Fongicide dans l'eau potable: "pas de risque sanitaire", selon le gouvernement
La présence généralisée de résidus d'un fongicide dans l'eau du robinet ne présente "pas de risque sanitaire" mais des "mesures plus régulières" du produit vont être mises en place, a souligné le gouvernement vendredi.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a révélé jeudi dans un rapport la présence importante dans l'eau de pesticides et de leurs métabolites, c'est-à-dire des composants issus de leur dégradation.
Un cas a particulièrement attiré l'attention des experts: le métabolite chlorothalonil R471811 - le plus fréquemment retrouvé, "dans plus d'un prélèvement sur deux" - qui conduit à des dépassements de la limite de qualité (0,1 µg/litre) "dans plus d'un prélèvement sur trois". Le chlorothalonil est un fongicide interdit en France depuis 2020.
La campagne de détection "a mis en évidence des concentrations maximales de 2µg/L", souligne le ministère de la Transition écologique vendredi dans une déclaration transmise à la presse, également partagée par le ministre de l'Agriculture.
"La valeur sanitaire transitoire permettant de prévenir d’un risque sanitaire étant de 3µg/L, les eaux prélevées et analysées sont ainsi non conformes mais ne présentent pas de risque sanitaire", insiste-t-il.
"Dans ce contexte, le ministère de la Santé reste particulièrement vigilant sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine et va mettre en place, sous la conduite des ARS (Agences régionales de santé), des mesures plus régulières, à partir de 2023, du chlorothalonil et de ses métabolites", précise-t-on de même source.
Des ONG de défense de l’environnement ont réagi jeudi en réclamant un changement de modèle agricole, avec moins d'utilisation de pesticides.
Ces révélations interviennent alors que le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, veut freiner la procédure d'interdiction d'un autre produit, l'herbicide agricole S-métolachlore, pas encore banni par l'Union européenne.
Le rapport de l'Anses "invite les acteurs concernés à se préparer le plus tôt possible à la sortie de l’usage des pesticides", souligne le ministère de la Transition écologique.
"Il s’agit de prendre les devants, afin que les agriculteurs ne se retrouvent pas dans des impasses techniques et économiques, à l’instar des situations récentes du S-métolachlore ou des néonicotinoïdes, qui conduisent in fine à devoir augmenter notre dépendance agricole, y compris à des produits issus d’une agriculture écologiquement moins vertueuse", analyse-t-il.
F.Harris--TNT