espagnol aux sports et président du Conseil supérieur des sports (CSD), a ainsi déclaré que le Conseil prendrait des mesures si la RFEF ne le faisait pas, et qu'il pourrait porter l'affaire devant le Tribunal administratif des sports en Espagne.
Interrogé jeudi en conférence de presse, l'entraîneur du Real Madrid Carlo Ancelotti a pour sa part estimé que ce baiser forcé n'était pas "digne d'un président de fédération".
F.Adams--TNT