L'Assemblée vote des mesures de blocage de prix, "victoire" de consolation pour les écolos
L'Assemblée nationale a adopté jeudi des mesures pour bloquer les prix de certains aliments, saluées comme des "victoires" par les écologistes, lors d'une journée où se profile le rejet de la plupart de leurs propositions, comme l'interdiction des vols en jets privés.
Issus des rangs communistes et LFI, les deux amendements votés sur le blocage des prix prennent des allures de lot de consolation à gauche, même si leur sort est incertain durant la suite de la navette parlementaire.
La quasi-totalité des propositions de loi de la "niche parlementaire" des députés écologistes avaient été soit rejetées, soit vidées de leur substance en commission. Le présage d'un sort identique lors d'une séance qui se télescope avec une nouvelle journée de mobilisation sur les retraites.
Les écolos ont ainsi échoué à faire adopter leur proposition phare d'une prime alimentaire pour aider les plus précaires à faire face à l'inflation, d'au moins 50 euros par mois et par personne.
Le gouvernement a obtenu que la balle lui soit renvoyée, pour soutenir des expérimentations locales de "chèques" alimentaires, une promesse d'Emmanuel Macron qui tarde à se concrétiser.
Mais des amendements de la gauche ont été adoptés contre l'avis de l'exécutif, avec le soutien notamment du RN.
L'un, déposé par les communistes, crée un "panier inflation" pour les produits agricoles et alimentaires avec des prix "fixés".
L'autre, venant des rangs LFI, élargit à l'ensemble du territoire un "bouclier qualité-prix" en vigueur dans les Outre-mer pour les produits alimentaires et d'hygiène "indispensables". L'amendement prévoit a minima "le blocage des prix pour cinq fruits et légumes de saison".
Les écologistes ont salué une "immense victoire", malgré les incertitudes avant le vote global.
- "Les nitrites tuent" -
Les écologistes ont essuyé un revers sur une autre mesure de la proposition de loi en débats, portée par la députée Francesca Pasquini. Elle proposait d'interdire à partir de 2024 les additifs nitrés dans toutes les charcuteries, ou au moins dans le jambon cuit, "particulièrement prisé des enfants".
"Les nitrites tuent les Français, et ça tue les plus pauvres", a lancé dans l'hémicycle le député Modem Richard Ramos, qui a soutenu la mesure avant son rejet, dénonçant les lobbies de l'industrie alimentaire freinant des quatre fers.
Après un avis de l'agence sanitaire Anses confirmant le lien entre exposition aux nitrites et risque de cancers, le gouvernement a demandé fin mars aux industriels de baisser les doses dans les charcuteries.
Mais des associations demandent d'aller plus loin. "Plus de 4.000 cas de cancers de l'estomac et du côlon pourraient être évités en France. Il n'y a aucune dose acceptable dans notre alimentation", estiment ainsi la Ligue contre le Cancer et l'association Foodwatch.
- "Ecologie protectrice" -
Parmi les quatre autres textes au programme jeudi, les écologistes ne se font pas d'illusions sur les chances de l'interdiction des vols en jets privés et de la chasse le dimanche, ou de l'accès au RSA dès 18 ans.
La principale chance de succès législatif concerne le deuxième texte au menu jeudi, visant à faciliter l'indemnisation des victimes du "retrait-gonflement des argiles" dans les sols, un phénomène accentué par le réchauffement climatique et qui endommage les habitations.
Il "changerait radicalement le rapport de force entre assureurs et assurés", qui se sentent aujourd'hui démunis et "noyés dans des procédures", plaide Sandrine Rousseau, porteuse de ce texte qui doit montrer "que l'écologie n'est pas que punitive, mais aussi protectrice".
La cheffe de file des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, a regretté l'opposition du camp présidentiel, et en particulier des députés Renaissance, aux propositions de son groupe. "Il n'y aucune nouvelle méthode du gouvernement, il continue à rejeter absolument tout ce qui ne vient pas de lui", s'est-elle agacée.
"Sur les nitrites, c'est incompréhensible, on est sur des substances cancérogènes", a dénoncé Mme Chatelain.
A l'heure où l'exécutif prône une "nouvelle méthode de dialogue", c'est "une démonstration de sectarisme", a tonné son groupe, qui s'est résigné à retirer plusieurs textes initialement au menu, comme celui sur une interdiction des publicités numériques et lumineuses dans l'espace public.
M.A.Walters--TNT