The National Times - Retraites: accord entre députés et sénateurs à la veille d'une journée décisive

Retraites: accord entre députés et sénateurs à la veille d'une journée décisive


Retraites: accord entre députés et sénateurs à la veille d'une journée décisive
Retraites: accord entre députés et sénateurs à la veille d'une journée décisive / Photo: © AFP

Fumée blanche au conclave parlementaire: députés et sénateurs ont trouvé mercredi un accord sur la réforme des retraites, à la veille d'une journée décisive mais encore incertaine à l'Assemblée nationale pour ce projet ultracontesté d'Emmanuel Macron.

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"Par ce compromis, ils répondent à la demande des Français de bâtir ensemble des solutions pour le pays", s'est réjouie sur Twitter la Première ministre Elisabeth Borne, qui joue en partie son poste à Matignon sur cette réforme.

 

Ils avaient auparavant trouvé un compromis sur le sujet crucial des carrières longues, qui va déterminer en grande partie le vote des députés Les Républicains dont l'exécutif a besoin pour faire adopter sa réforme sans passer par le 49.3.

- Nouvelle mobilisation -

Reste à savoir si ce compromis, dont les détails n'ont pas été dévoilés, suffira à satisfaire les LR récalcitrants. "Je voterai contre" la réforme si un dispositif comprenant une durée maximale de cotisation de 43 ans pour l'ensemble des salariés n'est pas validé, a martelé leur meneur Aurélien Pradié.

La réforme, sur laquelle Emmanuel Macron joue aussi en partie ses galons de réformateur, doit maintenant être soumise à un vote jeudi au Sénat, le matin, et à l'Assemblée, l'après-midi.

 

A Paris, la CGT a dénombré 450.000 manifestants, soit davantage que les 300.000 comptés samedi par le syndicat, mais moins que son bilan de la journée record du 7 mars pour la capitale (700.000).

A Marseille, 7.000 personnes ont défilé selon la préfecture, 160.000 d'après l'intersyndicale. Le 7 mars, la police avait recensé 30.000 manifestants et les syndicats 245.000.

Des tensions ont émaillé certains cortèges, comme à Rennes où de nombreuses vitrines ont été endommagées. La préfecture a annoncé 18 interpellations.

À Saint-Etienne, des heurts ont eu lieu devant les locaux du Medef, la police faisant usage de gaz lacrymogène.

"Ne votez pas cette loi, elle est déconnectée de la réalité concrète du travail", a lancé aux élus le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, présent dans le rassemblement parisien. Le gouvernement "essaye de rouler tout le monde", notamment la droite, a dénoncé le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

Les voix des Républicains sont cruciales pour le camp présidentiel qui ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée.

"Plus que jamais le gouvernement cherche à ce qu'une majorité naturelle puisse soutenir cette réforme urgente et cruciale", a déclaré son porte-parole Olivier Véran, à l'issue du Conseil des ministres.

- 49.3? -

Si le vote du Sénat, où droite et centristes sont majoritaires, devrait sans surprise être positif, le suspense demeure sur celui qui doit suivre à l'Assemblée, avec les divisions qui perdurent chez Les Républicains.

"Ce n'est pas un vote d'adhésion, c'est un vote de responsabilité", a martelé à leur intention M. Véran.

"Jusqu’au dernier moment, il y aura une incertitude", relève auprès de l'AFP une source gouvernementale.

Ces doutes laissent planer la possibilité que le gouvernement déclenche l'article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption sans vote.

Plusieurs voix dans le camp des Républicains ne s'opposent pas à cette hypothèse. "Il vaut mieux un 49.3 que pas de réforme du tout", a estimé sur France Inter le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau.

Y avoir recours serait toutefois perçu comme un geste politique ravageur, susceptible de durcir le mouvement comme ont averti plusieurs leaders syndicaux. Utiliser le 49.3 expose aussi l'exécutif à une motion de censure.

- CDI senior -

La CMP se tenait à huis clos comme c'est toujours le cas mais ses travaux ont été commentés en direct sur les réseaux sociaux par les élus de gauche qui ont dénoncé un manque de transparence. Signe de la fébrilité ambiante? Les députés LR ont envoyé par erreur leur communiqué se félicitant d'un compromis avant même la fin des travaux, s'attirant les railleries de la gauche et du Rassemblement national.

La commission a aussi dessiné un accord sur la création, proposée par la droite sénatoriale, d'un CDI senior, exonéré de cotisations familiales. Mais le dispositif serait expérimenté jusqu'en 2026 et n'aurait qu'un champ limité.

Malgré un essoufflement des manifestations, des grèves reconductibles se poursuivaient, même si on est loin d'une "France à l'arrêt".

A la SNCF, quelque 15% de grévistes étaient recensés à la mi-journée selon une source syndicale, en nette baisse par rapport au 7 mars. Dans la fonction publique d'Etat, on comptait moins de 3% de grévistes, contre près de 25% il y a huit jours.

Quelque 7.000 tonnes d'ordures s'amoncellent à Paris où les éboueurs ont voté la poursuite de leur mouvement au moins jusqu'au 20 mars.

L'intersyndicale va se réunir dans la soirée.

T.Hancock--TNT