Le PDG de CNN Chris Licht, contesté, quitte la chaîne, fragilisée
Le PDG de CNN, Chris Licht, va quitter la direction de la chaîne d'information américaine, a annoncé mercredi le groupe, après plusieurs semaines de remous au sein de la rédaction, qui fait face à une chute de ses audiences.
Ce départ intervient à un moment particulièrement crucial pour CNN, alors qu'a démarré la campagne de la présidentielle américaine 2024, les élections offrant traditionnellement un coup d'accélérateur majeur aux audiences et aux revenus des chaînes d'information.
Chris Licht avait pris les rênes de la plus ancienne chaîne d'information en continu aux Etats-Unis en mai 2022, après le départ soudain du patron emblématique Jeff Zucker, qui n'avait pas fait état à ses dirigeants de sa relation amoureuse avec une cadre de CNN.
Depuis, le quinquagénaire a tenté de relancer la vieille dame de l'info en continu, dont les audiences souffrent de la concurrence avec sa rivale conservatrice Fox News, mais aussi avec MSNBC, à la ligne éditoriale plus à gauche.
Il a effectué plusieurs remaniements au sein de la grille des programmes, sans succès pour l'instant, et tenté quelques coups médiatiques, en premier lieu l'émission en direct et en public avec Donald Trump comme invité, mi-mai.
Ce programme a été mal reçu par une partie de l'opinion mais aussi au sein de la rédaction, qui y a vu une plateforme offerte sans réserve à l'ancien président, devant une assistance de sympathisants républicains pour la plupart acquis à sa cause.
En outre, l'effet de l'émission sur les audiences a été de courte durée, puisque quelques jours après, CNN est passée derrière la petite chaîne conservatrice Newsmax au classement de la journée.
La position de Chris Licht a été encore davantage fragilisée par la publication, la semaine dernière, d'un très long article du magazine The Atlantic, qui a souligné la rupture nette entre le dirigeant et ses équipes.
- Pas encore de remplaçant -
"La tâche n'était pas simple, en particulier à un moment de grand chamboulement et de transformation et Chris y a mis tout son coeur", a commenté le PDG de Warner Bros Discovery, maison mère de CNN, David Zaslav, dans une note interne obtenue par l'AFP. "Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme nous l'avions espéré et, au final, j'en assume la responsabilité", a-t-il ajouté.
L'arrivée de Chris Licht chez CNN a correspondu à un changement d'ère au sein de la chaîne, désormais partie du nouvel ensemble Warner Bros Discovery, fusion du groupe de télévision Discovery avec son concurrent Warner Bros, qui comprend aussi la chaîne HBO et la plateforme de streaming HBO Max, rebpatisée récemment Max.
Le patron de Discovery, David Zaslav, devenu celui du groupe fusionné, à imposé des réductions de coûts et davantage de retenue dans les dépenses liées aux contenus, une rupture pour Warner Bros.
"Je ne suis ni une fan, ni une ennemie de Chris Licht, mais il est clair que les présentateurs de la chaîne voulaient sa perte", a commenté, via Twitter, l'animatrice Greta Van Susteren, passé par les trois grandes chaînes d'info américaines et aujourd'hui chez Newsmax.
"Il est arrivé après Zucker, qui dépensait beaucoup, chargé de tailler dans les coûts, (...) et de ramener CNN vers l'info plutôt que l'approche partisane, ce qui a pris à rebrousse-poil" ceux parmi les présentateurs, qui contestaient avoir adopté un ton plus éditorialisé et plus subjectif, a-t-elle fait valoir.
La chaîne a indiqué que le ou la remplaçante de Chris Licht n'avait pas encore été choisi, et que dans l'intervalle, CNN s'appuierait sur une équipe de dirigeants par intérim, composée de trois vice-présidents déjà au sein du groupe pour les questions éditoriales et du numéro deux pour la partie commerciale.
Le New York Times a publié dimanche un long article laissant entendre que Jeff Zucker se verrait bien revenir aux commandes de la chaîne.
Il a lancé une société d'investissement dans les médias, Redbird IMI, mais reste très attentif aux évolutions de CNN, qu'il critique en privé, et s'entretient régulièrement avec des salariés de la chaîne, selon le quotidien américain.
F.Hammond--TNT