The National Times - En pleine crise des retraites, Laurent Berger annonce son départ de la tête de la CFDT

En pleine crise des retraites, Laurent Berger annonce son départ de la tête de la CFDT


En pleine crise des retraites, Laurent Berger annonce son départ de la tête de la CFDT
En pleine crise des retraites, Laurent Berger annonce son départ de la tête de la CFDT / Photo: © AFP/Archives

Une décision attendue, mais qui tombe en pleine crise liée à la réforme des retraites: le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a annoncé mercredi qu'il quitterait au 21 juin ses fonctions à la tête du premier syndicat français.

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"Je pense que, le 21 juin, je laisserai une CFDT qui va bien", déclare M. Berger dans une interview au Monde, précisant avoir proposé au bureau national dans la matinée que ce soit Marylise Léon, actuelle numéro deux, qui lui succède.

A la tête de la CFDT depuis 2012, le syndicaliste de 54 ans rappelle qu'il avait annoncé lors du congrès de l'organisation en juin dernier qu'il s'en irait en cours de mandat.

"Ce n’est ni un coup de tête ni un choix dicté par l'actualité", assure-t-il au Monde, après trois mois de bras-de-fer sur la réforme des retraites, jugeant normal que la CFDT "se renouvelle", même s'il reconnaît "une période particulière".

Dès la présentation de la réforme le 10 janvier avec le report de l'âge légal de départ à 64 ans, Laurent Berger s'était montré très offensif, prenant la tête de la contestation au sein de l'intersyndicale, en lien étroit avec son homologue de la CGT Philippe Martinez.

Même si l'exécutif a eu des relations difficiles avec le syndicaliste réformiste, des macronistes lui reprochant d'avoir "joué double jeu" en ne soutenant pas certains aspects de la réforme, Emmanuel Macron a assuré mercredi avoir du "respect" pour M. Berger, ajoutant "oserais-je dire de l'amitié".

Le chef de l'Etat a aussi nié, lors d'un déplacement en Alsace, que leur relation se résume au "désaccord" sur la réforme des retraites. Plus tôt, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait salué "un partenaire sérieux, exigeant, parfois coriace".

Ce départ intervient alors que la CGT, deuxième syndicat du pays, vient elle aussi de changer de numéro un, Sophie Binet ayant succédé à Philippe Martinez le 31 mars à la surprise générale.

Les deux premiers syndicats français seront ainsi dirigés par des femmes.

- "S'essuyer les pieds" -

Sophie Binet a salué auprès de l'AFP cette "féminisation des organisations syndicales". "C'était prévu. C’est annoncé fin juin donc il n’y aura a priori pas d’impact au niveau de l’intersyndicale", a-t-elle ajouté, d'autant que "Marylise Léon gère déjà actuellement l’intersyndicale".

"Je ne pense pas que cela changera la donne pour l’intersyndicale car Marylise Léon est dans le même état d’esprit", abonde Benoit Teste (FSU), saluant la "rigueur intellectuelle et morale" de M. Berger et "le fait qu’il ait engagé la CFDT dans l’unité syndicale".

Le nom de Marylise Léon, 46 ans, secrétaire générale adjointe depuis 2018 et négociatrice sur les sujets emploi, circulait de longue date pour succéder à M. Berger. Elle sera nommée le 21 juin lors d'un prochain bureau national jusqu'au prochain congrès de la CFDT prévu en 2026.

"Elle est capable, avec l’équipe qui sera autour d’elle, d’impulser un nouvel élan", affirme Laurent Berger au Monde, saluant une syndicaliste "dynamique" qui "a une compréhension du monde du travail qui est forte".

Il réfute aussi l'idée que son départ, en pleine crise liée à la réforme des retraites, puisse affaiblir le mouvement social, estimant que le syndicalisme "sort gagnant de cette période".

Selon lui, le combat des retraites "n’est pas fini" et il appelle à nouveau à ce que les Français descendent dans la rue "de façon massive" le 1er mai, prévenant que ce qui peut "fracturer l’intersyndicale, c'est de ne pas décider ensemble ou de ne pas respecter ce qu’on a décidé ensemble".

Il égratigne au passage un président de la République qui "s’est essuyé les pieds sur les travailleurs et les travailleuses".

M. Berger réaffirme par ailleurs qu'il ne s'engagera pas en politique - ni en 2027, ni en 2032 -, estimant que "certains, parmi les soutiens du chef de l’Etat, ont voulu accréditer cette idée pour (lui) nuire et pour nuire à la CFDT".

P.Johnston--TNT