L'américain Titan Footwear reprend l'emblématique chausseur français Clergerie
La société américaine Titan Footwear va reprendre l'emblématique chausseur Clergerie, en redressement judiciaire depuis fin mars et qui était l'un des derniers à fabriquer en France ses chaussures en cuir, selon une décision du tribunal de commerce de Paris consultée par l'AFP.
"Les administrateurs judiciaires sont favorables à la proposition de Titan, c'est la seule option qui permet d'éviter une liquidation sèche", peut-on lire dans ce document.
L'entreprise californienne spécialisée dans la chaussure "haute couture", seule à avoir maintenu son offre, devrait reprendre 45% des effectifs de Clergerie et délocaliser une partie de la production qui demeurait jusqu'ici intégralement à Romans-sur-Isère (Drôme), dans l'usine historique.
Titan Footwear souhaite "conserver le positionnement haut de gamme" de la marque, a indiqué jeudi à l'AFP l'avocat du repreneur Laurent Azoulai, du cabinet T&A Associés, spécialisé dans ce type de reprise.
Ce dernier a confirmé auprès de l'AFP que Titan Footwear avait racheté Clergerie pour 700.000 euros, avec des "investissements initiaux (relance activité et marque)" d'un montant de 6,5 millions, selon les termes de l'offre enregistrée mi-juin au greffe du tribunal de commerce de Paris et consulté par l'AFP.
Titan Footwear, filiale du groupe californien Titan Industries, détient des marques telles Daniel X Diamond et Badgley Mischka, et indique avoir réalisé un chiffre d'affaires annuel brut de 50 millions de dollars en 2022.
L'entreprise s'engage à maintenir 45% des effectifs, soit 59 des 134 employés, en opérant des réductions importantes, notamment chez le personnel technique (opérateurs piquage, prototypage, montage, retouche, finition, etc.)
Mais cette offre "risque d'être améliorée" avec davantage de maintien en emploi, selon une source proche du dossier à l'AFP.
"Ils se sont engagés à maintenir les effectifs pendant deux ans mais après, qu'est-ce qu'ils vont faire? On a peur qu'ils gardent la marque et produisent intégralement à l'étranger", s'était ému auprès de l'AFP Christophe Chanron, délégué syndical CFE-CGC, au tribunal de commerce de Paris le 14 juin.
Si le groupe a promis de conserver une fabrication "minimum dans les ateliers de Romans", il compte s'adosser à une société espagnole dont "les collaborations se font en Inde, en Chine et au Maroc" pour délocaliser une partie de la production, peut-on lire dans l'offre de reprise.
Ce serait une rupture historique pour le chausseur, qui était jusqu'ici l'un des derniers à fabriquer en France des chaussures en cuir dans son usine, tout comme Paraboot, J.M. Weston ou Heschung.
De Lauren Bacall à Madonna, les plus grandes stars ont eu des Clergerie aux pieds.
En difficulté financière, l'entreprise fondée en 1981 à Romans-sur-Isère par Robert Clergerie avait, pendant son âge d'or, exporté ses souliers jusqu'à Hollywood et sa boutique historique du centre de Paris vendait jusqu'à 11.000 paires par an.
F.Morgan--TNT