Retraites: les régimes spéciaux au menu de l'Assemblée entre deux mobilisations
Le bras de fer sur la réforme des retraites reprend de plus belle mercredi à l'Assemblée nationale au lendemain d'une mobilisation moins suivie, mais qui reste déterminée à s'inscrire dans la durée.
L'intersyndicale se projette sur la prochaine journée d'action, appelant "à manifester encore plus massivement samedi" prochain. "Le gouvernement doit retirer son projet sans attendre la fin du processus parlementaire", a-t-elle intimé.
Les députés vont continuer à se pencher, mercredi, sur la fin progressive des principaux régimes spéciaux (RATP, industries électriques et gazières, Banque de France...). Seuls ceux des marins-pêcheurs, de l’Opéra de Paris, et de la Comédie-Française sont épargnés dans le projet de loi du gouvernement.
Mais comment vont se comporter majorité et opposition dans l'hémicycle alors que la troisième journée de mobilisation a été moins suivie que les deux précédentes?
"Il y a une mobilisation sociale qu'on regarde, qu'on écoute et qui est évidemment importante dans ce moment où au Parlement aussi s'exprime une autre légitimité", a relevé mercredi le ministre délégué aux Relations avec le Parlement Franck Riester sur franceinfo, reconnaissant "une réforme difficile" qui "demande des efforts aux Français".
Mardi, 757.000 personnes ont manifesté en France selon le ministère de l'Intérieur, près de deux millions selon la CGT et l'intersyndicale. Moins que les deux premières journées d'action des 19 et 31 janvier.
SNCF, RATP, EDF, enseignants: les grévistes ont aussi été moins nombreux à se mobiliser.
"Le bilan de la semaine, on le fera samedi soir", a temporisé Simon Duteil (Solidaires). "Le débat parlementaire, c'est jusqu'à fin mars (...) On ne va pas cramer toutes nos cartouches maintenant", a renchéri le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
- "Grève reconductible" ? -
Alors que l'exécutif reste intransigeant sur le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans, le mouvement social pourrait se durcir.
Quelques tensions ont émaillé mardi la manifestation parisienne, avec plusieurs vitrines brisées ou endommagées et des projectiles lancés sur les forces de l'ordre. La préfecture de police a fait part de 17 interpellations à 18H00.
Le leader de la CGT Philippe Martinez a appelé à des grèves "plus dures, plus massives, plus nombreuses", "si le gouvernement persiste à ne pas écouter". "Il faudra d'autres manifs mais pour nous, c'est clair, la suite ce sera la grève reconductible, autour du 8 mars", a abondé Simon Duteil.
En attendant, de nouvelles perturbations sont à prévoir mercredi sur les réseaux TGV, TER, Transilien et Intercités, deux syndicats cheminots – la CGT-Cheminots et SUD-Rail – ayant encore appelé à cesser le travail. Les grévistes de TotalEnergies ont également reconduit la grève.
Soucieuses de ne pas rendre leur action impopulaire, les fédérations de cheminots n'ont en revanche pas appelé à la grève samedi, premier jour de vacances pour la zone B et mi-temps de celles de la zone A.
De son côté, l'exécutif tente toujours d'arracher un compromis avec la droite, dont les voix sont cruciales pour éviter de recourir à l'article 49.3 de la Constitution (adoption d'un texte sans vote).
Après les concessions accordées sur les petites pensions, puis les carrières longues, le ministre du Travail Olivier Dussopt a évoqué un "bilan d'étape" au Parlement avant la présidentielle de 2027. Il s'est dit "toujours optimiste" sur le fait de "construire une majorité".
"La réforme est nécessaire pour préserver le modèle social", a insisté le président du Sénat Gérard Larcher mercredi sur France Inter, soucieux d'encourager les députés LR encore récalcitrants à la voter.
L'exécutif reste intransigeant sur les 64 ans. "C'est une "réforme indispensable", a réaffirmé M. Riester mercredi.
"Nous souhaitons le retrait de cette réforme", a réagi de son côté sur France 2 Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée mercredi. Les Français "sont confrontés à des difficultés majeures que le gouvernement semble nier puisqu'ils passent leur vie à aller sur les plateaux dire que tout va bien, que l'économie est florissante".
"On ne peut pas gouverner très longtemps contre son propre pays", a averti mardi Olivier Faure (PS) alors que la popularité d'Emmanuel Macron et d'Elisabeth Borne accuse une nouvelle baisse dans les sondages.
Quant au leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, il a appelé le président de la République à devenir "raisonnable".
Le gouvernement a fixé une date butoir au 17 février pour l'examen du texte au Palais Bourbon, avant sa transmission au Sénat.
W.Baxter--TNT