Yellen plaide pour un dialogue "direct" entre Washington et Pékin
Les Etats-Unis et la Chine doivent se parler "directement" en cas d'inquiétudes sur des pratiques économiques et collaborer face au changement climatique, a plaidé samedi la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, au deuxième jour de sa visite à Pékin.
"Quand nous avons des inquiétudes concernant des pratiques économiques spécifiques, nous devons les communiquer directement et nous le ferons", a-t-elle déclaré lors d'une rencontre avec le vice-Premier ministre He Lifeng, en charge des dossiers économiques.
Et "le fait que, malgré les récentes tensions, nous ayons atteint un niveau record d'échanges commerciaux en 2022 suggère qu'il y a largement la place pour que nos entreprises s'engagent en matière de commerce et investissement", a ajouté la secrétaire au Trésor à Diaoyutai, la villa d'Etat du gouvernement chinois à Pékin.
La visite de Mme Yellen survient quelques semaines après celle du secrétaire d'Etat Antony Blinken, dans une volonté de l'administration Biden de renouer les contacts physiques avec Pékin, après trois ans d'isolement presque total de la Chine en raison de la crise sanitaire.
Samedi matin, elle avait mis l'accent sur la lutte contre le changement climatique, un domaine-clé de coopération pour Washington, malgré des relations bilatérales tendues.
"Comme nous sommes les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre au monde et les plus grands investisseurs en énergies renouvelables, nous avons à la fois la responsabilité commune - et la capacité - de montrer la voie", a déclaré Mme Yellen, qui effectue son premier déplacement à Pékin depuis sa prise de fonction en 2021.
- Signes d'accalmie -
"Le changement climatique est numéro un sur la liste des défis mondiaux, et les Etats-Unis et la Chine doivent travailler ensemble pour faire face à cette menace existentielle", a-t-elle souligné, estimant que "la coopération entre les Etats-Unis et la Chine sur le financement contre le changement climatique est essentielle".
La secrétaire au Trésor a notamment appelé Pékin à soutenir des institutions multilatérales comme le Fonds vert pour le climat.
La Chine avait suspendu les discussions sur le climat l'été dernier en protestation contre le déplacement à Taïwan de l'ancienne présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi.
Mais des signes d'accalmie apparaissent désormais: vendredi, un responsable du département d'Etat a indiqué que l'envoyé spécial américain pour le climat, John Kerry, se rendrait en Chine prochainement afin d'y discuter des possibilités de coopération avec Pékin dans la lutte contre le changement climatique.
Plus largement, Mme Yellen a joué l'apaisement lors d'une rencontre vendredi avec le Premier ministre Li Qiang, appelant notamment Pékin et Washington à joindre leurs efforts sur des défis mondiaux comme l'endettement.
Cette rencontre a certainement "donné le ton" du reste de sa visite, note Lyu Xiang, expert de l'Académie chinoise des sciences sociales.
- "Liens solides" -
Samedi, la secrétaire américaine au Trésor a également partagé un déjeuner avec des femmes économistes, à qui elle a affirmé que les relations entre les États-Unis et la Chine étaient "enracinées dans les liens solides" unissant les peuples américain et chinois.
"Il est important que nous continuions à nourrir et approfondir ces liens", surtout au moment où la Chine rouvre son économie après la pandémie, a-t-elle déclaré, soulignant que les États-Unis pouvaient avoir des divergences avec le gouvernement chinois, mais pas avec son peuple.
Mme Yellen devrait aussi aborder, lors de sa visite, des sujets plus spécifiques comme la macro-économie et les exportations de technologies, prédit Lyu Xiang.
La question est de savoir si "les sujets qui font partie des défis mondiaux", comme le surendettement et la coopération sur le climat, seront placés en tête des priorités, s'interroge Lindsay Gorman, du cercle de réflexion américain German Marshall Fund (GMF).
Vendredi, Janet Yellen avait également rencontré des responsables d'entreprises américaines opérant en Chine. Ces derniers lui ont fait part de leurs inquiétudes dans un climat d'affaires de plus en plus incertain, sur fonds de tensions géopolitiques entre les deux grandes puissances.
"Tout ce qui peut contribuer à améliorer les relations entre les Etats-Unis et la Chine, premièrement, aidera les entreprises ici, le climat pour les investissements, et deuxièmement, nous donnera plus d'occasions de coopérer", a déclaré à l'AFP Michael Hart, président de la Chambre de commerce américaine en Chine.
N.Roberts--TNT