Credit Suisse déçoit encore et chute lourdement en Bourse
La banque Credit Suisse, qui tente de se relever d'une série de coûteux scandales, a échoué à rassurer jeudi et le titre chutait lourdement en Bourse, après que la deuxième banque du pays a averti qu'elle finirait encore nettement dans le rouge cette année.
Trente minutes avant la clôture, l'action reculait de 14,85% à seulement 2,769 francs suisses.
En 2022, la banque a essuyé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 mds d'euros), après une perte de près de 1,7 milliard en 2021, a-t-elle indiqué jeudi dans un communiqué.
Et pour 2023, la banque s'attend encore à une perte avant impôts "substantielle" compte tenu des frais de restructuration, qui devraient se chiffrer à quelque 1,6 milliard de francs suisses en 2023 et 1 milliard en 2024, détaille-t-elle.
La banque, qui a lancé en octobre une vaste restructuration, a franchi une étape dans ses projets pour sa banque d'investissement, en rachetant pour 175 millions de dollars la société de Michael Klein, un banquier star des fusions et acquisitions. Un achat qui a fait sourciller certains actionnaires.
- Trimestre faible, année terrible -
"Un quatrième trimestre faible conclut une année 2022 terrible", a réagi Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier, soulignant qu'il s'agissait "clairement d'une des pires années dans les 167 ans d'histoire de Credit Suisse".
"La transformation vers un +nouveau Credit Suisse+ va prendre du temps", estime l'analyste.
La banque va diminuer de moitié le dividende versé à ses actionnaires pour 2022, à 0,05 franc suisse par action, et supprimer les bonus de l'équipe de direction.
"Lorsqu'on produit une telle perte, on ne peut pas s'attendre à un bonus du tout", a déclaré Ulrich Körner, le nouveau directeur général, lors d'une conférence de presse.
Aux commandes depuis août, M. Körner a dévoilé en octobre un plan de redressement qui vise à recentrer la banque sur ses activités les plus stables, dont la gestion de fortune, et à séparer la banque d'affaires, appelée à devenir une entité autonome sous le nom de CS First Boston.
Inquiétés par des rumeurs, les clients ont voté avec leurs pieds: au quatrième trimestre, les retraits de capitaux se sont montés à 110,5 milliards de francs suisses.
Une tendance qui s'est inversée en janvier, a affirmé le directeur financier, Dixit Joshi.
- Etape dans la banque d'affaires -
Au dernier trimestre 2022, la perte du groupe s'est chiffrée à près de 1,4 milliard de francs, s'avérant néanmoins un peu moins lourde que redoutée. Les analystes interrogés par l'agence suisse AWP l'attendaient en moyenne à 1,44 milliard de francs.
Sur les trois derniers mois de l'an passé, les revenus de la banque d'investissement ont fondu face au ralentissement des opérations de fusions et acquisitions et des introductions en Bourse. Cette division a enregistré une perte ajustée avant impôts de 1,3 milliard de dollars.
Credit Suisse a toutefois avancé dans ses projets avec l'acquisition de M. Klein & Company, la société de Michael Klein, un ancien banquier d'affaires de Citigroup. En octobre, il avait quitté le conseil d'administration de Credit Suisse pour participer à la mise en place de CS First Boston, dont il doit prendre la direction.
La fondation Ethos, qui représente des caisses de pension en Suisse, s'est cependant "étonnée" du montant de la transaction, "qui semble très élevé", a-t-elle indiqué dans un courriel à l'AFP.
"Le fait que M. Klein soit présent des deux côtés de cette opération soulève d'importantes questions en matière de gouvernance", ajoute Ethos.
Credit Suisse avait été sécoué coup sur coup en mars 2021 par la faillite de la société financière britannique Greensill, dans laquelle 10 milliards de dollars avaient été engagés, puis par l'implosion du fonds américain Archegos, qui lui a coûté 5 milliards de dollars.
S.Arnold--TNT