Journée cruciale pour l'avenir du distributeur Casino
Résultats attendus très mauvais, date butoir pour s'accorder sur la restructuration de la dette et valider le plan de reprise de Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière: jeudi est une journée clé pour l'avenir du distributeur Casino et de ses 200.000 salariés, dont 50.000 en France.
Le groupe, qui fête ses 125 ans dans un contexte très incertain, avait annoncé le 18 juillet donner son feu vert à l'offre de recapitalisation et de restructuration de sa dette présentée par les deux milliardaires, adossés au fonds d'investissement britannique Attestor.
Cette offre prévoit notamment l'apport de 1,2 milliard d'euros d'argent frais ainsi qu'une forte restructuration de la dette - toutefois un peu moindre qu'attendu au départ. Les créanciers du groupe doivent donner leur aval à la proposition.
Les différentes sources interrogées par l'AFP se disent confiantes quant à l'issue, l'une d'elles estimant que l'offre de Daniel Kretinsky et ses alliés est pour les créanciers "la moins mauvaise des solutions".
- Nécessité d'aller vite -
Si un accord de principe est bel et bien entériné, Casino prévoit ensuite de soumettre le plan à l'approbation de ses actionnaires actuels - dont le poids sera considérablement réduit, à commencer par l'actuel PDG Jean-Charles Naouri - "au plus tard" le 30 septembre, pour une restructuration de sa dette attendue d'ici la fin de l'année.
Casino doit publier ses résultats du premier semestre jeudi avant l'ouverture des marchés.
Mais il a déjà averti que son chiffre d'affaires pour le deuxième trimestre 2023 ressortirait en forte baisse (-8,9% par rapport au chiffre publié un an plus tôt, -6,6% à périmètre de magasins comparable), alors même que l'inflation, à deux chiffres sur cette période, gonfle mécaniquement les ventes des supermarchés.
Ce sont surtout les hyper et supermarchés qui apparaissent en pleine déconfiture. Le groupe met cette chute sur le compte, notamment, "des baisses de prix" décidées après une année 2022 où Casino avait gardé un positionnement de prix plus élevé que la concurrence. Ce, alors que les clients, en période d'inflation, sont d'autant plus attentifs à leur ticket de caisse.
En conséquence, Casino a aussi révisé à la baisse sa prévision de rentabilité en France pour 2023.
- Les syndicats sur le qui-vive -
Quelles conséquences sociales? "Je me suis engagé pour les hypers et les supers et à préserver le périmètre maximal possible", a assuré Daniel Kretinsky le 16 juillet dans un entretien aux Echos.
Selon le premier syndicat du groupe, Force ouvrière, les repreneurs prévoient de "passer un grand nombre de magasins en franchise", modèle dans lequel la majorité des coûts relèvent du gérant. Cet aspect du plan n'est "pas satisfaisant" et devra "être accompagné socialement", a averti l'organisation, qui a rencontré à trois reprises les équipes de Daniel Kretinsky.
La situation de Casino "augure de nouvelles transformations dont les salariés pourraient être une nouvelle fois la variable d'ajustement", a aussi alerté la CFDT Services, pour qui le passage de magasins en franchise serait autant de "restructurations qui ne disent pas leur nom". Elle espère "une réelle implication des pouvoirs publics".
Devant l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait déclaré le 11 juillet que l'Etat serait vigilant sur "l'avenir des 50.000 salariés du groupe" en France et sur le maintien du siège historique du groupe à Saint-Etienne. Les salariés "n'ont pas à payer pour les erreurs qui ont pu être commises par la direction", avait-il dit.
Les candidats à la reprise de Casino ont indiqué vouloir maintenir le siège à Saint-Etienne et en faire "le centre d'innovation" du groupe. Ils prévoient en revanche de céder les activités du groupe en Amérique latine, pour lesquelles travaillent les trois quarts des salariés du groupe.
A.Robinson--TNT