Pilotage industriel, Chine: Biden et von der Leyen en quête de convergence
Unis sur l'Ukraine, beaucoup moins sur le pilotage de la transition énergétique et sur l'attitude à adopter face à la Chine, Joe Biden et Ursula von der Leyen vont chercher, vendredi à Washington, les moyens de converger.
Tous deux devraient en particulier se promettre une meilleure communication en matière de subventions publiques, et lancer un dialogue sur les achats de métaux nécessaires aux batteries de véhicules électriques.
"Les questions économiques transatlantiques seront au centre" de la discussion, lorsque le président américain recevra la présidente de la Commission européenne, mais il ne faut pas s'attendre à des annonces concrètes spectaculaires, a fait savoir un haut responsable de la Maison Blanche.
Il s'exprimait lors d'un entretien avec des journalistes, et n'a pas souhaité être identifié.
Les Européens cherchent encore la parade face au "Inflation Reduction Act", le gigantesque programme de subventions par lequel Joe Biden entend encourager la transition énergétique aux Etats-Unis en soutenant sans complexe le "Made in America".
La Commission européenne propose, en réponse, d'assouplir les règles en matière d'aides d'État pour soutenir la transition verte des industriels européens, que ce déversement d'argent public de l'Amérique inquiète.
Dans le Bureau ovale, Ursula von der Leyen et Joe Biden vont donc, selon la source déjà citée, engager un "dialogue sur la transparence des subventions publiques", pour s'assurer que chaque partie "communique" à l'autre ses intentions.
Le but étant, selon le haut responsable, d'éviter que "nos subventions et leurs subventions divergent et rivalisent au point de créer un jeu à somme nulle."
- Métaux -
Le président américain et son invitée devraient aussi, toujours selon la Maison Blanche, ouvrir "des négociations en vue de trouver un accord sur les métaux stratégiques" de la transition énergétique, surtout ceux utilisés pour les batteries des voitures électriques.
Le but étant, là aussi, d'éviter que la course aux véhicules propres de part et l'autre de l'Atlantique ne dégénère, les Etats-Unis et l'Europe étant, de facto, en concurrence pour se procurer ces précieux métaux.
L'Ukraine sera évidemment également au menu des discussions, après des frappes russes massives jeudi, ainsi que la Chine.
"L'Union européenne a eu une participation très active dans la réponse au conflit" et dans la riposte à la Russie, a loué une haute responsable de l'exécutif américain.
A l'heure où les Etats-Unis accusent ouvertement Pékin d'envisager une aide militaire à la Russie, Washington voudrait convaincre l'Union européenne d'adopter une position plus ferme face à la Chine, en dépit des liens commerciaux très forts qu'entretient le géant asiatique avec, notamment, l'Allemagne.
"Nous avons vu une convergence de vue significative (...) concernant notre position face à la Chine", a toutefois assuré le haut responsable américain.
"Quand on traite de relations bilatérales entre l’UE et les Etats-Unis, tout est désormais en triangle avec la Chine", analyse pour l'AFP Elvire Fabry, de l'Institut Jacques Delors, un centre de réflexion basé à Paris. "La Commission a clairement fait entendre que les Européens avaient une vision spécifique de la façon dont ils veulent maintenir des relations avec la Chine", souligne-t-elle.
"L'administration Biden a un peu réajusté la tonalité de son dialogue avec les Européens sur ce thème. Elle s'efforce de passer d'une logique de pression pour plus d’alignement sur la position américaine à une logique de concertation" avec Bruxelles, ajoute l'experte.
T.Ward--TNT