Une canicule record s'étend à travers l'hémisphère nord
La canicule s'étend samedi, de l'Europe à la Chine en passant par les Etats-Unis, contraignant les autorités à prendre des mesures drastiques pour faire face à ces vagues de chaleur et de nouveaux incendies, nouvelles illustrations du réchauffement climatique.
L'Italie, du nord au sud, connaît une vague de chaleur avec des records historiques de températures attendus dans les prochains jours.
Dimanche, 16 villes seront en alerte rouge sur l'ensemble du territoire, avec des températures attendues de 36/37°C de Rome à Bologne, avant un pic redouté en début de semaine prochaine.
"C'est la fournaise. On ne peut pas rester trop longtemps au même endroit", a témoigné auprès de l'AFP samedi matin Veronika Niederlovi, 16 ans, une touriste tchèque venue visiter Rome.
Selon le quotidien Il Messaggero, deux footballeurs amateurs de 48 et 51 ans sont morts vendredi soir, après des malaises probablement dus à la chaleur, au cours de matchs dans la région de Naples (sud).
Le Centre météo italien dit craindre "la vague de chaleur la plus intense de l'été mais aussi une des plus intenses de tous les temps".
Le nord de la péninsule ne devrait pas être épargné avec 38°C attendus mardi à Milan.
D'autres pays en Europe font également face à une vaste vague de chaleur.
En Allemagne, sur une large partie du pays, les températures pourraient grimper jusqu'à 38 degrés, selon un communiqué du service météorologique publié samedi.
Les températures les plus élevées ont été mesurées dans les villes bavaroises de Möhrendorf-Kleinseebach (37,9 degrés) et Kitzingen (37,2 degrés). 36,3 degrés ont été atteints à Iéna et 36,1 degrés à Notzingen dans le Bade-Wurtemberg.
Par ailleurs, on a relevé 35°C à Berlin et 34°C à Munich.
En France, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a été sévèrement critiqué samedi, notamment par la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, pour avoir assuré que les températures étaient "assez normales pour un été".
D'autres personnalités influentes ont réagi, comme l'agroclimatologie Serge Zaka. "Quand est-ce que nos politiques vont-ils comprendre et assumer les enjeux du changement climatique ?", a-t-il déploré sur Twitter.
Le mois de juin a été le deuxième plus chaud jamais enregistré en France où plusieurs départements ont été placés en vigilance orange canicule depuis mardi.
- Acropole fermée -
La Grèce souffre elle aussi d'une canicule qui contraint les autorités de fermer l'Acropole d'Athènes aux heures les plus chaudes de la journée dimanche pour le troisième jour consécutif, alors que les températures pourraient atteindre 41°C dans le pays.
Comme vendredi et samedi, le site classé au patrimoine mondial par l'Unesco et pris d'assaut par les touristes n'accueillera aucun visiteur entre 11h30 locales (08h30 GMT) et 17h30 locales (14h30 GMT), a indiqué l'Euphorie des Antiquités d'Athènes.
Depuis jeudi, la Croix-Rouge, déployée au pied de l'Acropole pour venir en aide aux touristes qui pourraient être victimes d'insolation ou d'évanouissement, a distribué plus de 50.000 bouteilles d'eau de 50 cl.
Les équipes de l'ONG sont intervenues "des dizaines de fois" pour secourir des visiteurs victimes notamment de malaise ou d'essoufflements ces derniers jours.
En Espagne, une nouvelle vague de chaleur est attendue entre lundi et mercredi après un bref répit ce week-end à l'issue d'une semaine où les températures ont dépassé les 40°C en Andalousie (sud) ainsi qu'aux îles Canaries.
"Cette nouvelle vague sera brève mais intense: on devrait dépasser les 42°", a écrit l'Agence météorologique (Aemet) sur Twitter.
L'Afrique du Nord est également touchée. Au Maroc, une nouvelle vague de chaleur est annoncée jusqu'à mardi, avec des températures variant entre 37 et 47°C dans plusieurs provinces, selon la Direction générale de la météorologie (DGM).
En Asie, plusieurs provinces du sud et sud-est de la Chine vont connaître des températures élevées au cours du week-end, atteignant 35 à 40°C, selon l'Observatoire météorologique central. Dans certaines parties du nord-ouest, certaines villes pourraient même dépasser les 40°C.
Au Japon, les autorités ont appelé la population à la prudence alors que les températures devraient atteindre dimanche et lundi les 39°C dans l'est du pays, selon le prévisionniste local.
De l'autre côté du globe, le sud des Etats-Unis rôtit sous la chaleur: plusieurs dizaines de millions d'Américains, de la Californie au Texas, ont subi des températures dangereusement élevées qui devraient atteindre un pic au cours du week-end.
"Plusieurs records de températures sont probables et des problèmes de qualité de l'air seront courants dans plusieurs régions des Etats-Unis", alerte le Service météo national (NWS) dans un bulletin samedi.
A Phoenix, métropole de l'Arizona dans le sud-ouest des Etats-Unis, 47°C sont attendus en début de soirée au 16e jour consécutif de maximales au-delà de 43°C.
- Incendies en Californie -
Dans le sud de la Californie, les pompiers américains luttent depuis vendredi contre plusieurs incendies très violents qui ont ravagé plus de 1.214 hectares et entraîné l'évacuation de la population.
La fumée des incendies au Canada, où plus de 500 feux sont hors de contrôle, avait déjà entraîné plusieurs épisodes de forte pollution atmosphérique sur le nord-est des Etats-Unis en juin.
En Jordanie, en proie à une vague de chaleur qui a dépassé les 40°C dans certaines régions, les secours luttent contre des incendies dans les forêts d'Ajloun (nord).
Au niveau mondial, le mois de juin a été le plus chaud jamais mesuré, selon les agences européenne Copernicus et américaines Nasa et NOAA.
Puis, la première semaine complète de juillet a été à son tour la plus chaude jamais enregistrée, selon des données préliminaires de l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Les émissions de gaz à effet de serre accroissent la puissance, la durée et le rythme de répétition des vagues de chaleur, selon des experts.
La chaleur est l'un des événements météorologiques les plus meurtriers, a rappelé l'OMM. L'été dernier, en Europe seule, les fortes températures ont causé plus de 60.000 décès, selon une récente étude.
T.F.Russell--TNT