Retraites: les opposants à la réforme dans la rue pour la 7e fois samedi avant une semaine cruciale
Les syndicats appellent à manifester pour la septième fois samedi contre la réforme des retraites, comptant sur une nouvelle démonstration de force à l'orée d'une semaine cruciale, où le gouvernement espère voir la réforme définitivement adoptée après un parcours parlementaire chaotique.
"Je suis toujours très déterminée car on a l'expérience des lois passées qui ont ensuite été abrogées", assure Elodie Boussarie, une professeure de Marseille syndiquée chez SUD, rencontrée vendredi lors d'une action de blocage d'un péage urbain.
"On ne lâche rien et on continuera la lutte jusqu'à l'abandon pur et simple du projet de réforme", renchérit au même endroit Virginie Akliouat, de la FSU.
Pour contrer l'"opposition méthodique" de la gauche, le ministre du Travail Olivier Dussopt a dégainé vendredi, avec l'assentiment de la majorité de droite, l'arme constitutionnelle du vote unique devant le Sénat qui va devoir se prononcer en une seule fois sur l'ensemble du projet de loi.
L'échéance est prévue dimanche à minuit. Une commission mixte paritaire doit se réunir mercredi avant un vote définitif dans la foulée dans les deux chambres.
Mais il semble incertain que le gouvernement parvienne à trouver une majorité de députés pour approuver le texte, et il pourrait recourir une nouvelle fois à l'article 49.3 (adoption sans vote), ce qui le placerait dans une situation politique périlleuse.
"Le recours au 49.3 pour un projet de loi qui n'aura pas été discuté serait une forme de blocage démocratique inacceptable", a prévenu Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, mardi lors de la précédente journée d'action.
"Quand des millions de personnes sont dans la rue (…), quand il y a des grèves et qu'en face il n'y a rien, silence, les gens se disent +qu'est-ce qu'il faut faire de plus pour être entendu+", a déploré vendredi matin le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
- "Attiser la colère" -
L'intersyndicale a en effet interpellé sans succès Emmanuel Macron. En réponse à la demande écrite des syndicats de les recevoir "en urgence", il ne leur a pas proposé de rendez-vous vendredi, expliquant vouloir "préserver le temps parlementaire", tout en assurant être "à (leur) écoute".
"On pense qu'il y aura du monde encore très largement dans la rue parce que la fin de non-recevoir de Macron au courrier de l'intersyndicale, le fait d'accélérer la procédure de vote au Sénat, ça donne quand même le signe d'une espèce de fuite en avant de ce gouvernement. On pense que ça va plutôt attiser la colère qu'autre chose", a commenté auprès de l'AFP Murielle Guilbert, codéléguée générale de Solidaires.
De source policière, la participation samedi pourrait atteindre 800.000 à un million de personnes dans les 230 manifestations prévues en France, dont 70.000 à 100.0000 à Paris, où la manifestation s'élancera à 14H00 de la place de la République vers celle de la Nation.
Mardi, les syndicats avaient une nouvelle fois fait la preuve de l'opposition très forte au projet de réforme, avec un record de manifestants (1,28 million de personnes selon le ministère de l'Intérieur, plus de trois millions selon l'intersyndicale).
Des grèves reconductibles ont été enclenchées ou intensifiées dans plusieurs secteurs, notamment les trains et le secteur aérien, ainsi que les centrales de production d'électricité, l'infrastructure gazière ou le ramassage des poubelles. Le trafic est annoncé quasi normal à la RATP samedi sauf sur les RER A et B.
Certains avertissent qu'un nouveau durcissement est toujours possible.
"Il y a des voix qui s'élèvent depuis plusieurs jours pour dire (...) +puisque le gouvernement reste sourd, il faut faire plus dur+", a averti vendredi Fabrice Coudour, secrétaire général de la CGT Energie.
Selon un sondage Odoxa-BackboneConsulting pour le Figaro publié vendredi, "7 Français sur 10 soutiennent les mobilisations et grèves reconductibles à venir" et "60% se disent même prêts à un blocage du pays".
Samedi marquera la deuxième journée de mobilisation pendant le week-end, afin de permettre aux salariés d'y participer sans avoir à poser un jour de grève. Le 11 février, 963.000 personnes étaient descendues dans la rue selon le ministère de l'Intérieur, et plus de 2,5 millions selon la CGT.
B.Cooper--TNT