The National Times - "J'ai cru que j'allais m'étouffer": course contre la montre en Colombie pour sauver dix mineurs piégés

"J'ai cru que j'allais m'étouffer": course contre la montre en Colombie pour sauver dix mineurs piégés


"J'ai cru que j'allais m'étouffer": course contre la montre en Colombie pour sauver dix mineurs piégés
"J'ai cru que j'allais m'étouffer": course contre la montre en Colombie pour sauver dix mineurs piégés / Photo: © Cundinamarca Fire Department/AFP

"J'ai cru que j'allais m'étouffer", témoigne mercredi auprès de l'AFP un mineur rescapé du coup de grisou la veille dans une mine de Colombie qui a fait au moins onze morts, alors que les secours tentent d'en sauver dix autres portés disparus à 900 mètres de profondeur.

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L'accident est survenu mardi soir dans une mine de charbon de la municipalité de Sutatausa (centre), après une "accumulation" de gaz entrée en contact avec "une étincelle générée par la pioche" d'un ouvrier qui a déclenché l'explosion dans plusieurs mines légales reliées entre elles, a expliqué au média Blu Radio le gouverneur du département de Cundinamarca, Nicolas Garcia.

"Onze personnes ont été retrouvées mortes et nous continuons les recherches pour secourir les dix qui restent" coincées, a-t-il dit, ajoutant que "toutes les équipes de l'Agence nationale des mines (ANM), pompiers, défense civile, Croix-rouge participent activement aux secours", dans le département de Cundinamarca, à deux heures de la capitale Bogota.

Les mineurs piégés sont à 900 mètres de profondeur, ce qui rend difficiles les opérations de secours pour la centaine de sauveteurs, selon le gouverneur. "Chaque minute qui passe, c'est moins de temps pour l'oxygène" et cela va être "assez difficile" de les retrouver vivants, a-t-il estimé.

L'Agence nationale des mines a indiqué sur Twitter que deux mineurs avaient pu être "sauvés vivants" peu après l'explosion.

"J'étais en train de travailler normalement quand j'ai senti un grondement", puis "j'ai cru que j'allais m'étouffer et je ne voyais plus rien", a témoigné par téléphone auprès de l'AFP Joselito Rodriguez, un mineur de 33 ans. "Dieu merci, nous sommes sortis indemnes mais d'autres sont déjà morts", a-t-il regretté peu après avoir quitté l'hôpital où il a été soigné pour insuffisance respiratoire.

- "Solidarité" -

Des images diffusées par des médias locaux montrent des pompiers et des secouristes opérant aux entrées des mines. Des mineurs travaillant sur d'autres exploitations sont venus leur prêter main forte. Autour, une poignée de personnes attendent des nouvelles de leurs proches.

"Une regrettable tragédie est survenue dans la mine de Sutatausa où onze personnes ont trouvé la mort. Nous mettons tout en œuvre avec le gouvernement de Cundinamarca pour sauver les personnes prises au piège. Solidarité aux victimes et à leurs familles", a tweeté mercredi matin le président Gustavo Petro.

Les accidents dans les mines, souvent provoqués par des coups de grisou, sont fréquents en Colombie, notamment dans les exploitations minières illégales, nombreuses dans le pays.

La Colombie a enregistré plus de 1.600 accidents miniers entre 2011 et mai 2022, pour un bilan annuel moyen de 103 morts, selon les données officielles (148 morts en 2021).

En août, neuf mineurs ont pu être sauvés dans ce même département de Cundinamarca après l'effondrement de la mine de charbon illégale dans laquelle ils travaillaient. En juin, quinze mineurs sont morts dans une mine de charbon de la municipalité de Zulia, près de la frontière vénézuélienne.

Le pétrole et l'extraction minière légale sont les principaux produits d'exportation de la Colombie, important producteur de charbon. Selon le ministère des Mines et de l'Energie, la Colombie disposait en 2020 de "53% des réserves prouvées de charbon en Amérique latine et de 0,6% des réserves" mondiales.

Au moins 130.000 personnes vivent légalement de l'exploitation minière en Colombie, quatrième économie d'Amérique latine. Mais les syndicats dénoncent régulièrement les mauvaises conditions de travail, le manque d'équipement de protection et l'amplitude horaire.

Gustavo Petro avait, avant même sa prise de pouvoir en août, qualifié le charbon de "poison" et s'était engagé à transférer les emplois miniers vers les secteurs agricole, de l'énergie propre et du tourisme.

Mais l'exploitation minière illégale, avec le trafic de drogue, sont les deux principales sources de revenus des différents groupes armés colombiens.

S.Cooper--TNT