The National Times - Les opposants au Lyon-Turin se rassemblent malgré l'interdiction

Les opposants au Lyon-Turin se rassemblent malgré l'interdiction


Les opposants au Lyon-Turin se rassemblent malgré l'interdiction
Les opposants au Lyon-Turin se rassemblent malgré l'interdiction / Photo: © AFP

La grande manifestation contre la ligne ferroviaire grande vitesse Lyon-Turin a été maintenue samedi dans la vallée de Maurienne (Savoie), au départ du camp de base situé hors de la zone d'interdiction tracée par les autorités.

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Quelque 2.000 militants, selon les estimations des autorités, ont afflué dans la vallée à l'appel d'une dizaine d'organisations, dont les Soulèvements de la Terre, menacés de dissolution par le ministère de l'Intérieur, et les No-Tav italiens, pour protester contre le chantier "pharaonique" jugé "néfaste" pour l'environnement, la biodiversité et les ressources en eau.

"Les citoyens ont aussi le pouvoir et le devoir de protéger l’environnement", a déclaré Maryline Duval, de l'association locale "Vivre et agir en Maurienne" au cours d'un point de presse organisé sur le campement de base des militants écologistes, sous haute surveillance.

- "Projet mortifère" -

"On est très content de cette mobilisation qui a été un pari difficile à tenir (...), nous ne nous laisserons pas intimider (…), c’est ici qu’il y a l’avenir et pas dans un projet mortifère et complètement dépassé par l’histoire", a souligné Lorenzo, du mouvement italien No Tav, mobilisé depuis des années contre le projet piloté par Bruxelles

Installés dans les prés, sur un terrain prêté par la commune de La Chapelle, les campeurs, dont beaucoup de jeunes, se sont réveillés samedi sous la surveillance d'un hélicoptère de la gendarmerie, avec une forte présence policière partout dans la vallée.

L'arrêté d'interdiction pris par la préfecture de Savoie a été confirmé pour des raisons de sécurité par le tribunal administratif de Grenoble, qui a rejeté vendredi soir une requête déposée par les Verts (EELV), ATTAC Savoie, et Vivre et agir en Maurienne.

Des élus ont cependant fait le déplacement pour les prises de paroles, dont le maire EELV de Grenoble Eric Piolle, la présidente des députés Insoumis Mathilde Panot ou la députée (EELV) de l'Isère Cyrielle Chatelain.

"La manifestation a été interdite sur un périmètre, nous irons manifester ailleurs", a indiqué dans un tweet le maire de Grenoble.

Les forces de l'ordre, qui attendent jusqu'à 5.000 militants dont quelque "400 éléments radicaux", redoutent surtout des actions coups de poing de petits groupes réfractaires, selon une source policière. Une trentaine "d'étrangers sous interdiction administrative du territoire ont été interpellés et remis aux Italiens" , selon la même source.

- "Crever de chaud" -

"C’est quand même assez scandaleux, drôle que l’Etat et le gouvernement décident de s’attaquer à un mouvement, à des militants écologistes, à des paysans, à des syndicats alors qu’aujourd’hui il faudrait vraiment s’attaquer à toutes les industries, à tous ceux qui détruisent le vivant, qui sont en train de nous faire crever de chaud", a souligné Pina, la porte-parole des Soulèvements de la terre, lors des prises de parole.

"Les promoteurs de ces grands travaux dévastateurs peuvent se rencontrer comme ils veulent, à nos frais, en mangeant des tartines et en buvant du champagne, alors que les opposants ne peuvent pas manifester leur mécontentement", a renchéri Lorenzo des No-Tav.

Soutenue par l'Union européenne, la nouvelle ligne doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70% des voies en France et 30% en Italie, avec un tunnel de 57,5 km traversant les Alpes entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse. Coût évalué: plus de 26 milliards d'euros.

Pour le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, "on est face à la contradiction absolue des militants écologistes extrémistes. Ils veulent soi-disant sauver la planète mais ils ne veulent pas se donner les moyens : on ne sauvera pas la planète en faisant de la décroissance", a-t-il commenté vendredi matin sur BFM TV/RMC.

Les partisans du projet mettent en avant la nécessité de réduire le flux de poids lourds, en constante augmentation, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ils invoquent aussi le développement économique que permettra selon eux une ligne ferrovaire plus rapide .

Les opposants, eux, font valoir qu'une ligne existe déjà et que le fret ferroviaire n'a cessé de baisser ces dernières années. Ils dénoncent aussi les impacts écologiques de ce chantier "ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins". Selon eux, les travaux ont déjà tari plusieurs sources et captages dans la vallée.

T.Allen--TNT