The National Times - Sur Twitter, les "couches pédophiles" et autres fausses rumeurs fleurissent

Sur Twitter, les "couches pédophiles" et autres fausses rumeurs fleurissent


Sur Twitter, les "couches pédophiles" et autres fausses rumeurs fleurissent
Sur Twitter, les "couches pédophiles" et autres fausses rumeurs fleurissent / Photo: © AFP

Les théories du complot se multiplient sur Twitter selon des associations, qui imputent le phénomène au retour des complotistes et à une tolérance accrue à leur égard depuis le rachat de la plateforme par Elon Musk.

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Quand la marque de couches pour bébés Huggies a dû se défendre en mars face à de fausses accusations de pédophilie, l'ONG Media Matters a ainsi retracé l'origine des fausses rumeurs à un influenceur réadmis sur le réseau social.

Vincent Kennedy, un partisan du mouvement conspirationniste QAnon, avait été banni de Twitter après l'assaut du 6 janvier 2021 contre le Capitole à Washington.

Il a posté la photo d'une couche comportant un personnage du "Roi Lion", après avoir entouré certains symboles faisant partie du dessin, des triangles et spirales, en référence à une théorie du complot selon laquelle il s'agirait de signaux codés utilisés par les pédophiles.

"Une fois que vous êtes vraiment réveillé, vous ne pouvez plus vous rendormir", a écrit M. Kennedy dans un tweet qui a été vu des millions de fois.

La fausse allégation s'est répandue comme une traînée de poudre sur d'autres plateformes telles que TikTok, au point que Kimberly-Clark, la maison mère de Kleenex et Huggies, a dû faire face à une avalanche de messages haineux et d'appels au boycott.

Quelque 67.000 comptes bannis de Twitter pour diverses infractions au règlement (incitation à la violence, harcèlement, désinformation...) ont été réinstaurés, suivant la vision quasi-absolutiste de la liberté d'expression prônée par Elon Musk, d'après Travis Brown, un développeur et chercheur basé à Berlin.

- "Dommages dans le monde réel" -

Les associations de défense des droits humains reprochent en outre au patron de Tesla et SpaceX d'avoir réduit à la portion congrue les équipes de modération des contenus en licenciant des milliers d'employés du groupe (soit entre 50 et 75% des effectifs totaux).

Dans une interview récente accordée à la BBC, Elon Musk a nié que la proportion de tweets toxiques était en hausse depuis le rachat.

"Vous dites qu'il y a plus de contenus haineux, mais vous n'avez pas un seul exemple", a-t-il lancé à l'intervieweur.

Les experts consultés par l'AFP ont recensé des dizaines d'exemples, de la propagande anti-vaccins aux commentaires par des suprémacistes blancs.

Jesse Lehrich, cofondateur de l'association Accountable Tech, anticipe des conséquences graves.

"Quand vous réintégrez les architectes de l'insurrection du 6 janvier alors que la démocratie vacille, quand vous offrez une plateforme à des néo-nazis notoires au milieu d'une montée de l'antisémitisme, quand vous laissez revenir des influenceurs spécialistes de la désinformation médicale en pleine pandémie, il y a des dommages dans le monde réel", a-t-il déclaré à l'AFP.

Quand son compte a été rétabli, Mike Lindell, un amateur de théories du complot sur les élections, a appelé ses abonnés à "faire fondre les machines de vote électroniques".

Le Center for Countering Digital Hate (CCDH) constate de son côté que la diffamation contre la communauté LGBTQ+ atteint des sommets sur la plateforme.

- "Monétise la haine" -

"Twitter monétise la haine à un niveau sans précédent", assure Imran Ahmed, directeur du CCDH. Cinq des comptes qui associent la communauté LGBTQ+ à des pédophiles génèrent jusqu'à 6,4 millions de dollars par an en recettes publicitaires, d'après l'ONG.

Mais les experts estiment que cette stratégie est contre-productive, car elle ne compense pas la fuite de nombreux annonceurs, qui ne veulent pas que leurs marques soient adossées à des tweets problématiques.

Les revenus de Twitter chuteront de 28% cette année, selon Insider Intelligence, car "les annonceurs ne font pas confiance à Musk", selon Jasmine Enberg, une analyste de ce cabinet d'études.

Pour générer de nouveaux revenus, Elon Musk a lancé un abonnement payant (à 8 dollars par mois), Twitter Blue, pour les utilisateurs voulant obtenir la coche bleue, gage d'authenticité.

Mais des dizaines de "super-diffuseurs de fausses informations" ont acheté la coche bleue et inondent la plateforme de désinformation, selon l'ONG NewsGuard.

"Musk a rétabli ces comptes pour gagner de l'argent et pour instaurer ce qu'il croit être, à tort, un état d'esprit de +liberté d'expression pour tous+, sans tenir compte du fait que cette politique fait de Twitter une plateforme qui récompense les propos violents par plus de visibilité", a souligné Nora Benavidez, de l'association Free Press.

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A.Davey--TNT