Retraites: le gouvernement convaincu d'avoir une majorité avant le conclave parlementaire
Une fumée blanche sortira-t-elle du conclave ? Le gouvernement se dit convaincu de disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale sur sa réforme des retraites mais compte, avant d'aller au vote, sur la réunion des élus des deux chambres mercredi pour échafauder, sous haute tension, un texte de compromis.
"Si la CMP (commission mixte paritaire) a un texte commun, ce texte aura une majorité" jeudi au Sénat puis à l'Assemblée, a assuré mardi sur CNews le ministre du Travail Olivier Dussopt.
Les sept députés et les sept sénateurs, et autant de suppléants qui composent cette instance tenteront de s'accorder sur un texte commun dès mercredi matin au Palais Bourbon.
La mobilisation sociale face au projet semble s'essouffler, mais ses conséquences restent particulièrement désagréables dans plusieurs villes: des monceaux d'ordures jonchent les rues, avec 6.600 tonnes de déchets non ramassés rien qu'à Paris.
A l'Assemblée, même si un compromis est probable au sein de la commission mixte où les macronistes et la droite sont majoritaires, la tension est palpable mardi, et le suspense toujours immense sur le vote qui suivra jeudi.
Cette incertitude laisse planer la possibilité que le gouvernement déclenche l'article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption sans vote mais expose l'exécutif à une motion de censure.
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a dit non mardi à la demande des socialistes et de La France insoumise d'une retransmission audio et vidéo de la réunion de la commission mixte.
Ses débats feront donc l'objet d'un compte rendu écrit, mais qui risque d'être publié sur le site de l'Assemblée avec plusieurs heures voire quelques jours de décalage.
- "Magouilles" -
Le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud avait demandé de rendre ce débat en CMP public, afin d'être à la hauteur du "moment politique". Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a appuyé la requête, pour éviter "un huis clos secret avec des arrangements, des combines et des magouilles".
En réaction, LFI devrait tweeter en direct les délibérations du conclave. Après la réponse de la présidente de l'Assemblée, le député LFI Hadrien Clouet, membre suppléant de cette CMP, a promis de "se charger du compte-rendu écrit" et donné rendez-vous sur les réseaux sociaux.
Les parlementaires fourbissaient leurs armes et leurs arguments en vue du conclave. "Ce n’est pas un dîner entre amis cette CMP", a prévenu auprès de l'AFP Hadrien Clouet.
Mais Thomas Ménagé, membre titulaire pour le groupe Rassemblement national, admet qu'"on sera en partie spectateurs de quelque chose qui a déjà été décidé ailleurs" entre le gouvernement et les Républicains, sur lesquels l'exécutif compte pour faire passer sa réforme.
Le gouvernement a déjà concédé à la droite un recul de l'âge de départ à 64 ans, et non 65, ainsi qu'un relèvement des petites pensions élargi aux retraités actuels.
- "Effets financiers" -
Au sein du groupe LR, on souligne que le "seul sujet" sera les carrières longues.
Certaines concessions sur ce sujet faites à LR sous l'impulsion du député Aurélien Pradié pourraient disparaître du texte final, a prévenu lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, soucieux de "l'équilibre" financier de la réforme.
Sur le CDI senior, voté par le Sénat à majorité de droite, "il y a une discussion (...) pour faire en sorte que les effets financiers ne soient pas trop importants", a précisé Olivier Dussopt.
La droite pourrait aussi remettre sur la table un amendement qui demande que la suppression des régimes spéciaux de retraite, plus généreux, concerne aussi les salariés actuels. Il n'avait pas pu être voté au Sénat.
Cette commission, "ça risque d’être un peu long", relève le député centriste du groupe Liot et vieux routier de l'Assemblée, Charles de Courson.
Les yeux sont déjà rivés sur la journée de jeudi à l'Assemblée, où les députés opposés à la réforme préparent une motion de rejet global du texte, s'il est soumis au vote, et une "motion de censure transpartisane" contre le gouvernement.
Le patron de la CFDT Laurent Berger a une nouvelle fois appelé le gouvernement à soumettre la réforme au vote, mettant en garde contre les conséquences d'un passage en force via le 49.3, une option qui doit auparavant être autorisée en Conseil des ministres.
Côté blocages, mercredi ne devrait pas être une "journée noire" dans les transports publics, avec moins de perturbations que précédemment, a indiqué le ministre des Transports Clément Beaune.
La plupart des raffineries françaises restaient bloquées mardi, mais les grévistes étaient réticents à mettre les sites totalement à l’arrêt.
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L.Johnson--TNT