Casino accuse le média spécialisé la Lettre A de diffamation
Le groupe Casino a cité à comparaître devant la justice pour diffamation le média spécialisé la Lettre A, qui estime que le distributeur en difficulté financière "tente ainsi d'entraver la publication de (ses) informations", a appris l'AFP mercredi, confirmant une information du Monde.
Le média d'enquête, créé en 1978 et racheté par Indigo Publications en 2007, a reçu une citation à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris, datée du 15 juin et que l'AFP a consulté mercredi, en raison d'articles "particulièrement dénigrants et diffamatoires" à l'encontre du groupe Casino.
Ce dernier, sollicité par l'AFP, n'a pas fait de commentaire.
Octave Bonnaud, rédacteur en chef de la Lettre A qui enquête sur les arcanes des pouvoirs politique, économique et médiatique, a confirmé mercredi à l'AFP l'existence de cette procédure, estimant que le groupe "tente d'entraver la publication de nos informations". "Evidemment la Lettre A continuera de couvrir le groupe Casino et la grande distribution".
Le groupe Casino, coté en Bourse, estime avoir subi un "préjudice économique" "considérable" en raison des articles de la Lettre A, et demande réparation à hauteur de 13,7 millions d'euros. Une somme qui correspond à la valorisation boursière effacée lors d'une journée de cotation où deux articles de la Lettre A ont été publiés, selon l'assignation.
"Bonne chance pour montrer que ce sont des articles de la Lettre A qui ont fait baisser le cours" ce jour-là, répond Octave Bonnaud, relevant que les articles ont été publiés à 6h20 et à 11h40 "alors qu'on parle d'une baisse du cours de Bourse en fin de journée". "De toute façon, on revendique la possibilité de sortir des informations qui soient susceptibles de faire baisser un cours de Bourse".
Le distributeur d'origine stéphanoise, qui emploie 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France sous de nombreuses enseignes comme Monoprix, Franprix ou Pao de Acucar au Brésil, est entré fin mai en procédure de conciliation afin de renégocier son endettement.
De son côté, le PDG du groupe Jean-Charles Naouri a été gardé à vue le 1er juin dans le cadre d'une enquête ouverte le 5 février 2020 et portant sur des faits présumés de "manipulation de cours en bande organisée, corruption privée active et passive" et "délit d'initié commis courant 2018 et 2019". Il a été remis en liberté sans charge retenue contre lui à ce stade.
G.Morris--TNT