The National Times - Le JDD sous l'ère Lejeune paraît par surprise après une grève historique

Le JDD sous l'ère Lejeune paraît par surprise après une grève historique


Le JDD sous l'ère Lejeune paraît par surprise après une grève historique
Le JDD sous l'ère Lejeune paraît par surprise après une grève historique / Photo: © AFP/Archives

Nouvelle ère pour le JDD: après une grève historique de quarante jours et des départs qui s'annoncent massifs, le JDD version Geoffroy Lejeune, journaliste marqué à l'extrême droite, a été publié dans la nuit de samedi à dimanche.

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Cette première édition surprise, car jusque-là annoncée pour la mi-août, était disponible peu après minuit sur la plateforme du journal, a constaté l'AFP. "Vous l'attendiez, la voici" a publié sur X (ex-Twitter) l'hebdomadaire, renvoyant vers sa Une. La dernière édition remontait au 22 juin.

Il s'agit d'un numéro de 32 pages (soit 20 de moins que la dernière édition), dont la Une est consacrée à l'insécurité et à la justice après la mort d'un adolescent de 15 ans tué à coup de couteau le 22 juillet dans l'Eure.

La nouvelle secrétaire d'Etat à la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, est la première membre du gouvernement à accorder un entretien au JDD version Lejeune.

Ce numéro a été réalisé essentiellement par des journalistes extérieurs, avec peu de membres de la rédaction sortante impliqués, comme pour le site internet dont l'activité avait déjà repris cette semaine, alimenté par l'agence de presse 6Médias.

On y retrouve les signatures de Charlotte d'Ornellas et Raphaël Stainville (anciens de Valeurs Actuelles, comme Geoffroy Lejeune), de Pascal Praud, journaliste à Europe 1 et CNews, Jacques Vendroux, pour le sport, ou encore Eric Naulleau (ex-compagnon de débat d'Eric Zemmour, que Lejeune a soutenu à la présidentielle).

La situation au JDD a relancé le débat sur la concentration des médias aux mains de quelques grands groupes privés et la législation encadrant leur fonctionnement. Conditionnement des aides à la presse, renforcement du pouvoir des rédactions face aux actionnaires: plusieurs pistes sont évoquées mais aucune ne fait jusqu'ici consensus.

- "Toutes les raisons de s'inquiéter" -

Dans un entretien à Ouest France samedi, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak estime qu'il "y a toutes les raisons de s'inquiéter au vu de ce qui s'était passé à Valeurs Actuelles qui, rappelons-le, a été condamné pour provocation à la haine raciale".

Tout en rappelant que "la presse d'opinion a le droit d'exister en France, cela fait partie du pluralisme de la presse, donc on ne peut ni contraindre la liberté de la presse, ni contraindre la liberté d'entreprendre".

Le sujet sera au menu en septembre des Etats généraux de l'information annoncées par l'Elysée.

Par ailleurs, d'après des informations de Marianne, Rodolphe Saadé, patron de l'armateur CMA CGM et propriétaire du quotidien marseillais La Provence, du site économique La Tribune et de la plate-forme vidéo Brut, oeuvre pour lancer à la fin de l'année un nouveau quotidien national généraliste distribué le week-end, comme le JDD.

Sollicité par l'AFP, le groupe n'a pas souhaité faire de commentaire.

Mardi, un accord avait été conclu entre les grévistes et la direction du groupe Lagardère, propriétaire du JDD, mettant fin à la grève historique de la rédaction, qui refusait depuis le 22 juin d'être dirigée par Geoffroy Lejeune.

Cet accord prévoyait une reprise progressive de l'activité ainsi que la mise en place de conditions d'accompagnement pour les journalistes qui souhaiteraient quitter la rédaction. Une grande partie d'entre eux avaient fait savoir qu'ils ne resteraient pas.

Geoffroy Lejeune, 34 ans, a suscité plusieurs polémiques, notamment lorsque l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, alors sous sa direction, a été condamné à une amende de 1.000 euros avec sursis pour injure publique à caractère raciste envers la députée LFI Danièle Obono.

Même si Arnaud Lagardère, le patron du groupe, s'en défend, nombre d'observateurs voient dans cette nomination la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions réputées ultra-conservatrices.

Vivendi, groupe de M. Bolloré détenant Canal+ et ses chaînes (dont CNews et C8), est en effet en train d'absorber Lagardère, propriétaire du JDD, de Paris Match et d'Europe 1, après une offre publique d'achat réussie.

Ce magnat aux opinions réputées très conservatrices a construit un empire médiatique, déclenchant au fil de ses acquisitions des grèves et des départs dans les rédactions: reprise en main du groupe Canal+, transformation d'iTELE en CNews, rachat en 2021 de Prisma Media, premier groupe de presse magazine en France, et dernièrement, absorption du groupe Lagardère, propriétaire d'Europe 1, Paris Match et du JDD, tous remaniés.

T.Bailey--TNT