Wall Street ouvre en baisse, la nervosité plane toujours
La Bourse de New York a ouvert en baisse jeudi, à la recherche d'une direction alors que le spectre d'une contagion au sein du secteur bancaire est toujours présent, comme l'illustre la nouvelle glissade de plusieurs établissements régionaux.
Vers 13H50 GMT, le Dow Jones perdait 0,74%, l'indice Nasdaq cédait 0,25% et l'indice élargi S&P 500 reculait de 0,44%.
La journée de jeudi s'annonce "comme la boîte de chocolats de +Forrest Gump+: vous ne savez jamais sur quoi vous allez tomber", a osé Patrick O'Hare, analyste de Briefing.com, en référence au film de Robert Zemeckis.
Nettement dans le rouge pendant l'essentiel de la séance de mercredi, Wall Street s'était reprise avant la clôture grâce aux annonces d'une intervention des autorités suisses pour contenir la crise du géant bancaire Credit Suisse.
"On a été capable de se relever hier (mercredi), mais il va nous falloir un peu plus de clarté aujourd'hui (jeudi)" pour aller de l'avant, a prévenu Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.
Après une série de mouvements brutaux, le marché obligataire se stabilisait jeudi, ce qui contribuait à apaiser des investisseurs toujours nerveux.
Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans ressortait à 3,42%, contre 3,45% la veille, tandis que le taux à 2 ans remontait légèrement, à 3,92%, contre 3,88% mercredi en clôture.
Mais plusieurs marqueurs témoignaient encore d'un marché en alerte, à l'instar de l'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché et qui remontait de plus de 3%.
"Il y a encore de l'anxiété quant à une possible contagion au sein du secteur bancaire, au niveau des banques régionales ici ou à l'international avec Credit Suisse", a relevé Art Hogan, "et cela ne va pas disparaître en un jour."
Considérée comme le prochain maillon faible des établissements régionaux ou de taille moyenne, la banque californienne First Republic était de nouveau prise pour cible et son action chutait de 29,75%.
Le titre de l'enseigne de San Francisco a perdu plus de 80% de sa valeur boursière en huit jours.
Le vent mauvais soufflait aussi sur d'autres banques, la californienne PacWest (-19,44%) ou Western Alliance (-8,90%), dont le siège est à Phoenix (Arizona).
Les grandes banques américaines étaient aussi en retrait, mais nettement plus modéré, à l'image de JPMorgan Chase (-0,62%). Bank of America parvenait même à s'élever dans le vert (+0,21%).
Comme lors des séances précédentes, les investisseurs ont montré peu d'intérêt pour les indicateurs macroéconomiques du jour.
Les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage ont de nouveau reflué, à 192.000, soit sensiblement moins que la semaine dernière (212.000) et que ce que prévoyaient les économistes (205.000).
Par ailleurs, les mises en chantier et les permis de construire sont également ressortis très au-dessus des attentes en février. "C'est un bonne chose", selon Art Hogan, pour qui "la stabilité de l'immobilier est un élément positif".
Les opérateurs tablent de nouveau très majoritairement sur une hausse d'un quart de point du taux directeur de la banque centrale américaine (Fed) la semaine prochaine.
Ils demeurent néanmoins convaincus que la Fed va procéder à plusieurs baisses de taux d'ici à la fin de l'année.
A la cote, Snap (+8,08%), maison mère du réseau social Snapchat, avait le vent dans le dos alors que le gouvernement américain a officiellement recommandé la cession de TikTok par son actionnaire chinois ByteDance, faute de quoi la plateforme vidéo s'expose à une interdiction pure et simple aux Etats-Unis.
La nouvelle bénéficiait aussi à Meta (+0,09%), déjà soutenu par l'annonce, mardi, d'une nouvelle vague de 10.000 suppressions de postes, qui portera à 24% la part des effectifs effacés de l’organigramme du groupe de Menlo Park (Californie).
Dans une moindre mesure, la plateforme créative et réseau social Pinterest (+2,20%) et Alphabet (+1,44%), maison mère de YouTube, étaient également recherchés.
Le spécialiste des logiciels de création et de gestion de documents Adobe était lui aussi recherché (+2,98%), après la publication de résultats trimestriels supérieurs aux attentes. Le groupe a aussi relevé ses prévisions pour l'ensemble de l'exercice 2023 (clôturé début décembre).
P.Sinclair--TNT