Sommet de Paris: à cinq mois de la COP28, quelques avancées sur la finance climat
Des dollars mais pas de révolution: l'argent reste au coeur des discussions entre dirigeants mondiaux vendredi au second et dernier jour du sommet accueilli par la France, qui a permis l'annonce de quelques accords de financement sans encore de vaste consensus pour réformer la finance mondiale au service du climat.
Emmanuel Macron accueille de nouveau vendredi une quarantaine de chefs d'Etats et de gouvernements, dont le Brésilien Lula et le Saoudien Mohammed ben Salmane, dans une réunion censée concrétiser des idées nées à la dernière COP, en Egypte, avant la prochaine, aux Emirats arabes unis à la fin de l'année.
Le président français a appelé à une "mobilisation" pour mettre en place des taxations internationales sur les transactions financières, les billets d'avion et le transport maritime afin de financer la lutte pour le climat et contre la pauvreté.
"Le secteur du transport maritime n'est pas du tout taxé, c'est un des seuls", a-t-il remarqué dans un entretien accordé à plusieurs médias, avant une photo de famille Nord-Sud.
Dans un palais Brongniart, ancien siège de la Bourse de Paris, jugé par plusieurs participants mal adapté par son emplacement et son exiguïté, quelques annonces ont été faites depuis jeudi. Des pays riches vont payer le Sénégal pour l'aider à se débarrasser du fioul lourd dans son énergie. La Zambie verra sa dette allégée. Le Fonds monétaire international va augmenter à 100 milliards de dollars ses financements pour les pays pauvres.
Autre succès, selon Mia Mottley, Première ministre de la Barbade qui pousse depuis des mois pour transformer le système financier: la Banque mondiale prévoit d'intégrer, à ses accords avec les pays les plus vulnérables, une nouvelle clause de suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe.
- "Bonne journée" -
"C'est une bonne journée, car presque tout le monde a accepté la validité des clauses de catastrophe naturelle", a déclaré la dirigeante dans une interview à l'AFP jeudi soir avant un grand concert pour le climat devant la Tour Eiffel.
Mais le président de la COP28, le très scruté patron de la compagnie pétrolière des Émirats arabes unis, Sultan al-Jaber, a lui-même averti que le problème était loin d'être résolu.
Evoquant les annonces de la veille, il a estimé vendredi que ce n'étaient que "des pansements, des antidouleurs face à un problème qui nécessite une opération majeure".
Les ambitions du sommet "reposent trop sur les investissements privés et assignent un rôle démesuré aux banques multilatérales de développement", regrette Harjeet Singh, de l'immense réseau d'ONG internationales Climate Action Network (CAN). "C'est ignorer le rôle pivot que les finances publiques doivent jouer".
Avec l'ambition d'avoir posé de nouvelles bases pour les prochains rendez-vous internationaux, notamment celui du G20 en septembre à New Delhi ou à la COP28 à Dubaï, les rencontres de vendredi se tiennent aussi sous la pression d'une manifestation à Paris appelant à ne plus financer les combustibles fossiles.
Jeudi soir, le grand concert pour le climat a réuni devant la Tour Eiffel des artistes comme Lenny Kravitz ou Bille Eilish, ainsi que le président brésilien Lula.
"Ceux qui ont réellement pollué la planète pendant les 200 dernières années sont ceux qui ont fait la révolution industrielle" a lancé ce dernier, applaudi comme une rockstar. "C'est pour cela qu'ils doivent payer la dette historique qu'ils ont envers la planète".
A.M.Owen--TNT