De nouveaux records de température battus dans une France qui suffoque
De nouveaux records de chaleur ont été battus mercredi en France, où 19 départements du sud resteront en vigilance canicule rouge jeudi, une situation inhabituelle fin août, qui rend l'air difficilement respirable dans les villes, et accroît les risques pour les plus fragiles.
La vigilance orange est également maintenue dans 37 autres départements au sud d'une ligne de la Vendée à l'Alsace, a précisé Météo-France, en raison de cette vague de chaleur tardive avec des températures dépassant fréquemment les 40 degrés, notamment en Occitanie.
Sept départements d'Occitanie font partie de ceux en alerte maximale, et la chaleur met la santé des plus âgés à rude épreuve.
A Montauban, Gilbert Gardette est sorti tôt prendre le frais. "Ayant fait un AVC il y a peu de temps, je supporte très mal les températures actuelles", explique ce retraité de 80 ans après une nuit à 29 degrés chez lui.
- Vigilance -
Un "appel à la plus grande vigilance" est adressé aux soignants, avec "une attention toute particulière (aux) patients les plus fragiles", selon le ministère de la Santé.
Si jusqu'à mercredi matin, il n'y a pas eu "d'impact significatif" sur le recours aux soins, cela ne correspond "pas nécessairement à une absence d'impact de l'épisode caniculaire" qui "peut être retardé de quelques jours". "Concernant la mortalité, cet impact ne peut être estimé qu'un mois après", selon le compte-rendu du Conseil des ministres.
Quant aux plus jeunes, certaines structures d'accueil ont modifié leurs horaires, comme la crèche de Bretenoux, dans le Lot, où les enfants ne sont plus accueillis que jusqu'à 13h au lieu de 18h30.
"Lors des pics, on monte à 32 degrés dans la salle", malgré "deux climatiseurs", précise Fabien Jauvion, vice-président de l'association Jo-Anna qui gère cette crèche parentale.
Sur le bitume surchauffé, les sans-abri sont particulièrement exposés. Devant un jardin public de Toulouse, Pierrot pousse un chariot de supermarché rempli de ses affaires et de bidons d'eau.
"Habituellement, je dors derrière le parc. Mais apparemment on dérange. Donc ce matin, la police est venue me réveiller à 06h30", explique cet ancien chef de cuisine de 40 ans, à la rue depuis son licenciement en mars.
Les canicules à répétition sont, selon les scientifiques, un marqueur du réchauffement de la planète et ces vagues de chaleur vont se multiplier, s'allonger, s'intensifier.
Comme les agriculteurs, des entreprises, notamment du BTP, commencent plus tôt leur journée.
Conducteur de travaux à Sud-Ouest Habitat, société d'isolation à Auch, Rémi Massart, 32 ans, précise que ses équipes débutent à 07h00. Il va falloir "peut-être commencer à 06h00 pendant les chaleurs très importantes (...) Faire bosser un façadier par 40 degrés, ce n'est pas possible!", dit-il.
Sur les marchés, les vendeurs sont soulagés de remballer pour "rentrer au frais à la maison", telle Estella Rey, 65 ans, devant son étal de fruits et légumes à Toulouse.
Le poissonnier Sébastien Castel, 46 ans, dont la "consommation de glace est à quasiment 50% de plus", note des clients "oppressés", dans "un climat un peu anxiogène".
- "Trop chaud!" -
A Bordeaux, qui a frôlé les 40 degrés, Donipré Kone, un livreur de 21 ans, n'a travaillé que le matin: "Je suis parti avec une seule gourde, mais au premier restaurant où je suis allé, j'ai enlevé mon T-shirt", puis "j'ai arrêté. Il fait trop chaud!"
Dans plusieurs départements, les événements publics ou sportifs ont été interdits en journée, des salles climatisées ouvertes par des mairies et la gratuité décidée pour les piscines.
A Marseille, le centre-ville a été interdit aux véhicules les plus polluants; Nice en a détourné les poids-lourds en transit et instauré la gratuité des transports publics, d'autres villes prenant des mesures similaires.
La qualité de l'air est classée "mauvaise" en Haute-Garonne et dans le Gard pour jeudi. Les départements du Vaucluse, du Var, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes seront maintenus en "vigilance renforcée" en raison de la persistance de la pollution.
Car les températures élevées associées à un fort ensoleillement favorisent la concentration d'ozone dans l'atmosphère.
Face au risque incendie accentué, 17 massifs au total ont été fermés dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Var, les travaux interdits après 13h00 dans ceux des Alpes-de-Haute-Provence.
A Andoins, près de Pau, un silo de maïs a pris feu "en raison des fortes chaleurs", mais l'incendie a été contenu, selon les autorités. Et un autre feu a touché 25 hectares en forêt de Boscodon, dans les Hautes-Alpes.
O.Nicholson--TNT