Wall Street termine en baisse, nervosité sur la crise de la dette
La Bourse de New York a terminé en baisse mardi, alors que l'inquiétude pointe à Wall Street quant à la possibilité d'un défaut des Etats-Unis sur leur dette, sur fond de politique monétaire américaine toujours ferme.
Le Dow Jones a relâché 0,69%, l'indice Nasdaq a perdu 1,26% et l'indice élargi S&P 500 a cédé 1,12%.
"C'est la première fois qu'on voit une vraie nervosité (sur le marché) liée au dossier de la dette", a commenté Steve Sosnick, d'Interactive Brokers. "On s'approche (de la date limite). On est à une semaine ou deux" d'un possible défaut des Etats-Unis.
Une nouvelle réunion s'est tenue mardi à la Maison Blanche entre le président Joe Biden et des élus républicains du Congrès, sans qu'aucune avancée notable n'ait été enregistrée.
Il ne reste que neuf jours avant le 1er juin, date à partir de laquelle les Etats-Unis risquent de ne plus pouvoir faire face à leurs engagements.
"Et même si Biden et (le président républicain de la Chambre des représentants Kevin) McCarthy nous annoncent qu'ils ont trouvé un accord, il faut encore en passer par le Congrès, et ce ne sera pas du tout cuit", a prévenu Steve Sosnick.
L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché et l'anxiété des investisseurs, est monté de presque 8% mardi.
Quant au rendement des emprunts d'Etat américains à 3 mois, il a atteint son plus haut niveau depuis 22 ans, à 5,29%.
Défaut ou pas, cette crise de la dette a déjà un coût pour les Etats-Unis.
Mardi, le Trésor américain a émis des bons du Trésor avec échéance le 15 juin, au taux moyen de 5,83%, anormalement élevé compte tenu du fait que le taux de la banque centrale américaine (Fed) n'est que de 5,00% à 5,25%.
Autre nuage au-dessus de Wall Street, les indicateurs macroéconomiques du jour, qui "suggèrent que le processus de désinflation va bientôt patiner", selon Edward Moya, d'Oanda.
L'indice d'activité PMI de S&P Global a, en effet, dépassé sensiblement les attentes et montré que le secteur manufacturier et celui des services étaient tous deux en expansion en mai.
Les opérateurs ne voient plus la Fed baisser son taux directeur qu'une fois d'ici la fin de l'année, alors qu'ils anticipaient trois réductions il y a encore une semaine.
"Je ne pense pas que la Fed soit plus agressive. C'est le marché qui a évolué et s'est aligné avec la Fed", a fait valoir Steve Sosnick.
Ce repositionnement a joué sur les taux à moyen terme. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 2 ans a atteint 4,40%, une première depuis deux mois.
Le repli de la place new-yorkaise a été encouragé par l'incapacité des indices à franchir à la hausse des seuils techniques majeurs, notamment les 4.200 points en clôture pour le S&P 500, ce qui serait une première depuis neuf mois.
A la cote, après avoir mené la charge durant l'essentiel des cinq premiers mois de l'année, les capitalisations géantes du secteur technologique ont marqué le pas. Alphabet (-2,05%), Microsoft (-1,84%), Apple (-1,52%) ou Nvidia (-1,57%) ont tous fini en nette contraction.
Quelques représentants de la nouvelle économie ont échappé à la bourrasque, notamment le spécialiste de l'analyse de données et de l'intelligence artificielle Palantir (-6,76%), après que la médiatique gérante de fonds Cathie Wood a annoncé avoir acheté des titres du groupe de Denver (Colorado).
Autre survivant, le fabricant de semi-conducteurs Broadcom (+1,20%), soutenu par l'annonce d'un contrat de plusieurs milliards de dollars avec Apple, auquel il va fournir des éléments pour la connectivité au réseau 5G.
Ailleurs, la chaîne de bricolage Lowe's (+1,72%) a profité de résultats meilleurs que prévu, même si le groupe a abaissé ses prévisions annuelles, ceci afin de prendre acte "d'une demande moindre qu'attendu pour les dépenses non essentielles", a expliqué le PDG, Marvin Ellison.
Déjà bien orientée lundi, la banque régionale PacWest a de nouveau été recherchée (+7,74%). Le cours de l'établissement californien a triplé (+197%) depuis son plus bas de début mai, lorsqu'elle apparaissait comme une possible victime de la crise bancaire.
B.Cooper--TNT