Fermeture du tronçon nord du RER B: beaucoup de flegme et un peu d'agacement
"C'est bien organisé, on arrive vite. C’est limite plus rapide que le train qui s’arrête à toutes les gares !". La fermeture pour travaux, inédite un jour ouvré, du RER B au nord de Paris en direction notamment de l'aéroport Roissy Charles de Gaulle, annonçait un lundi compliqué. Mais, pour la plupart, usagers ou touristes, abordaient sereinement cette journée.
"Au lieu de faire de longues correspondances, ça nous facilite le trajet", poursuit Juliette Aimé, 40 ans, assistante de personnes à mobilité réduite qui s’est levée à 04H00 du matin, comme d'habitude. Après avoir pris le RER D jusqu’à la station La Plaine - Stade de France, elle a attrapé le bus de substitution au vol et se dit "très contente".
Un dispositif sans précédent a été déployé avec plus de 600 bus et un millier de conducteurs mobilisés sur les tronçons fermés pour pallier l'interruption du trafic sur l'axe nord de la deuxième ligne la plus fréquentée d'Europe.
Depuis samedi et jusqu'à lundi soir aucun train ne circule dans les deux sens, entre Paris-Gare du Nord et Aulnay-sous-Bois, en direction de l'aéroport Charles de Gaulle, et sur le deuxième axe, entre Aulnay et Mitry-Claye.
À la Station Stade-de-France, des dizaines d’agents de la SNCF, reconnaissables à leur chasuble orange, ont été mobilisés pour guider les passagers.
"Aujourd'hui on attend du monde", s'inquiète Yor Dnaiye, 49 ans, "mais ici presque tout le monde parle anglais, alors ça va", se rassure-t-il.
"Bien sûr il y en a que ça énerve un peu. D’autres, au contraire, sont assez contents de la logistique et veulent même nous donner des pourboires, mais on ne peut pas accepter", ajoute l'agent d'accueil.
Parmi les mécontents, Saifi Adamo, 35 ans, agent d’escale chez Air France qui s’est levé plus tôt, à 04h30, pour faire ce "grand détour" et sera malgré tout "en retard au travail". "Je ne dis pas qu’il faut pas faire de travaux mais pour moi c’est mal organisé", dit-il.
A l'aéroport de Roissy - Charles de Gaulle, certains touristes sont parfois un peu désorientés tel Marcel, arrivé d'Allemagne (qui ne souhaite pas communiquer son patronyme). L'homme de 31 ans se dit "surpris" de ne pouvoir emprunter le RER et se "sent perdu" même s'il finit par trouver une navette pour rejoindre la capitale.
- Nouveau terminus -
La SNCF, la préfecture de Paris et d'Ile-de-France et Ile-de-France mobilités avaient appelé depuis plusieurs jours les usagers concernés à reporter leurs déplacements. Le weekend s'était ainsi déroulé sans perturbations majeures.
Mais ce lundi inquiétait le préfet de région Marc Guillaume qui notait que les bus de substitution étaient en mesure de transporter "à peu près 100.000 personnes" alors que près de 200.000 voyageurs étaient susceptibles d'emprunter les tronçons du RER interrompu.
L'inquiétude concernait principalement les professions "de première ligne" qui ne peuvent pas poser de RTT ou télétravailler, comme les professionnels de santé.
La ligne K du Transilien et le TER entre Paris et Laon sont également interrompus entre Paris et Mitry-Claye durant ces trois jours.
Le ministre des Transports Clément Beaune et le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou ont prévu de se rendre lundi matin à la gare du Nord pour évaluer la situation.
Réalisés au cœur de l'été, quand la ligne est moins fréquentée, ces travaux ont pour objectif de moderniser les voies du RER B et de le doter d'un nouveau terminus près du Stade de France, qui doit permettre aux trains de faire demi-tour rapidement en cas de coupure sur la ligne.
Le chantier est financé sur le budget du CDG Express, une liaison rapide qui doit relier rapidement la capitale à l'aéroport de Roissy à partir de 2026.
La RATP et Ile de France mobilités multiplient les travaux en ce dernier été avant les Jeux olympiques de Paris. Les ligne de RER A, C, D, E connaissent des fermetures partielles jusqu'à fin août, tout comme plusieurs lignes de métro.
T.Ward--TNT