The National Times - Climat: TotalEnergies se justifie lors d'une assemblée générale sous pression

Climat: TotalEnergies se justifie lors d'une assemblée générale sous pression


Climat: TotalEnergies se justifie lors d'une assemblée générale sous pression
Climat: TotalEnergies se justifie lors d'une assemblée générale sous pression / Photo: © AFP

Le PDG de TotalEnergies a longuement justifié vendredi sa stratégie, au cours d'une assemblée générale annuelle sous la pression des militants du climat, massés à l'extérieur, mais aussi du gouvernement, qui l'appellent à se détourner plus vite des énergies fossiles.

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"Le climat est au coeur de notre préoccupation", a affirmé Patrick Pouyanné, évoquant la "crédibilité du plan de transition" de son groupe, l'une des cinq grandes majors mondiales avec BP, Shell, ExxonMobil et Chevron.

"Notre compagnie a été la major qui a investi le plus pour construire le modèle énergétique de demain qui sera basé sur l'électricité", via les énergies renouvelables, a-t-il souligné, ajoutant qu'il ne peut pour autant réduire son activité pétrolière.

"La demande de pétrole au niveau mondial est en croissance et si ce n'est pas TotalEnergies qui répond à cette demande, d'autres le feront à notre place", a-t-il encore dit, soulignant "ce n'est pas TotalEnergies seul qui va décider des besoins des clients" et répondant aux "grincheux qui nous accusent de greenwashing".

Front soucieux, le PDG du groupe a ouvert comme prévu à 10H00 son assemblée annuelle, que quelques centaines de manifestants ont tenté de bloquer en vain. Ils ont été repoussés par les gaz lacrymogènes de nombreux policiers.

"Nous le regrettons, nous avons dû prendre des mesures exceptionnelles tant dans l'appel aux forces de l'ordre que d'un contrôle strict d'accès à cette assemblée", a-t-il déclaré, saluant "les 500 actionnaires qui ont eu le courage de nous rejoindre".

 

Les manifestants sont néanmoins restés à proximité, environ une centaine de chaque côté du segment de rue, bloqué par des camions de police et gendarmerie. Quatre personnes ont été interpellées à ce stade, selon la police.

Si aucun de ces militants n'a réussi à entrer, une personne assise parmi les actionnaires a été brièvement entendue protester à l'intérieur de la salle, selon une journaliste de l'AFP, sans perturber la séance.

- "Sortir des énergies fossiles" -

Au même moment, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a appelé TotalEnergies à "mettre le paquet" sur les énergies renouvelables.

"Total investit dans les énergies renouvelables, mais l'enjeu, c'est d'aller plus vite, plus fort et surtout plus rapidement", a déclaré sur FranceInfo la ministre.

Arrivés au compte-gouttes, les actionnaires ont été accueillis par les cris des protestataires.

L'un d'eux, Jean-Paul (qui ne veut pas donner son nom) a expliqué à l'AFP avoir une "sensibilité écologique": "On est tous concernés par les phénomènes climatiques, mais il y a aussi des aspects économiques, d'emploi. C'est plus compliqué que ça".

"Assasins! Criminels!", lançaient certains manifestants.

"On ne les lâchera pas", assurait de son côté Marie Cohuet, porte-parole de l'association Alternatiba, pour qui l'entreprise "incarne le pire de ce qui se fait en termes d'exploitation des populations et de la planète". Le blocage était organisé avec d'autres associations dont Amis de la Terre, ANV-COP21, Attac, Greenpeace, Scientifiques en rébellion et Extinction Rebellion.

Cette réunion arrive à la fin d'une saison d'AG houleuses, au cours de laquelle les actions se sont multipliées contre les grands groupes sur fond de profits faramineux: ensemble, BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre, après une année 2022 grandiose.

A l'intérieur, TotalEnergies a interdit aux actionnaires et aux journalistes d'utiliser leurs téléphones portables, les obligeant à laisser certains effets personnels à l'entrée.

- Rémunération du PDG -

Les quelque 1,5 million d'actionnaires individuels, présents ou en ligne, seront appelés à voter deux fois sur le climat: une sur la stratégie climat du groupe, qui devrait être adoptée, et une autre, consultative, émanant de l'organisation d'actionnaires activistes Follow This, qui demande à TotalEnergies d'aligner ses objectifs de réduction d'émissions sur l'Accord de Paris de 2015, pour limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Parmi ces 17 investisseurs, qui détiennent près de 1,5% de TotalEnergies, figurent La banque PostaleAM, Edmond de Rotschild AM, La Financière de l’Échiquier.

Même si le groupe n'envisage pas de baisser significativement ses émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre dans la décennie, il entend consacrer un tiers de ses investissements dans les énergies bas carbone et atteindre 100 GW de capacités d'électricité renouvelable d'ici 2030.

TotalEnergies est présent dans de nombreux projets de gaz naturel liquéfié et de pétrole, aux Emirats arabes unis, en Irak, en Papouasie ou encore en Ouganda, avec le projet controversé de l'oléoduc chauffé Eacop devenu un symbole médiatisé de la lutte anti-pétrole.

Cette polémique s'ajoute à bien d'autres pour la major, critiquée pour son bénéfice record de 20,5 milliards de dollars (19,12 milliards d'euros) en 2022, ses impôts en France ou le salaire du PDG.

Une hausse de 10% de sa rémunération pour 2023 est d'ailleurs à l'ordre du jour de l'AG.

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S.Mitchell--TNT