The National Times - Jugé pour viol en Suisse, Tariq Ramadan nie toute relation sexuelle

Jugé pour viol en Suisse, Tariq Ramadan nie toute relation sexuelle


Jugé pour viol en Suisse, Tariq Ramadan nie toute relation sexuelle
Jugé pour viol en Suisse, Tariq Ramadan nie toute relation sexuelle / Photo: © AFP

Jugé pour la première fois pour viol, l'islamologue Tariq Ramadan a reconnu lundi à Genève s'être laissé embrasser par la plaignante mais a nié toute relation sexuelle dans cette affaire qui remonte à 15 ans.

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La plaignante suisse, qui dit vivre sous la menace et souhaite être appelée sous le prénom d'emprunt de "Brigitte", avait une quarantaine d'années à l'époque des faits.

Elle assure que l'islamologue l'a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d'insultes, le soir du 28 octobre 2008, dans une chambre d'hôtel à Genève. Elle a porté plainte en 2018.

Pendant l'audience, "Brigitte" a demandé à être séparée de Tariq Ramadan par un paravent pour ne pas avoir à le voir durant un procès qui est pour elle "une épreuve et non une thérapie", selon le mot de son avocat français, François Zimeray.

Convertie à l'islam, elle a indiqué durant l'enquête avoir fait la connaissance de l'islamologue lors d'une séance de dédicaces, quelques mois avant les faits, puis lors d'une conférence en septembre. S'en était suivie selon elle une correspondance de plus en plus intime sur des réseaux sociaux.

Tariq Ramadan a paru tour à tour souriant, ému et parfois en colère lundi devant le Tribunal correctionnel de Genève.

Il a affirmé pendant l'audience souffrir de dépression et de sclérose en plaque mais a assuré vouloir "se battre" contre "le mensonge et la manipulation".

L'intellectuel suisse, figure charismatique et contestée de l'islam européen, risque entre deux et 10 ans de prison. Le jugement est attendu le 24 mai.

- "Multiples contradictions" -

"Nous avons vu quelqu'un qui commençait d'une voix chevrotante pour dire combien il était affaibli, pour ensuite se montrer extrêmement combatif", a réagi auprès de journalistes Me Zimeray. "Il y a de multiples contradictions entre ce qui a été dit et ce qu'il y a dans le dossier".

La plaignante sera entendue dans la soirée ou mardi. M. Radaman assure ne pas lui avoir dit qu'il se trouvait à Genève le soir des faits et soutient que c'est elle qui lui a proposé un café et s'est invitée dans sa chambre d'hôtel.

Pourquoi avoir accepté son invitation ? lui a demandé l'un des juges. "Je reçois des messages d'une personne qui dit m'avoir déjà vu. Je ne m'en souviens pas. Elle a une belle plume, elle est intelligente. Comme n'importe quel homme vous pouvez être intrigué", lui répond M. Ramadan.

"Ce n'est pas une rencontre philosophique, ni sentimentale. C'est une curiosité à l'endroit d'une femme qui est extrêmement insistante à me voir", poursuit-il. Il reconnaît l'avoir embrassée, avant de mettre fin à la relation.

Selon l'acte d'accusation cependant, il s'est rendu coupable de "viol à trois reprises" durant la même nuit et de "contrainte sexuelle".

- Dieudionné -

La défense entend faire témoigner mardi un ancien proche de la plaignante, l'humoriste controversé Dieudonné, dont le nom apparaît dans un courrier anonyme reçu par le tribunal.

"Dieudonné M'bala M'bala entend déférer à cette convocation afin de déposer sous serment sur les faits dont il a pu avoir connaissance. Il apportera son concours à la manifestation de la vérité", a indiqué à l'AFP son avocat.

Tariq Ramadan, âgé de 60 ans aujourd'hui, est menacé d'un procès en France pour des faits similaires.

Docteur de l'université de Genève, où il a écrit une thèse sur le fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans qui était son grand-père, Tariq Ramadan était professeur d'Etudes islamiques contemporaines à l'université d'Oxford, au Royaume-Uni, et invité de nombreuses universités au Maroc, Malaisie, Japon ou Qatar.

En France, il est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché sa chute en 2017.

Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d'assises. Il appartient aux juges d'instruction chargés des investigations d'ordonner un procès ou pas. Le dossier français lui a valu plus de neuf mois de détention provisoire en 2018, dont il est ressorti en novembre de la même année, restant depuis lors sous contrôle judiciaire.

Il est tenu de résider en France, mais bénéficie d'autorisations exceptionnelles de sortie du territoire français pour se rendre en Suisse.

T.Bailey--TNT