Go Sport: l'offre d'Intersport retenue, les salariés soulagés
Le tribunal de commerce de Grenoble a choisi la coopérative Intersport pour reprendre le groupe en difficulté Go Sport, au grand soulagement de ses salariés qui redoutaient de finir en liquidation "comme Camaïeu".
"Au regard du critère de la pérennité, l’offre d’Intersport France est plus sécurisante", note son jugement.
Le tribunal a ainsi suivi "l'avis unanime du parquet, des créanciers et des salariés", souligne le procureur adjoint François Touret de Coucy dans un communiqué.
Intersport s'engage à reprendre "72 magasins correspondant à 90% des emplois", pour un prix de 35 millions d'euros, contre 10 millions proposés par son rival, le groupe britannique Frasers-Sports Direct, selon ce communiqué.
La cooopérative a présenté son offre en coentreprise avec une société qatarie, Al-Mana, selon le dossier consulté par l'AFP au greffe du tribunal de commerce.
Christophe Lavalle, délégué Force ouvrière et membre du CSE de Go Sport, a aussitôt fait part à l'AFP de sa "satisfaction d’avoir échappé aux griffes d’un actionnaire incompétent et malfaisant, HPB", et de celle de "pouvoir sauver 90% des emplois de Go Sport au profit d’une société française en plein développement".
De son côté, le ministre de l'Industrie a salué une "bonne nouvelle" en appelant à accorder la "priorité" à l'accompagnement des salariés non repris. Go Sport compte quelque 2.150 emplois, Intersports a proposé d'en garder 1631 (1.446 sur les 1.574 en magasin et 185 au siège), selon le dossier consulté par l'AFP.
"Go Sport nous ressemble, avec pour ADN la randonnée, le ski, le vélo... et des profils de collaborateurs similaires. Et nous avons une complémentarité géographique: là où Intersport est faible, Paris et la région parisienne, Go Sport a un maillage fort. Et Go Sport est plutôt absent des zones, en province, où on est très forts", avait expliqué le PDG d'Intersports Jacky Rihouet à l'AFP en mars.
Actuellement deuxième acteur de la distribution d'articles de sports en France, cette "coopérative centenaire de près de 300 entrepreneurs français, exploitant plus de 800 magasins spécialisés" et "employant près de 18.000 personnes "ambitionne de "devenir leader" sur le marché, selon le communiqué du parquet.
Go Sport devrait ainsi rapidement quitter le giron de l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon, lui-même en pleine tourmente financière et judiciaire.
Sa société Hermione, People & Brands (HPB), qui entendait initialement présenter un plan de redressement de Go Sport, y avait finalement renoncé "avec regret" le 17 avril, faute de partenaire.
Le groupe a déclaré vendredi se réjouir d'une "issue favorable pour l’avenir de Go Sport et de ses salariés", tout en regrettant "de ne pas avoir été en mesure de présenter (son) plan de redressement en raison de l’obstruction de la procédure".
Après la liquidation de Camaïeu (2.600 salariés) en septembre, la holding de tête de l'empire Ohayon, la Financière immobilière bordelaise (FIB) s'est déclarée en cessation de paiements, 25 magasins Galeries Lafayette ont été mis en procédure de sauvegarde et l'enseigne Gap (350 salariés) en redressement judiciaire, connaîtra son sort le le 11 mai prochain - redressement ou cession.
La galaxie Ohayon fait aussi l'objet une enquête judiciaire au parquet de Paris pour "escroquerie en bande organisée, blanchiment habituel, banqueroute et abus de bien social", après "plusieurs révélations de faits délictueux" signalés par les commissaires aux comptes de Go Sport.
- "Aucune garantie" -
Les offres d'Intersport France et de Frasers étaient apparues dès le début comme les mieux placées face aux autres candidats, qui n'ont proposé que des reprises partielles de ses actifs et de ses salariés.
Frasers, tablait sur les "synergies parfaites" entre les deux sociétés, notamment en France, où il ne compte à ce jour que sept magasins.
Mais le représentant de Sports direct a plusieurs fois indiqué lors de l'audience du 18 avril "d'une part qu’il ne pouvait apporter aucune garantie sur le maintien de l’emploi dans les 2 ans, et d’autre part que la marque Go Sport n'avait aucun avenir", souligne le jugement tout en notant qu'au "regard des critères sociaux l’offre d’Interport était la mieux disante".
Selon Me Evelyn Bledniak, avocate du comité social et économique central (CSEC) de Go Sport, la présentation de Frasers à l'audience du 18 avril avait de fait "un peu troublé tout le monde".
M.A.Walters--TNT