Foot: Ratcliffe, un supporter de la première heure à l'assaut de Manchester United
Amateur de sensations fortes, touche-à-tout autodidacte mais prudent à l'extrême, le richissime homme d'affaires britannique Jim Ratcliffe s'est lancé à l'assaut de Manchester United, son club de toujours dont il veut prendre le contrôle via son groupe Ineos.
"Je n'aime pas prendre des risque inconsidérés", a expliqué dimanche au Times le milliardaire de 70 ans, le jour même où sa société déposait officiellement son offre pour prendre le contrôle des "Red Devils", que convoitent également le président de la Qatar Islamic Bank (QIB), le cheikh Jassim ben Hamad al-Thani, et potentiellement des investisseurs saoudiens et américains.
Une façon détournée de montrer à tous que le rachat de MU, qui pourrait frôler les cinq milliards d'euros, s'apparente selon lui à un investissement raisonné voire raisonnable.
"Par exemple, je ne sauterai jamais d'un avion, car votre vie repose alors sur la façon dont quelqu'un d'autre a plié le parachute", a poursuivi dans cet entretien le natif de Failsworth, dans la banlieue de Manchester, pour illustrer son propos. "Je suis assez prudent, mais on ne vit qu'une fois et si vous en voulez plus dans la vie, il faut savoir vous imposer des défis personnels."
Avec des expéditions à ski aux deux pôles avec ses enfants, d'autres à la voile dans l'océan Arctique ou encore l'ascension du Cervin, dans les Alpes, ce capitaine d'industrie au profil d'aventurier a joint le geste à la parole.
Ratcliffe, dont la fortune est estimée à 12,5 milliards de livres (14,1 mds EUR) par le magazine Forbes, s'est lancé en 1998 avec "deux copains du lycée" dans la création d'Ineos, devenu depuis un géant de la pétrochimie dont il a su redresser la barre après la crise financière de 2008.
- Critiques des Glazer -
Dans le sport, l'homme d'affaires n'est pas non plus un inconnu puisqu'il possède depuis 2010 l'une des meilleures équipes cyclistes du peloton, l'ancienne formation Sky devenue Ineos Grenadiers, ainsi que deux clubs de football: Nice en Ligue 1, qu'il aurait racheté 110 millions d'euros en 2019, et le FC Lausanne en Suisse.
Ineos est également présent en Formule 1, en partenariat avec l'écurie Mercedes de Lewis Hamilton, et dans la voile, sur la Coupe de l'America.
Mais c'est Old Trafford, le célèbre stade de Manchester United, qui fait battre son coeur depuis toujours. Il ne l'a jamais caché, pas plus qu'il ne s'est jamais privé de dire ce qu'il pensait de la gestion des propriétaires actuels, la famille Glazer, des investisseurs américains qui ont repris le club en 2005.
"Manchester United a dépensé des sommes folles depuis le départ de Sir Alex Ferguson (en 2013, NDLR) et il a été mauvais, pour le dire gentiment. Méchamment mauvais pour être franc", critiquait-il ainsi dès 2019 dans The Times.
"Ils se sont trompés d'entraîneurs, ils ont acheté à tort et à travers. Ils ont jeté l'argent par les fenêtres, sur des joueurs comme Fred par exemple", poursuivait-il en ciblant le Brésilien acheté pour quelque 50 millions d'euros au Shakhtar Donetsk en 2018.
"En tant qu'entreprise, Manchester United est dans une situation délicate. Ineos ne jettera jamais l'argent par les fenêtres", assurait encore Ratcliffe, fils d'un menuisier et d'une comptable.
"Nous souhaitons que Manchester United s'ancre dans son glorieux passé et dans ses racines du nord-ouest de l'Angleterre. Nous voulons ramener Manchester United à Manchester", a expliqué Ineos dans le communiqué officialisant son offre de rachat, dont le montant n'a pas été précisé.
- Britannique convaincu, résident monégasque -
Ratcliffe, farouche partisan du Brexit, s'expose toutefois aux critiques de ceux qui ne manquent pas de rappeler sa domiciliation à Monaco, même s'il conserve de nombreuses propriétés en Angleterre. Parmi lesquels son pub préféré, le Grenadier, dans le très chic quartier londonien de Belgravia.
"Je ne suis pas parti avant d'avoir atteint l'âge de la retraite", s'est-il déjà justifié. "Au soleil, je peux espérer vivre un peu plus longtemps."
Le froid mordant ne l'a pourtant pas toujours dérangé, notamment celui qui qu'il a affronté lors de ses expéditions polaires en 2011 et qu'il range parmi "les plus dures expériences de (s)a vie".
"Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Il ne peut pas y avoir que des hauts et vous les appréciez d'autant mieux que vous avez affronté quelques bas auparavant", concluait-il.
S.M.Riley--TNT