Nouvelles frappes en Ukraine, trois morts à l'ouest
L'Ukraine a été visée une fois encore de nuit par des bombardements russes, faisant au moins trois morts, ont indiqué mardi les autorités, précisant que les frappes ont visé plusieurs régions, dont Lviv et Loutsk, grandes villes de l'ouest.
La Russie est, elle, sous l'effet des sanctions économiques adoptées depuis l'invasion de son voisin ukrainien, confrontée à la chute du rouble et à une inflation qui repart, forçant la Banque centrale à augmenter son taux directeur pour tenter d'enrayer cette tendance.
Après une nouvelle campagne de frappes nocturnes, une tactique employée depuis des mois par la Russie, Moscou a dit avoir détruit des sites industriels militaires "clé du régime de Kiev".
L'Ukraine a de son côté indiqué avoir abattu 16 des 28 missiles lancés dans la nuit par l'armée russe.
Un autre missile, non intercepté par la défense antiaérienne de Kiev, a cependant fait trois morts sur un site industriel à Loutsk, une grande ville de l'Ouest.
- Missile sur un terrain de jeux -
Ce site appartient au géant suédois SKF, spécialiste des roulements à billes, qui a confirmé le décès de trois de ses employés.
Selon des journalistes de l'AFP sur place, un autre missile a frappé un terrain de jeux de maternelle à Lviv.
"Parfois, on oublie qu'il y a une guerre en cours", a dit à l'AFP Dan Kvit, un étudiant de 17 ans, laissant entendre que les habitants de la métropole n'étaient pas habitués à de telles frappes.
La présidence ukrainienne a aussi fait état d'un complexe sportif touché dans la ville de Dnipro (centre).
Après un an et demi de guerre, la Russie dément toujours systématiquement être responsable de victimes civiles en Ukraine et assure que ses frappes sont chirurgicales et ne visent que des cibles légitimes, même lorsque des immeubles résidentiels sont ravagés.
La France a dénoncé mardi "le cynisme et le mépris complet de la Russie pour tous les principes du droit international humanitaire", dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
- Éreintante contre-offensive -
Du côté du front, l'Ukraine a revendiqué lundi quelques gains dans l'est et le sud, aux alentours de Bakhmout, de petites avancées dans le cadre de son éreintante contre-offensive déclenchée il y a deux mois pour libérer ces territoires occupés par la Russie.
En revanche, l'armée ukrainienne est en difficulté plus au nord, autour de Koupiansk, si bien qu'elle n'a pu "concentrer (ses) forces sur l'offensive dans le secteur de Bakhmout", a admis lundi la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar.
Néanmoins, "les troupes ukrainiennes continuent de freiner l'offensive russe dans les directions de Koupiansk et Lyman", selon le porte-parole de l'armée, Andriï Kovalev.
Concernant le front sud, où les soldats ukrainiens cherchent à trouver depuis des semaines les points faibles des lignes de défense russes, faites de champs de mines, de tranchées et de pièges antichars, Mme Maliar est restée vague, mentionnant néanmoins des progrès.
Moscou a jugé que l'armée ukrainienne était à bout de ressources, réaffirmant que sa contre-offensive pour reprendre les territoires occupés était un échec.
Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a estimé mardi que "les ressources de l'armée ukrainienne sont quasiment épuisées".
"Malgré l'aide totale de l'Occident aux forces armées d'Ukraine, il n'y a pas de résultat", a-t-il encore proclamé.
- Chute du rouble -
Il a affirmé que la campagne militaire en Ukraine, lancée il y a près d'un an et demi, s'était révélée une "sérieuse épreuve" pour l'armée russe, mais que la Russie avait réussi à augmenter "fortement" sa production d'engins blindés.
La Russie, qui s'est repliée sur des positions défensives fortifiées après une série de revers militaires cinglants en 2022, dit avoir empêché l'incursion d'un "groupe de saboteurs ukrainiens" dans une région frontalière.
Enfin, sur le plan économique, elle a vu ces dernières semaines sa monnaie s'écrouler, son commerce extérieur, en particulier ses ventes d'hydrocarbures, subissant de plein fouet les mesures restrictives adoptées par les Occidentaux.
Après de longues tergiversations, confrontée à la chute du rouble, une inflation qui repart et des critiques du Kremlin, la Banque centrale russe s'est finalement résolue mardi à une relèvement surprise de son taux d'intérêt directeur de 8,5% à 12%.
Cette mesure est censée freiner la hausse des prix et la baisse du pouvoir d'achats des Russes, alors que les autorités doivent consacrer des sommes toujours plus importantes à la guerre menées contre l'Ukraine.
La Banque centrale a d'ailleurs prévenu qu'en cas de pression inflationniste, une nouvelle hausse du taux restait possible.
A.M.Murray--TNT