The National Times - Sophie Binet élue à la tête d'une CGT profondément divisée

Sophie Binet élue à la tête d'une CGT profondément divisée


Sophie Binet élue à la tête d'une CGT profondément divisée
Sophie Binet élue à la tête d'une CGT profondément divisée / Photo: © DPA/AFP/Archives

Coup de théâtre à la CGT: la responsable de la Fédération des cadres (Ugict) Sophie Binet a été élue vendredi secrétaire générale de la CGT, après Philippe Martinez, devenant ainsi la première femme à la tête du syndicat depuis sa création en 1895, avec la lourde charge de recoller les morceaux en interne, en pleine bataille sur la réforme des retraites.

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Sophie Binet, âgée de 41 ans, est une ancienne membre du syndicat étudiant Unef et du PS et ancienne conseillère principale d'orientation (CPE). Elle était à la tête de l'Ugict depuis 2018.

La nouvelle équipe dirigeante --secrétaire général, administrateur et bureau exécutif-- devrait être présentée aux congressistes ce vendredi, avant une conférence de presse prévue à midi.

Ce sera l'occasion pour Mme Binet de dire si elle souhaite que la CGT participe à la réunion prévue la semaine prochaine entre l'intersyndicale et la Première ministre Elisabeth Borne, à Matignon.

Issue de la Commission exécutive confédérale, la direction élargie de la CGT, Sophie Binet était référente du collectif femmes mixité et engagée sur les questions environnementales et l'égalité hommes-femmes.

Cette élection survient au terme d'une nuit de tractations au cours de laquelle aucune des deux candidates jusqu'alors pressenties, Marie Buisson, la dauphine du secrétaire général sortant Philippe Martinez, et Céline Verzeletti, ne sont parvenues à faire consensus sur leur nom.

Elle clôt une semaine de congrès houleux, reflet des fractures profondes de la CGT et la défiance de nombre d'organisations vis-à-vis de la direction sortante, au premier rang desquelles plusieurs puissantes fédérations industrielles (cheminots, énergie, chimie).

La Commission exécutive confédérale (CEC), la direction élargie de la CGT, avait commencé ses travaux vers 23H00 jeudi. Marie Buisson a mis sur la table une proposition d'équipe dirigeante, avec elle-même comme secrétaire générale. Mais cette proposition a été rejetée par le Comité confédéral national, le parlement du parti.

Les 66 membres de la CEC se sont à nouveau réunis et ont réfléchi à une solution autour de Céline Verzeletti, sans parvenir à un accord.

Une "troisième voie" a alors émergé, autour de Mme Binet, dont le nom avait été évoqué ces derniers mois, mais sans apparaître comme une option solide.

Le Congrès avait démarré dans une atmosphère tendue lundi, une vingtaine de membres de la fédération du commerce étant entrés de force dans la salle des débats pour protester contre le fait qu'ils ne puissent y siéger.

- "Pressions, menaces" -

Mardi, les congressistes ont rejeté le rapport d'activité de la direction sortante (50,32% des voix contre), un événement sans précédent dans l'histoire de la CGT et un désaveu majeur pour Philippe Martinez et sa dauphine.

Membre du bureau du Congrès, Géraldine Madounari s'était émue mercredi à la tribune: "Se promener dans les allées amène à voire et entendre le pire de l'humanité. Pressions, menaces, votes orientés", avait-elle lancé.

Les débats sur le document d'orientation ont montré les désaccords entre les cégétistes sur les liens de la CGT avec les syndicats qui lui sont proches (FSU et Solidaires), sur l'écologie ou encore sur les questions internationales --certains demandent toujours que la CGT adhère à la Fédération syndicale mondiale (FSM) qu'elle a quittée en 1995.

Point de crispation particulièrement aigu, la question de l'appartenance de la CGT au collectif "Plus jamais ça", que la CGT a cofondé en mars 2020 avec des ONG et des associations, dont Greenpeace et Oxfam, et où Marie Buisson représentait la CGT.

Jeudi soir, un vote allant dans le sens d'une sortie de la CGT de ce collectif a sonné comme un signal d'alarme pour la direction sortante.

In fine, le document d'orientation a été adopté avec 72,79%, un score supérieur à celui du congrès de Dijon en 2019, selon Laurent Indrusiak, de la commission du document d'orientation. La direction avait pris soin d'arrondir les angles sur les aspects les plus clivants du document.

Jeudi soir, un "appel" a été voté, dans lequel la CGT a redemandé le "retrait pur et simple" de la réforme des retraites. "Il n'y aura ni médiation, ni compromis", dit le texte, prenant ses distances avec l'idée de "médiation" portée par l'intersyndicale et approuvée par Philippe Martinez mardi.

A.Robinson--TNT