The National Times - Dette: la note de la France finalement maintenue par S&P

Dette: la note de la France finalement maintenue par S&P


Dette: la note de la France finalement maintenue par S&P
Dette: la note de la France finalement maintenue par S&P / Photo: © AFP/Archives

Les arguments du gouvernement ont finalement porté leurs fruits. Un mois après l'abaissement de la note de la France par Fitch, l'agence de notation S&P Global, plus influente, a finalement maintenu sa note, à "AA", invoquant les réductions prévues des déficits et la réforme récente des retraites par le gouvernement d'Emmanuel Macron.

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"Cela est principalement dû à la révision de la stratégie de consolidation budgétaire du gouvernement", écrit l'agence de notation, en citant comme faits positifs, outre la réforme des retraites, la fin programmée des aides énergétiques à la faveur de la baisse des prix des hydrocarbures.

La note AA figure parmi les plus hautes catégories de notation, signifiant une forte capacité à pouvoir rembourser ses dettes. En Europe, l'Allemagne et les Pays-Bas sont parmi les pays les mieux notés, avec le niveau "AAA", que la France a perdu en 2012.

"Je prends acte de la décision de l'agence Standard & Poor's de laisser inchangée la notation de la dette française", a réagi le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, auprès de l'hebdomadaire français Journal du dimanche. "C'est un signal positif. Notre stratégie en matière de finances publiques est claire. Elle est ambitieuse. Et elle est crédible."

L'agence de notation, un des trois principales avec Fitch et Moody's, a cependant maintenu sa perspective "négative", laissant planer le spectre d'une future baisse en cas de dérapage.

S&P prévient des "risques" relatifs à l'exécution des objectifs budgétaires gouvernementaux: "ils incluent l'absence de majorité absolue au Parlement français depuis la mi-2022, qui pourrait compliquer la mise en oeuvre des politiques, ainsi que des incertitudes au sein des économies mondiales et européennes, et des conditions de financement plus tendues".

A l'avenir, l'agence souligne que "la fragmentation politique ajoute de l'incertitude sur la capacité du gouvernement à mettre en place des politiques favorables à la croissance économique et au rééquilibrage budgétaire".

Depuis plusieurs jours, le gouvernement essayait d'éviter, puis de déminer cette éventuelle sanction, d'autant plus difficile à encaisser pour un exécutif ayant à coeur d'afficher l'image d'un bon gestionnaire.

Dimanche, la Première ministre Elisabeth Borne avait déclaré sur Radio J qu'"il y a eu des explications détaillées de Bruno Le Maire auprès de Standard and Poor's sur tout ce qu'on fait pour maîtriser nos finances publiques".

Mercredi, Bruno Le Maire avait confirmé avoir rencontré l'agence américaine afin de présenter les "arguments" français.

A l'épreuve des chiffres pourtant, la France affiche des résultats moins bons que les autres pays notés dans la même catégorie, avait toutefois relevé l'agence Fitch qui a abaissé fin avril la note française, de "AA" à "AA-".

- Impact des retraites -

L'agence relève en effet que la dette publique restera au-dessus de 110% du PIB dans la période 2023-2026, "avec un déficit budgétaire persistant, bien qu'en baisse".

La dette était à 111,6% du PIB en 2022, et le gouvernement vise 108% en 2027. La France détient l'endettement le plus élevé des pays de la catégorie "AA".

Après avoir atteint 4,7% en 2022, le déficit public français devrait quant à lui légèrement remonter cette année à 4,9% avant de refluer progressivement à partir de 2024, anticipe le gouvernement dans son programme de stabilité publié ces dernières semaines, qui table sur un retour dans les clous budgétaires européens, soit sous les 3%, en 2027.

"Cette note vient saluer la solidité de notre économie, les efforts de transformation que nous avons engagés et vient souligner la trajectoire de redressement des finances publiques que nous avons engagée", a réagi auprès de l'AFP le député Renaissance Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du budget.

De son côté, Moody's avait souligné dans un commentaire fin avril le "faible mandat" dont disposait désormais le gouvernement pour mener sa politique, sans pour autant réviser la note.

Les inquiétudes du gouvernement quant à ces décisions sont à la mesure des risques qu'une rétrogradation fait souvent peser sur un État: une hausse des taux d'intérêt d'emprunt par des investisseurs réclamant une garantie supplémentaire pour prêter à la France.

La révision à la baisse de la note de Fitch n'a toutefois pas réellement pesé sur les taux français.

S.Clarke--TNT