Immeuble effondré à Marseille: après les secouristes, place aux enquêteurs
Face aux décombres de l'immeuble soufflé dimanche à Marseille, l'espoir fond d'heure en heure pour les marins-pompiers de retrouver des survivants: deux personnes seraient encore sous les gravats et les enquêteurs ont désormais identifié quatre des corps extraits, trois femmes et un homme.
Les enquêteurs de la police judiciaire, saisis pour homicides involontaires, sont eux aussi présents sur site pour tenter de comprendre les causes de l'explosion à l'origine du drame dimanche à 00h46, au 17 rue de Tivoli.
Derrière les six corps extraits des décombres, des parcours de vie ont en tous cas commencé à émerger mardi matin, lors d'une nouvelle conférence de presse de la procureure de la République de Marseille, avec l'annonce de l'identité des quatre première victimes identifiées grâce à des éléments ADN, capillaires et dentaires.
Dans sa première conférence de presse dimanche, la magistrate avait aussi évoqué "un couple de jeunes trentenaires". Selon le quotidien régional La Provence, ils habitaient au deuxième étage, et les deux derniers habitants de l'immeuble seraient eux un couple d'octogénaires, Anna et Jacky.
En attendant l'identification des deux corps encore anonymes, deux personnes seraient donc a priori toujours sous les gravats. Mais le travail des marins-pompiers, à l'oeuvre 24 heures sur 24, est de plus en plus "périlleux", et ceux-ci travaillent désormais uniquement à la main, en raison "d'un danger très important sur la stabilité de l'immeuble du 19", qui menace de s'effondrer, a averti la magistrate.
"On travaille toujours avec l'espoir d'avoir un miracle, clairement il y a toujours des poches de survie, mais c'est sûr que plus le temps passe plus l'espoir va s'amenuiser", expliquait mardi matin le capitaine de frégate Guy, du bataillon des marins-pompiers.
- "On oublie toujours quelque chose" -
Du côté de l'enquête judiciaire sur les origines du drame, on travaille toujours "sur l'hypothèse d'une explosion au gaz", a insisté Mme Laurens, en précisant que seuls les appartements du rez-de-chaussée et du 1er étage en étaient équipés, les deuxième et troisième étages ayant eux été "neutralisés au niveau du gaz".
Parmi les décombres, les enquêteurs ont retrouvé le compteur de gaz de Mme Vaccaro. Celui-ci a été transmis à GRDF afin de vérifier une éventuelle "consommation anormale dans les 24 heures précédant l'explosion", a expliqué la magistrate, en soulignant que la cuisinière au gaz de l'habitante du 1er étage avait été récemment changée pour une cuisinière électrique, celle-ci ayant du mal à utiliser son ancien appareil.
Dans le quartier, les enfants ont eux repris le chemin de l'école. Pour les élèves de l'école élémentaire Franklin-Roosevelt, rue de Tivoli, cette rentrée a cependant eu un goût particulier: le bâtiment ayant été réquisitionné par les marins-pompiers, pour leur poste de commandement, ils ont été répartis dans différentes écoles du quartier.
Pour les quelque 200 personnes évacuées par précaution des immeubles voisins, la question est désormais de savoir quand ils pourront revenir chez eux. Une certitude: cette question ne se pose plus pour les résidents du 15, qui s'est lui aussi écroulé, quelques heures après le 17, ou pour ceux du 19, qui menace aussi de tomber.
Et d'autres immeubles pourraient eux aussi être définitivement condamnés: "Ca a été d'une violence inouïe et cela a fait bouger potentiellement les bâtiments adjacents, donc il faut être vigilant", avertissait lundi Yannick Ohanessian, l'adjoint au maire à la Sécurité.
Si les évacués des cinq ou six immeubles les plus éloignés du 17 rue de Tivoli pourraient rentrer chez eux dès mardi, comme l'ont évoqué les marins-pompiers lundi après-midi, pour les autres l'attente sera plus longue.
Certains des habitants des 220 logements vidés ont pu rentrer lundi l'espace de quelques minutes, pour récupérer effets personnels et documents administratifs indispensables. Ce mouvement devrait se poursuivre mardi.
Que prendre avec soi quand on ne sait pas quand on reviendra chez soi ? Les papiers, des vêtements, des médicaments... On "oublie toujours quelque chose", ont raconté à l'AFP des habitants évacués.
"Le pire, c'est de ne pas savoir combien de temps ça va durer. Ce qui m'angoisse le plus c'est de pas savoir où je vais vivre, s'il faut que je me trouve un nouvel appartement", témoigne Alhil Villalba, 33 ans.
M.Wilson--TNT