Foot: la mission d'audit est terminée, stop ou encore pour Le Graët?
Les auditeurs chargés d'enquêter sur les dysfonctionnements à la Fédération française de football (FFF) rendent mercredi leur rapport définitif aux principaux intéressés, Noël Le Graët en tête, patron du football français sur un siège éjectable.
La mission d'inspection diligentée par le ministère des Sports livre son verdict après d'ultimes auditions et un délai de deux semaines accordé à Le Graët, la directrice générale Florence Hardouin (mise à pied) et le comité exécutif de la FFF pour répondre aux accusations.
Les parties mises en cause pouvaient réclamer un report d'une semaine pour soigner leur défense mais le ministère des Sports a indiqué à l'AFP que le rapport serait transmis comme prévu mercredi.
Cette journée devrait donc marquer l'épilogue de la mission d'audit. Viendra ensuite le temps des conclusions à tirer pour le "Comex", gouvernement du football français composé de quatorze personnes, dont Le Graët.
La balle est désormais dans le camp du président, mis en retrait depuis le 11 janvier et poussé à la démission par certains proches. Un départ ou un retour aux affaires? Le dirigeant de 81 ans devrait faire connaître sa position rapidement lors d'un Comex extraordinaire, peut-être vendredi.
"La situation est intenable, la solution la plus honorable serait qu'il démissionne", explique un élu de l'instance, sous couvert d'anonymat. A la FFF, d'autres voix décrivent un "Prez" (son surnom au siège boulevard de Grenelle) sonné par les événements, s'estimant innocent et peu enclin à lâcher la barre.
- "Climat ambiant délétère" -
Le patron du football français, en poste depuis 2011, se trouve pourtant dans la tempête depuis plusieurs semaines, fragilisé par ses déclarations maladroites sur l'icône Zinédine Zidane et par des témoignages de femmes évoquant son comportement inapproprié.
Depuis mi-janvier, il est d'ailleurs visé par une enquête pour harcèlement moral et sexuel, ouverte à la suite d'un signalement fait par les inspecteurs. Ces derniers ont indiqué qu'ils transmettraient des éléments d'information supplémentaires à la justice.
Le pré-rapport de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), que l'AFP a pu consulter, s'est révélé accablant: Le Graët n'a "plus la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français" compte tenu de "son comportement envers les femmes, ses déclarations publiques et les défaillances de la gouvernance" à la FFF.
Ses avocats, Mes Florence Bourg et Thierry Marembert, ont dénoncé un document "aux allures de réquisitoire" contre le Breton qui ressent un "profond sentiment d'injustice" face à cette mission d'audit, soumise selon eux "à une pression politique et médiatique".
"Nous regrettons par ailleurs la violation de la confidentialité de ce rapport et le climat ambiant délétère qui fait fi du respect de la présomption d'innocence", ont-ils pointé auprès de l'AFP.
- Levier disciplinaire -
La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, n'a pas ménagé ses critiques à l'endroit de "NLG". Après les premiers éléments du rapport, elle a cependant volontairement arrêté de répondre aux questions sur la FFF et son président. Elle devrait s'exprimer sur le sujet mercredi en fin d'après-midi.
Cette épineuse question pourrait figurer au menu de la rencontre entre Emmanuel Macron et le patron de la Fédération internationale de football (Fifa) Gianni Infantino, mercredi après-midi à Paris. Si l'affaire devait être évoquée, le président de la République "rappellera qu'il est très attentif à l'indépendance du mouvement sportif, et qu'il n'entend pas interférer", assure son entourage.
Le prochain Comex de la Fédération s'annonce dans tous les cas animé, avec le retour de Le Graët lui-même, une première depuis un mois. Sa mise en retrait était prévue pour durer jusqu'au Comex suivant la remise du rapport.
Le Breton peut décider de rendre son tablier, sous la pression de ses anciens collistiers, ou de s'accrocher à son poste, ce qui placerait alors sa garde rapprochée dans l'embarras. Pour le faire partir, les membres du Comex n'auraient pas d'autre choix que de démissionner eux-mêmes pour provoquer des élections, une hypothèse radicale que certains n'excluent plus.
Le Comex peut par ailleurs engager une procédure disciplinaire à l'encontre de Le Graët.
Ce levier, mis en exergue par la mission d'audit, peut déboucher sur la "radiation" d'un licencié ou d'un dirigeant se rendant coupable d'un "comportement contraire à la morale, à l'éthique ou portant atteinte à l'honneur, à l'image ou à la considération de la FFF (...) ou, plus généralement, du football français", selon les règlements fédéraux.
M.Davis--TNT