The National Times - Retraites: la droite plus que jamais courtisée, les ordures s'accumulent

Retraites: la droite plus que jamais courtisée, les ordures s'accumulent


Retraites: la droite plus que jamais courtisée, les ordures s'accumulent
Retraites: la droite plus que jamais courtisée, les ordures s'accumulent / Photo: © AFP/Archives

Le gouvernement, déterminé à ne pas recourir au 49.3, était plus que jamais lundi à la merci des voix de droite pour faire adopter sa réforme des retraites. La mobilisation semble s'essouffler même si des blocages persistent et que les monticules d'ordures s'entassent dans plusieurs villes.

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A Paris, 5.600 tonnes de déchets restaient non ramassés, selon la mairie, commerçants et habitants s'inquiétant d'une prolifération des nuisibles.

Pour une majorité de Français, la responsabilité du conflit social revient d'abord à l'exécutif qui affiche, de son côté, sa détermination à ne pas utiliser le 49.3 alors que l'épilogue parlementaire se profile.

"Aujourd'hui, on ne voit pas pourquoi il faudrait (l') utiliser", a commenté Gabriel Attal, ministre délégué aux Comptes publics, sur France Inter. "Si chacun est cohérent avec les engagements, les déclarations qu’il a faites devant les Français (...) il y a une majorité pour voter le texte."

Un discours également martelé sur LCI par le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran: ce n'est pas "un outil qu'on aurait dans la poche, prêt à dégainer".

Être obligé d'avoir recours à cet article serait perçu comme un signe politique ravageur, susceptible d'attiser les tensions sociales. D'autant que sur cette réforme très controversée, le gouvernement a déjà choisi de restreindre à 50 jours le débat au Parlement et de dégainer au Sénat un outil lui permettant un vote bloqué sur l'ensemble du texte.

Dans ce contexte inflammable, après le feu vert samedi du Sénat en faveur du projet, la chasse aux voix reste cruciale pour l'exécutif.

Dans le camp présidentiel, "s'il nous (en) manquait, ce serait véritablement anecdotique", a assuré Olivier Véran, malgré les réticentes affichées par plusieurs parlementaires.

Matignon devrait réunir en fin d'après-midi les élus de la majorité, selon une source au sein de l'exécutif.

- "L'envie d'aller au 49.3" -

Mais l'incertitude régnait toujours sur le choix de plusieurs députés LR, le parti tablant sur une quinzaine de votes contre.

"Chez LR, il y a l’envie d’aller au 49.3. Comme ça ils taperaient à nouveau sur la fragilité du gouvernement, montreraient qu’ils sont pivot plus que jamais", relève un député de la majorité.

Les tractations vont se poursuivre. Mercredi, elles battront leur plein en commission mixte paritaire (7 députés et 7 sénateurs) dans l'espoir qu'Assemblée nationale et Sénat tombent sur un accord, qui devra être ensuite validé jeudi.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a mis la pression sur Les Républicains, son ancienne formation. "Ce serait lunaire d'avoir un parti qui vote un texte au Sénat et qui ne le vote pas à l'Assemblée nationale", a-t-il souligné sur franceinfo.

Et de rappeler que certaines concessions sur les carrières longues faites aux LR sous l'impulsion du député Aurélien Pradié pourraient ne pas se retrouver dans le texte final.

Au final, pour le député Renaissance Eric Woerth, ne pas voter la réforme serait aller au "détriment de la nation". S'il faut aller jusque-là, le 49.3 ne serait "pas un aveu de faiblesse", mais "un aveu de réalisme et de pragmatisme", a estimé sur Europe 1 l'ancien ministre du Budget,porteur d'une réforme des retraites en 2010.

- "Aveu d'échec" -

Du côté des oppositions, l'éventuel recours à cet article serait en tout cas considéré comme un casus belli. Des discussions sont en cours pour déposer "des motions de censure", a averti sur franceinfo le député centriste (LIOT) Charles de Courson.

Ce serait un "terrible aveu d'échec de ce gouvernement", a mis en garde le président du groupe écologiste au Sénat, Guillaume Gontard, le patron de la CFDT Laurent Berger, dénonçant "une forme de vice démocratique".

Sur le front social, la mobilisation s'est essoufflée samedi, septième journée d'actions organisée par l'intersyndicale.

Et les Français, majoritairement hostiles à la réforme, sont toutefois convaincus qu'elle sera votée et appliquée, d'après les derniers sondages.

La circulation des trains est "en nette amélioration", mais reste perturbée sur la plupart des lignes, a indiqué la direction de la SNCF. Trois TGV Inoui et Ouigo sur cinq devaient circuler et le trafic reste "fortement perturbé" au niveau régional, avec un TER sur deux en moyenne.

La grève se poursuit dans plusieurs raffineries notamment celle d'Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer et de PétroIneos de Lavera(Bouches-du-Rhône). Une incertitude pèse sur la poursuite du mouvement dans celle de TotalEnergies en Normandie, la plus importante de France, et celle de Feyzin (Rhône).

En attendant, des monticules de poubelles s'entassaient dans plusieurs villes de France. A Rennes, des manifestants ont bloqué trois sites de collecte de déchets gérés par Suez.

Certains axes routiers ont été temporairement bloqués, notamment à Rouen où la police est intervenue pour rétablir la circulation.

Une nouvelle journée de mobilisation est prévue mercredi.

A.Parker--TNT