BT, Vodafone: des milliers de suppressions d'emploi face à des résultats en berne
Les opérateurs téléphoniques britanniques BT et Vodafone, frappés par l'inflation de leurs coûts, ont annoncé à deux jours d'intervalles des dizaines de milliers de suppressions d'emplois.
BT, qui avait déjà commencé à réduire ses coûts dans un contexte économique difficile, a annoncé jeudi qu'il allait supprimer jusqu'à 55.000 emplois d'ici 2030.
Il compte s'appuyer d'ici la fin des années 2020 "sur une main-d'œuvre beaucoup plus restreinte et des coûts considérablement réduits", a indiqué son directeur général Philip Jansen dans un communiqué.
Les suppressions de postes représentent jusqu'à 42% des 130.000 personnes employées par le groupe, directement ou à travers des intermédiaires.
Mardi, le rival Vodafone avait indiqué prévoir d'éliminer 11.000 emplois sur trois ans afin de relancer sa compétitivité dans un contexte de sous-performance et de cours boursier en déclin depuis plusieurs années.
Vodafone comme BT ont pâti "des pressions inflationnistes, notamment des prix de l'énergie", relève Victoria Scholar, analyste d'Interactive Investor. L'analyste note en particulier que BT se concentre sur la numérisation et l'intégration de l'intelligence artificielle, des changements qui nécessiteront probablement moins de travailleurs, selon elle.
Les vastes coupes d'effectifs prévues par Vodafone et BT s'inscrivent dans un contexte d'inflation à quelque 10% au Royaume-Uni, la plus élevée du G7, dans un pays où le taux de chômage, bien qu'à des niveaux historiquement bas à 3,9%, est remonté ces deux derniers mois.
BT a vu son chiffre d'affaires diminuer de 1% à 20,7 milliards de livres pour son exercice achevé fin mars, malgré une hausse de 4% pour sa filiale Openreach, chargée de déployer la fibre au Royaume-Uni.
Son bénéfice net a fortement augmenté de 50%, mais avant tout grâce à un crédit d'impôts exceptionnel lié en partie à la cession de BT Sports, dans le cadre d'une coentreprise avec Warner BrosDiscovery. Le bénéfice avant impôts a lui diminué de 12% à 1,7 milliard de livres.
- 3 milliards d'économies -
BT précise que son plan de réduction de coûts, en oeuvre depuis avril 2020, est en bonne voie "avec des économies brutes de 2,1 milliards de livres" qui s'approchent de son objectif de 3 milliards.
Le groupe a aussi indiqué pendant l'exercice qu'il fusionnait ses divisions Entreprises et international dans une unité unique, BT Business, afin là aussi de générer des synergies de coûts. Il a dit espérer voir son résultat se redresser pour l'exercice en cours mais prévenu que les pressions du coût de la vie et de l'inflation vont continuer cette année.
Les suppressions de poste "visent à pérenniser les opérations du groupe", a estimé Dan Ridsdale, analyste chez Edison Group. Selon lui, "la plupart des investisseurs reconnaîtront la nécessité" pour l'industrie des télécoms "de réaliser économies de long terme"
Mais "l'ampleur de la réduction" et les perturbations que cela pourrait engendrer suscitent des inquiétudes, selon lui.
L'action BT chutait de plus de 7% à la mi-séance à la Bourse de Londres. En décembre, le groupe a mis fin à un mouvement de grèves au Royaume-Uni par un accord d'augmentation de salaires avec les syndicats.
Mais "nous avons clairement indiqué à BT que nous souhaitons conserver autant d'emplois directs que possible", a réagi jeudi le syndicat sectoriel CWU dans un communiqué. CWU estime que les suppressions d'emplois "devraient provenir en premier lieu des sous-traitants" mais aussi de départs "naturels" (comme les départs en retraite).
Patrick Drahi, patron du groupe de télécoms et de médias Altice, était devenu en juin 2021 le premier actionnaire de l'opérateur avec 12,1% du capital. Il avait porté quelques mois plus tard sa participation à 18%.
C.Bell--TNT