The National Times - Aux Etats-Unis, de nouveaux profils de pilotes malgré les coûts de formation

Aux Etats-Unis, de nouveaux profils de pilotes malgré les coûts de formation


Aux Etats-Unis, de nouveaux profils de pilotes malgré les coûts de formation
Aux Etats-Unis, de nouveaux profils de pilotes malgré les coûts de formation / Photo: © AFP

Caitlyn Blanco, une jeune Américaine hispanique, a rapidement compris que pour atteindre son but de devenir pilote d'avion, dans un milieu largement dominé par les hommes blanc, elle ne trouverait pas dans son entourage beaucoup de personnes pour la conseiller.

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"Et quand j'ai commencé à regarder les formations et que j'ai réalisé à quel point c'était cher, c'est devenu extrêmement angoissant", dit cette étudiante de 20 ans qui est quand même parvenue à rentrer à l'école de pilotage de l'université de Farmingdale, dans l'Etat de New York.

Un groupe de travail gouvernemental a identifié en 2022 une solution "largement inexploitée" au manque de pilotes signalé par les compagnies: "les jeunes issus de groupes actuellement sous-représentés". Mais il a aussi reconnu que le coût des formations était pour eux un "obstacle majeur".

Les sociétés de transport aérien s'activent pourtant pour recruter des nouveaux pilotes en masse afin de compenser les nombreux départs en retraite engagés pendant la pandémie.

Dans ce contexte, les syndicats sont parvenus à négocier des augmentations de salaires importantes et des bonus à l'embauche pouvant aller jusqu'à 100.000 dollars.

Mais avant de devenir pilote, il faut débourser des dizaines de milliers de dollars pour payer les heures de vols nécessaires aux diverses certifications en plus des frais de scolarité.

- Un "rêve différé" -

Pour Darrell Horton, le coût financier était tout simplement trop élevé lorsqu'il est entré à l'université. Il s'est plutôt engagé dans l'armée avant de travailler dans l'ingénierie et la gestion de projets.

Mais après un épisode contrariant chez son ancien employeur, et en voyant les gros titres sur une pénurie de pilotes, il a voulu tenter de nouveau sa chance.

A 37 ans, avec le soutien de sa femme, cet Afro-Américain est entré à l'Académie d'aviation mis en place par la compagnie United Airlines en octobre 2021.

"C'était comme un rêve différé pour moi", dit-il. Voler pour lui est "une sensation magique".

Khaled Chebli, 35 ans, est aussi devenu pilote sur le tard.

Il était déjà féru d'aviation quand il était enfant mais, faute de côtoyer des pilotes, il a entamé une carrière dans l'informatique. Avant de rencontrer la femme aux commandes du jet privé de son entreprise, devenue son mentor.

Pour éviter de s'endetter trop lourdement, il a pris des cours tout en continuant à travailler.

Employé maintenant chez United, il a souhaité à son tour encourager des jeunes et a créé une association pour soutenir des lycéens intéressés par l'aviation et leur fournir des bourses.

"C'est tellement cher historiquement de devenir pilote qu'il est presque indispensable de venir d'un certain milieu pour se permettre financièrement d'apprendre à voler", déplore-t-il.

- "Ca portera ses fruits" -

A Farmingdale, moins d'un tiers des étudiants commençant la formation d'aviation deviennent pilote, explique son directeur Michael Canders.

Beaucoup abandonnent après avoir réalisé qu'il fallait passer des nombreuses heures en classe avant de monter dans un appareil.

Etre "passionné par l'aviation" est la caractéristique la plus importante pour parvenir au bout de la formation, estime Michael Canders.

Pour Caitlyn Blanco, la passion est venue à environ six ans, alors qu'elle regardait depuis chez elle le va-et-vient des avions autour de l'aéroport de JFK à New York.

Sa mère l'a poussée à participer à des groupes d'amateurs d'aviation; un événement autour des Femmes dans l'aviation à l'aéroport de LaGuardia, à quelques kilomètres, l'a aussi encouragée.

Ses frais de scolarité sont couverts par une bourse. Mais la jeune fille jongle entre trois boulots pour financer les frais du quotidien et ses heures de vol, qui reviennent à environ 18.000 dollars par ans.

Elle vient de recevoir un certificat attestant de sa capacité à utiliser les instruments en cas de faible visibilité, une étape importante après sa première licence de pilote privé.

Elle espère pouvoir continuer à travailler en tant qu'instructrice de vol à Farmingdale après avoir reçu son diplôme afin d'avoir suffisamment d'heures de vol à son actif pour être embauchée dans une compagnie régionale d'ici trois ans.

"Trouver comment financer mes études est très stressant. Mais cela ne me décourage pas, car je sais que cela finira par porter ses fruits", dit-elle.

V.Allen--TNT