Le géant français TotalEnergies s'attend à de confortables profits au 2e trimestre
La fête n'est pas terminée : TotalEnergies s'attend de nouveau à de juteux profits au premier semestre, sur fond de prix de l'énergie encore soutenus même si la tendance est à l'accalmie après les niveaux stratosphériques de l'année 2022.
L'an dernier avait été une année exceptionnelle pour le groupe, avec un bénéfice net annuel de 20,5 milliards de dollars (19 milliards d'euros), son record absolu après ses 16 milliards de 2021.
Comme ses concurrentes majors pétro-gazières occidentales, le groupe français a profité en 2022 de la flambée des prix du gaz et du pétrole. Le marché était alors bouleversé par la reprise économique post-pandémie et plus encore par l'offensive russe en Ukraine suivie de sanctions internationales visant à assécher la manne pétro-gazière de Poutine.
Depuis, les pays qui dépendaient des énergies fossiles de Moscou ont réorganisé leur stratégie d'approvisionnement, contribuant à un repli des prix.
Du côté du gaz, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, oscille autour de 30 euros le mégawattheure (MWh), loin des sommets de l'an dernier quand il avait atteint 342 euros le MWh en août après 345 en mars. Avant la crise énergétique, le gaz ne s'échangeait toutefois qu'autour de 20 euros le MWh.
Côté pétrole, le baril de brent de la Mer du Nord se négociait mercredi à un niveau encore élevé de 83,3 dollars mais en-deçà des pointes à plus de 100 dollars observées en 2022.
- Boom du GNL -
In fine, les analystes de Bloomberg s'attendent pour TotalEnergies à un bénéfice trimestriel non ajusté de 5,38 milliards de dollars. Il serait de 5,12 milliards selon le consensus de FactSet. Au 2e trimestre 2022, la major avait enregistré 5,7 milliards d'euros de bénéfice, contre 2,2 milliards au même trimestre de 2021.
Le groupe compte encore sur une très bonne année 2023, grâce notamment à une stratégie payante dans le gaz naturel liquéfié dont il est le 3e acteur mondial.
Ses ventes de gaz naturel liquéfié (GNL) ont connu une forte hausse de 15% l'an dernier alors que le monde se ruait — et se rue toujours — sur cette source d'énergie acheminée par bateaux, après la décision de Moscou de couper ses approvisionnements gaziers par pipelines.
Le groupe, qui veut porter la part du gaz à 50 % dans son éventail de ventes d'ici à 2030 (contre 30% pour les produits pétroliers), a annoncé le mois dernier s'associer à l'américain NextDecade et à Global Infrastructure Partners dans le projet du terminal texan Rio Grande, une usine de liquéfaction de gaz.
De quoi alimenter encore les critiques des associations environnementales qui lui reprochent ses investissements continus dans les énergies fossiles, néfastes pour le climat.
Le groupe y répond en multipliant, tous azimuts, les annonces d'investissements à coups de milliards dans l'électricité renouvelable : par exemple son intention de développer 3 GW de projets solaires en Espagne ou encore l'équivalent dans l'éolien en Allemagne. Pas plus tard que mercredi, il annonçait l'acquisition à 100% de Total Eren, leader dans la production d'électricité renouvelable pour 1,5 milliard d'euros.
Au même moment, le groupe confirmait aussi le début des forages des puits de pétrole en Ouganda, dans le cadre du mégaprojet Tilenga/Eacop, devenu un symbole médiatique de la lutte anti-pétrole.
S.Arnold--TNT